Les Mystères de Jérusalem
main sur de tels manuscrits! Et, comme je viens de vous le dire, pas seulement pour l'or du trésor. Pour le savoir. Pour ce savoir qui peut toujours devenir un incomparable pouvoir!
je ne dis mot. Si c'était une menace, il n'y avait rien à ajouter.
- Rab HaÔm en sait certainement plus qu'il n'en laisse paraître. Il n'ignore pas qu'il risque beaucoup
faire acheter sa boutique.
- E faudrait avoir bien peu de conscience pour s'attaquer à un vieiJ homme de son ‚ge, protestai-je, choqué.
- Pour certains, la fin autorise tous les moyens, je ne vais pas vous l'apprendre.
Cette fois, mon malaise devait être perceptible. Calimani papillonna des doigts et s'appuya au dossier de sa chaise, à nouveau souriant et badin.
- je suis désolé. Il semble que cette histoire vous alarme vraiment...
¿ nous deux, peut-être pourrons-nous convaincre Rab HaÔm d'éviter un mauvais coup.
…tait-ce une proposition? Et que voulait-il dire par " convaincre " le vieux bouquiniste? je n'eus pas à répondre. M'observant de son regard rusé, Calimani poursuivit :
plus que de se
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- Est-ce vraiment pour l'écriture dîÔîîi rôm‚ri que vous'IMW
recherchez ces manuscrits des premiers siècles chrétiens? Ou vous aussi...
- Non, non, le coupai-je aussi naturellement que je le pus. Je ne suis qu'un raconteur d'histoires, je ne les vis pas... Ou je les ai déjà vécues.
Mais ce fut intéressant de vous écouter, professeur...
je me levai et lui tendis la main.
- Il me faut rentrer à mon hôtel. On m'y attend. Cependant je ne doute pas que nous nous rencontrerons à nouveau...
- Ce sera un grand plaisir, fit-il en soulevant son chapeau.
- Au sujet de Rab HaÔm, j'espère que vous vous trompez.
- je l'espère, moi aussi, approuva-t-il avec une sincérité désarmante. Mais je me trompe si rarement.
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Une femme inattendue
Tom sortit de Jérusalem sans autre difficulté que la circulation de kamikaze des routes israéliennes. Les bus de touristes cohabitaient avec les charrettes tirées par des mules et les voitures hors d'‚ge, sans compter les fous du volant cherchant à grappiller vingt secondes par dizaine de kilomètres parcourus. Il préféra quitter la route de Jéricho juste avant un tronçon d'autoroute. Faisant confiance à sa carte, il bifurqua à droite, en direction d'un village annoncé comme al-Ayzariyah.
Après cinq kilomètres de chaussée à moitié défoncée, le minaret de la mosquée apparut au-dessus des petites maisons grises aux toits en terrasse, ponctuées çà et là d'une jolie coupole fendillée. Il traversa le bourg au ralenti, tandis que les yeux des gosses les scrutaient, lui et sa belle voiture aux plaques israéliennes. Histoire de contredire la mise en garde de Marek, il salua les mômes de la main et ils lui rendirent son salut, tout sourire. La mosquée, très simple, était juste à la sortie du village.
E s'éloignait d'al-Ayzariyah lorsque résonna l'appel du muezzin pour la prière du soir.
Tout alla pour le mieux pendant une dizaine de kilomètres. La route était encore une route, goudron et nids-de-poule dans la terre gris-jaune.
Soudain, elle se mua en une piste de poussière plus blanche que la terre à
vif qui l'entourait. Une piste qui serpentait au flanc des basses collines, d'un vallon à l'autre, comme si elle ne devait s'arrêter nulle part.
Tom inimobilisa le Toyota pour consulter à nouveau la carte. Normalement, la route, même mauvaise, continuait jusqu'au
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village d'al-'Maydiyah. Là, seulement, commençait la piste d'Houreqanya.
Aucun village n'était en vue. Rien que de la terre nue et, sur la gauche, dans un petit vallon, un étroit rectangle gris-vert d'oliviers. Il avait d˚
se tromper à al-Ayzariyah. Il se rappela avoir aperçu une rue goudronnée sur la droite au moment o˘ il avait salué les enfants. Après tout, peut-
être n'était-ce pas une rue, mais la bonne route ?
En regardant plus attentivement la carte, il songea qu'il avait le choix entre revenir jusqu'au village ou suivre cette piste qui semblait se diriger dans la même direction que la route indiquée par la carte. Un peu par bravade et aussi pour le plaisir de foncer dans le désert, le 4 X 4
Toyota bien en main, il opta pour la seconde solution.
Après une demi-heure de poussière, un nombre invraisemblable de virages -
alors que rien, ni la pente ni aucun obstacle, n'en imposait l'utilité - et quatre minuscules collines franchies, aucun village n'était en
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