Les Mystères de Jérusalem

pas Jérusalem, je le sais. C'est très particulier, ici. Vous ne pourrez rien faire sans contacts...
    - Très bien, soupira Tom comme s'il était devant une enfant têtue. Vous allez m'aider. Savez-vous o˘ je pourrais louer un 4x4?
    Tom s'attendait à ce qu'elle s'assombrisse un peu plus et peutêtre même se f‚che. Elle éclata de rire.
    Vous comptez traverser le Néguev?
    - Non. Seulement le djebel al-Mintar.
    - O˘ est-ce? Dans le SinaÔ?
    Il sourit, assez content de lui.
    - Vous voyez, vous croyez tout savoir surjérusaleni... C'est à moins de vingt kilomètres d'ici.
    Cette fois, elle se montra enfin atteinte. Sajolie bouche s'ourla d'une moue. Elle lui tourna le dos.
    - jamais entendu parler... Mais si vous le dites! Je vais vous donner des adresses pour le 4 X 4.
    113
    J'arrivai à mon tour à l'aéroport de Be*-Gô ri, par le vol d'Air France, au milieu de l'après-midi. Comme chaque fois, j'étais désorienté dès queje posais le pied sur le sol d'IsraÎl. Pourtant, je connaissais bien ce pays!
    N'était-ce pas, en quelque sorte, ma " maison familiale ", mienne depuis toujours? Cependantje ne me retrouvais guère dans ses habitants.
    Appartenions-nous vraiment à la même famille? Comme à chacun de mes séjours, aussitôt franchis les contrôles de douane et de police, je recorrimençais à me demander par quelle alchimie on parvenait ici à
    transformer le juif en Israélien.
    Le taxi m'emporta jusqu'à Jérusalem sans, bien s˚r, que je puisse trouver la moindre réponse à cette lancinante question. Il était un peu plus de seize heures lorsque la voiture s'immobilisa devant l'hôtel. Le King David n'avait pas changé. je lui suis attaché comme on peut l'être à un mythe ou à une habitude.
    Mais le nouveau personnel constitué, désormais, d'une jeunesse constamment renouvelée, il ne restait plus guère que le caissier à être capable de se souvenir de mon visage et à me saluer par mon nom. Le groom, en veste bleue brodée de petits galons d'or, vint prendre mes valises. ¿ son froncement de sourcils lorsqu'il les souleva, je vis qu'il apprenait le poids des livres par les muscles des bras bien avant ceux des yeux.
    je vérifiai que Hopkins était arrivé.
    - Il a pris sa chambre ce matin... je vois qu'il est déjà ressorti, monsieur, précisa le concierge. Il vous a demandé mais n'a pas laissé de message...
    Tom Hopkins, sa rapidité et son obsession de sécurité! Depuis que j'avais accepté d'entrer dans son projet, ou dans son aventure, comine on voudra, j'avais, à vrai dire, un peu la sensation de participer à un jeu. Sans déplaisir, sinon celui d'une certaine précipitation, et tout en n'étant guère assuré de mon rôle ni du bénéfice qu'une victoire ou un échec pourraient m'apporter,
    Au moins cette histoire m'avait-elle poussé à revenir àjérusalem! L'émotion et l'excitation me saisirent à la gorge lorsque j'ouvris la porte-fenêtre de ma chambre. Avant même de défaire mes lourdes valises, je m'installai pour quelques instants sur la terrasse et profitai du spectacle unique et précieux qu'elle offrait.
    114
    IV"
    J'avais convaincu Tom de choisir le King David comme " base stratégique " -
    pour employer son vocabulaire -, et en particulier le premier étage de l'hôtel, car je savais les arguments pragmatiques aptes à séduire ce garçon assoiffé d'action. En vérité, la raison en tenait surtout au plaisir de ce qui s'offrait maintenant à mes yeux.
    Parmi les toits plats, les pointes, les minarets et les dômes, au-delà de la Citadelle, le Saint-Sépulcre était visible pour un oeil avisé. Ainsi que les sept bulbes dorés de l'église russe, ou la flèche trapue de l'église Sainte-Anne, celle des Francs... Plus loin encore,.tel un plan sans perspective dessiné par un peintre du Moyen Age, le mont Sion se découpait sous le bleu intact du ciel, avec l'église haute, dressée sur l'emplacement même du Cénacle, o˘ jésus avait célébré la P‚que. Plus près, juste au pied de l'hôtel, entre la luxueuse piscine et les murailles de la Vieille Ville, s'étendait en pente douce ce qui avait été la géhenne antique. La " vallée de la tuerie ", comme la nommait le prophète Jérémie après que le roi de Babylone, Nabuchodonosor, y eut massacré des milliers de Judéens. Ce fut là, aussi, que les Cananéens adorateurs de Moloch sacrifiaient autrefois les enfants. Ponctuée çà et là de cyprès, la terre claire et argileuse était couverte d'une herbe rase