Les Mystères de Jérusalem

peau mille fois caressée, dominait des réseaux de failles et de crevasses tranchées dans la terre friable et poudreuse.
    - On a de la peine à le croire, dit Orit en suivant son regard, mais, à la saison des pluies, parfois des cascades se forment làhaut et ravinent tout!
    Par endroits on devinait les traces d'un chemin, peut-être d'anciennes ruelles. Sur la droite apparaissaient quelques monuments funéraires : le cimetière.
    - quelqu'un est passé par ici il n'y a pas longtemps! s'écria Orit.
    - Comment ça?
    - Regardez, au-delà de cette murette, il y a des traces de pneus toutes fraîches! Ce soir, le vent et la poussière du désert les auront effacées.
    Tom vit, mais sans comprendre ce qu'Orit voulait dire. Très excité, il cherchait l'est en marmonnant :
    - Sous les marches qui vont vers l'est, creuse quarante coudées...
    - Elles sont là-bas, probablement...
    Orit désigna l'angle d'un pan de mur qui surplombait une pente légère menant vers une profonde crevasse.
    Maintenant, Tom comprenait l'usage des cordes : en apparence plat et dur, le sol était partout déchiré comme un trop vieux tissu.
    Ils traversèrent le cimetière aux pierres bancales et brisées et atteignirent le point qu'avait désigné Orit. Des marches, il n'en restait plus que quatre. Mais à leur aplomb partait une profonde tranchée creusée de frais! La terre retournée était légèrement plus sombre que le sable environnant. Des traces de semelles à gros reliefs y étaient encore incrustées comme si des pieds

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    venaient à peine de s'en détacher. ¿ l'extrémité de la tranchée, une fosse un peu plus grande, d'un mètre peut-être, et vaguement maçonnée d'un côté, avait été mise au jour...
    - Eh bien, dit Tom, on sait maintenant pourquoi personne ne nous suivait!
    Il regarda Orit avec l'envie d'ajouter: " Ils étaient là à l'aube, eux! "
    Mais il se retint juste à temps.
    Giuseppe Calimani
    Le jeune médecin consultait la bande de l'électrocardiogramme qui sortait en crachotant de sa petite machine. Il hochait la tête et me souriait.
    - Tout va très bien, me dit-il. C'est à peine si l'on discerne encore l'écho de votre opération! quant à votre petite gymnastique de tout à
    l'heure, c'est fini. Plus de peur que de mal... Le ryrthme cardiaque revient à la normale, E vaudrait mieux éviter, cependant...
    Nous étions dans ma chambre, au King David. Depuis la terrasse, derrière la porte-fenêtre tirée, j'entendais la voix de Calimani, qui lançait des onomatopées au téléphone.
    Le médecin retira les ventouses de ma poitrine et examina mes cicatrices avec une grimace admirative, comme s'il appréciait là une oeuvre d'art particulièrement subtile.
    - Superbe travail! siffla-t-il avec enthousiasme.
    - On dirait, fis-je, vaguement gêné.
    Il ramassa son matériel tandis que je rajustais ma chemise et me remettais debout, les jambes encore lourdes. je jetai encore un coup d'oeil vers Calimani, toujours au téléphone.
    En aurais-je eu la force, j'aurais cherché à boxer le professeur en me réveillant dans l'arrière-boutique de Rab HaÔm, tant j'étais persuadé qu'il était à l'origine de son agression. Mais, à ma grande surprise, il avait fait preuve d'une réelle gentillesse et d'une parfaite efficacité.
    Repoussant les curieux hors de la librairie, dégainant son téléphone portable, il avait prévenu
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    police et ambulance avant de parvenir à trouver de quoi recouvrir chaudement Rab HaÔm. Le vieux libraire semblait très mal en point.
    Inconscient, il saignait du nez et était sans doute dans le coma.
    La police ne m'avait retenu que le temps nécessaire pour que je décrive l'agression du bouquiniste et fasse un rapide portrait des deux Russes ...
    J'avais passé sous silence ma filature et préféré dire que je me trouvais là par hasard. je m'étais contenté de décrire le vol, le sac rempli. de dossiers, chemises, manuscrits et vieux textes. ¿ la question : " Avez-vous une idée de ce que contiennent ces textes? " j'avais répondu : " Aucune idée. " Calimani, qui m'écoutait, avait souri en me faisant l'un de ses clins d'oeil dont il ne se départait pas, même dans une situation comme celle-ci.
    Ensuite, j'avais eu le plus grand mal à ce qu'on ne me conduise pas à

    l'hôpital, moi aussi, mais simplement à l'hôtel. Le professeur avait alors insisté pour m'accompagner et s'était chargé d'avertir un médecin dès que j'avais évoqué ma récente opération.
    Lequel