Les Mystères de Jérusalem

le seul : d'autres que vous, que moi, l'espèrent aussi! La seule difficulté, c'est Rab HaÔm lui-même : " Demain., demain... " Il faut être un ange de patience avec notre vieux bouquiniste. En outre, nul ne sait ce que contient réellement sa boutique. Pas même lui, sans doute. Il faudrait des années pour en dresser l'inventaire. je ne crois pas une seconde qu'on veuille lui acheter le contenu de sa caverne d'Ali Baba pour le détruire.
    - Pour quoi faire, alors ? demandai-je, de plus en plus intrigué par la tournure de la conversation.
    - Avez-vous entendu parler des manuscrits de la mer Morte ?

    Un frémissement me parcourut les avant-bras. je commençais à douter que ma rencontre avec cet étrange professeur Calimani f˚t fortuite. Le plus calmement que je pus, je répondis
    - Oui, comme tout le monde.
    Calimani ôta son chapeau, passa ses doigts bagués sur son front et remit son chapeau.
    - Savez-vous que certains de ces textes n'ont toujours pas été étudiés et que d'autres sont encore détenus par des chercheurs qui, pour d'obscures raisons, dont certaines politiques, ne veulent pas les rendre publics?
    Non, je ne savais pas. Pourquoi?
    - Parce que, en les situant dans le temps, un siècle plus tôt ou un siècle plus tard, ces écrits-là, à l'aube de l'an 2000, peuvent 133
    de la vie de
    apporter de nouvelles données sur l'époqUe_`,U;*t_*-' jésus. Des précisions suffisamment fortes pour mettre radicalement en question les origines du christianisme...
    - J'ai du mal à vous croire! Vous voulez dire que Jésus n'aurait pas vécu au début de l'ère chrétienne? C'est de la fiction!
    - Beaucoup moins que vous ne le cro z! Avez-vous entendu 1 ye parler du père Roland de Vaux,. de l'Ecole biblique et archéologique
    &Jérusalem, mort en 1971 ? Ou du professeur Norman Golb, de l'université de Chicago? Ou encore de l'Anglaisjohn, Allegro ?
    - Non, avouai-je avec un demi-sourire. je pourrais même vous soupçonner de m'inventer là des personnages de roman!
    Giuseppe Calimani se détendit et rit de satisfaction.
    - Ce qui prouve que le roman est partout! Si le coeur vous en dit, vous pouvez vérifier tout cela dans les ouvrages de ces chercheurs! C'est plus que passionnant... Cependant, les preuves déterminantes de ce qu'ils avancent sont encore enfouies dans le sol de Jérusalem...
    Satisfait de sa supériorité d'érudit et du brin de mystère qu'il y ajoutait, magnanime toutefois, il nous commanda un autre café. je commençais à me demander quelle comédie il jouait. Soudain, Ca‚mani se mit de lui-même à parler du rouleau de cuivre et du trésor. je me gardai bien de l'interrompre. je sais depuis longtemps que les coÔncidences sont plus infinies qu'on ne veut l'admettre. Mais Calimani ne me semblait décidément pas avoir la tête d'une " coÔncidence ". Trop intelligent, trop rusé...
    - Nombre de gens sont morts pour avoir voulu retrouver ce trésor! finit-il par soupirer.
    - Et o˘ se trouve aujourd'hui ce rouleau? demandai-je, comme si je l'ignorais.
    - ¿ Animan, à soixante-quinze kilomètres d'ici...
    - Passionnant! Mais quel rapport tout cela peut-il avoir avec Rab HaÔm et les personnes qui veulent acheter sa boutique et son fonds ?
    Giuseppe Calimani se pencha vers moi par-dessus la table et martela ses mots de l'index sur le Formica.
    - Le rouleau date de l'époque de la destruction du Temple, en 70. Au ì
    siècle de notre ère, donc. Certains soutiennent qu'il 134
    évoque le trésor du Temple, que les gardiens du sanctuaire auront voulu protéger des pillages romains. Mais, sur le rouleau, la description des caches n'est pas claire, Pour avoir étudié de près le document, des savants pensent qu'il est codé. De toute évidence, Rab HaÔm possède des manuscrits qui datent de cette période historique, alors qui sait si quelqu'un ne veut pas acheter d'un coup la boutique et son contenu pour s'en assurer?
    - Vous pensez qu'à la lumière de ces manuscrits il serait encore possible de découvrir certaines des caches? demandai-je, me reculant d'instinct.
    - Certaines, sans doute..
    Sans doute, à condition que l'on parvienne à obtenir les manuscrits...
    Nous nous regard‚mes cette fois droit dans les yeux. Les siens étaient d'un brun chaleureux et profond. je songeai qu'en Italie même les yeux des mafieux pouvaient être d'un brun chaleureux et profond. Comme pour confirmer ma pensée, il murmura *
    - Rien que parmi les savants, on tuerait père et mère pour mettre la