Les Mystères de Jérusalem

vue. Pas un champ, pas un ‚ne, pas un homme. Parfois un arbre, un vieux ficus ou un pin à demi déplumés, dont on se demandait comment ils parvenaient à survivre dans cette terre morne et sèche. De temps à autre, la piste longeait des murettes qui pouvaient avoir, des siècles plus tôt, entouré des champs.
    Pris d'une intuition subite, persuadé qu'il s'était trop engagé vers le nord-est, c'est-à-dire à sa gauche, au détour de l'un de ces murs de pierre, Tom quitta la piste. Secoué comme un shaker, il fonça vers un creux de vallon. Marek lui avait précisé qu'Houreqanya était au niveau de la mer Morte alors qu'il ne cessait de gravir des pentes! Il devait absolument descendre et se diriger droit vers l'est. Pour autant que l'est fut droit devant lui. Car, en descendant, il perdait de vue le soleil, qui s'enfonçait entre les collines dans son dos...
    Le 4 X 4, grinçant de toutes, ses portières, amortisseurs et essieux, se défendit brillamment contre les pierres et les ornières. Finalement, le sol s'assouplit, devint moins cahoteux et moins pierreux. Tom appuya sur l'accélérateur, le moteur répondit avec un r‚le de satisfaction, et le 4 X
    4 prit de la vitesse, libéré, sur l'étendue plane du vallon comme s'il.
    était seul au monde. Le sourire aux lèvres, ivre d'un inattendu sentiment de liberté, les
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    doigts effleurant le volant, Tom poussa à fond le 4x4. La polissière devint si dense qu'il dut faire marcher l'essuie-glace pour dégager le pare-brise.
    Et, ô miracle, ce fut pour voir droit devant lui un vieux Bédouin sur une Mobylette qui tirait une petite remorque chargée de pastèques!
    D'o˘ venait-il, o˘ allait-il? Lui au moins devait le savoir...
    Tom immobilisa brutalement le 4 X 4, qui tangua et souleva un nuage de poussière. L'homme coupa les gaz et arrêta mollement sa Mobylette avant de lever une main pour se protéger le nez et la bouche. Sous le keffieh, sa bouche prononça trois mots inaudibles. Tom descendit du Toyota avant même que la poussière retombe. Il s'approcha de l'homme avec un sourire, tendant la main. L'homme hésita, puis il se toucha la poitrine et offrit sa paume rugueuse avec méfiance.
    - je cherche Houreqanya, fit Tom.
    L'homme hocha la tête.
    - Houreqanya? tenta encore Tom en variant sa prononciation.
    L'honime le regardait, sans un mot, immobile sur sa Mobylette, le moteur au ralenti.
    AI-'Ubaydiyah? fit Tom. Al...-'Ubaydiyah? Vers ici ou vers là ?
    Son doigt pointa successivement vers la gauche puis vers la droite.
    L'homme esquissa peut-être un sourire. Sa main dessina un signe curieux, comme si elle écartait la poussière, puis pesa sur la poignée des gaz.
    Crachant une fumée bleue, vaguement zigm zagants, l'homme, la Mobylette et les pastèques s'éloignèrent à contresens du 4 X 4. Tom les regarda jusqu'à
    ce qu'il se rende compte qu'il était à nouveau sur une piste, moins visible que la première.

    - Et merde!
    Debout à côté du 4 X 4> il contempla la succession de collines basses vers lesquelles s'éloignait le Bédouin. Des pentes vides, désespérément recouvertes, à perte de vue, de terre poussiéreuse et de cailloux. Sur le capot du Toyota, il déploya encore une fois la carte, cherchant à se repérer selon les hachures qui indiquaient les collines. Impossible.
    ¿ l'est, ou du moins dans la
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    direction de ce qu'il supposait être Pest, -˚n-è-b*,r-'˚m--e argentée tremblait dans l'air et devait signaler la mer Morte. C'était le seul repère, excepté, à l'opposé, le petit tourbillon de poussière que soulevait encore l'homme à la Mobylette. Il s'était bel et bien perdu.
    De plus, il n'avait pas pensé à faire le plein d'essence après avoir loué
    la voiture et il ne lui restait pas de quoi s'aventurer au hasard. Si au moins le type à la Mobylette avait bien voulu...
    - Et merde!
    Il replia précipitarriment la carte, bondit derrière le volant et relança le moteur du Toyota. Avec rage, il enclencha la première et fit demi-tour, le pied enfoncé sur l'accélérateur. Le 4 X 4 dérapa dans la poussière, avouant une tendance nettement sousvireuse... quel idiot il était! Il n'avait même pas compris qu'il suffisait de suivre l'homme aux pastèques, qu'il l'y avait sans doute invité. Il allait quelque part, lui... Et il savait comment y parvenir!
    Par bonheur, la Mobylette, ralentie par la charrette, devait à peine atteindre le dix à l'heure. Le tourbillon de poussière qu'elle soulevait était