Les Mystères de Jérusalem

Lorsque je suis arrivé devant la hbrairie, j'ai vu l'attroupement, la vitrine brisée. J'ai immédiatement compris! Mais, au moment o˘ je franchissais le seuil, les deux brutes en sortaient avec le sac et m'ont envoyé les quatre fers en l'air sur des piles de livres. J'ai bien failli y perdre mon panama! J'aurais pu les suivre, mais je craignais de trouver Rab HaÔm égorgé, alors...
    Il s'interrompit avec un nouveau soupir qu'il accompagna d'un geste vif de la main. je laissai passer un silence et demandai :
    - Vous avez vu Rab HaÔrn tôt ce matin, dites-vous... Si vous me parliez un peu de vous, professeur? je crois qu'il me manque beaucoup de pièces pour rassembler le puzzle que vous formez dans mon esprit!
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    et sa paupière droit'Î-t'rÎssauta'
    il rit,qu,est
    Vous voulez dire, en résumé. -ce que vous faites là, à mes côtés, et pourquoi?
    - Oui, admis-je.
    Son rire se transforma en un gloussement; avant de se tourner vers moi, son regard s'attarda en direction de la piscine, o˘ un groupe de jolies femmes s'installait au soleil.

    _ Eh bien, ça va vous paraître curieux, mais je vous ai pris pour un de ces mafieux russes!
    Toujours en gloussant, il leva les mains comme s'il sculptait une statue dans l'air.
    - Et même pour leur chef, tant qu'à faire...
    - Moi?
    - Votre accent, votre allure, votre barbe peut-être... je sais, c'est absurde, mais... Attendez, reprenons les choses depuis le début et vous allez comprendre.
    "Je suis à Jérusalem depuis une dizaine de jours et j'ai ici de bons amis parmi les chercheurs. Comme toujours dans ces cas-là, je me suis précipité
    chez Rab HaÔm dès mon arrivée. Hasard, il venait de remettre la main sur des textes de voyageurs du Moyen ¬ge. E m'en parle, et je lui demande de me les céder. Impossible, me dit-il : une vieille promesse faite à un client.
    J'insiste, et il me parle de vous ... je lui dis : " Très bien, peut-être pourrons-nous les examiner ensemble! " Là-dessus arrivent nos deux sbires russes. je devine Rab HaÔm f‚ché de leur présence et m'éclipse par discrétion. Deux jours plus tard, je lui fais une petite visite et il me parle de l'offre invraisemblable des deux loustics. Nous émettons des hypothèses : Rab HaÔm ne veut y voir qu'une histoire immobilière. Le quartier est déjà en pleine révolution, on b‚tit à tour de bras, et cela lui retourne les sangs. L'argument me semble un peu faible et je voudrais en savoir davantage. Spéculation de chercheur qui se demande si quelqu'un n'est pas en train de monter un gros coup. Nul ne sait ce qu'on peut trouver dans l'antre de Rab HaÔm, n'est-ce pas?
    Un discret frappement se répéta à la porte; un jeune homme entra dans ma chambre, poussant un chariot. Le professeur s'interrompit avec une exclamation de joie. On dressa rapide-169
    ment la table sur la terrasse. Les yeux Îf,-, Te -pW*, Calimani go˚ta le vin provenant des vignes de Jéricho puis, avant même que le serveur ne tourne les talons, enduit de tarama une grande galette de pain azyme.
    - «a vous tente? dernanda-t-il. Ah, c'est que je me ferais damner pour du tarama et du vin blanc de Yarden!... O˘ en étais-je? Oui... Donc '
    l'hypothèse immobilière! je n'y crois pas et je pose des questions discrètes autour de moi. Rien de spécial, d'abord. Puis un vieil ami anglais, spécialiste des textes esséniens, hébreux ou araméens, me dit qu'il a reçu un fax surprenant d'un collègue russe lui demandant une confirmation sur l'emplacement d'une fontaine et s'il pourrait consulter certains des manuscrits " off ", comme l'on dit dans notre jargon, des pièces trop précieuses et trop délicates pour être normalement accessibles.
    Lequel collègue russe est connu pour avoir revendu sous le manteau certains papyrus de l'époque des Soviétiques et s'être maintenant plus ou moins emmanché avec la mafia... Voilà qui fait tilt dans ma petite cervelle, évidemment. je cours chez Rab HaÔm et lui demande si ses " acheteurs " sont russes. Il me répond : " Plus russes que juifs, hélas! " je lui dis : "
    Faites attention avec ces gens-là! " Vous ne mangez pas ?

    Calimani regarda mon assiette intacte avec commisération et m'encouragea de la main.
    - Allez, allez! Voulez-vous de ces brochettes? Poulet, paprika et cumin...
    Un délice. Et un peu de caviar d'aubergine... C'est moi qui raconte et vous ne mangez pas!
    - Continuez, fis-je en riant. je vais manger, je vous le promets.
    - je sais, je sais, j'ai un côté