Les Mystères de Jérusalem
insupportable - Orit n'avait pas pensé à tout! La poussière leur emplissait la bouche et les narines d'une farine amère. En un sillon presque boueux, elle s'agglutinait à la sueur qui serpentait sur le torse de Tom, qui avait ôté son T-shirt. La chemise d'Orit était assombrie par l'humidité. Elle l'avait sortie de son pantalon pour alléger ses mouvements et s'aérer le buste. Elle finit par se redresser en gémissant doucement, abandonnant ses gants et plaquant les mains sur ses reins. Tom entrevit le pli de chair luisante dans l'échancrure de la chemise déboutonnée. Orit, au même instant, dans un geste de libération et avec un petit cri de jouissance, retira les barrettes qui retenaient ses cheveux. Es s'affà1èrent sur ses épaules etjusqu'à ses reins en un flot soyeux et vivant. Elle bascula le buste en avant, brusquement pliée en deux, et les cheveux lourds s'envolèrent comme une aile avant de retomber avec la souplesse d'une toge.
Alors elle secoua la tête vivement, de droite et de gauche, se redressa et saisit la masse noire entre ses mains pour la rouler, 184
d'un seul geste, en une torsade souple qui reforma un nouveau chignon, lisse, ferme, parfait.
Tom l'observait, fasciné, comme s'il assistait à un rite magique, aussi sensuel que sacré. Orit tourna le visage vers lui. Malgré leurs lunettes sombres, elle lut dans son regard. Une seconde, elle resta immobile, le visage maculé de sueur poussiéreuse, la gorge un peu haletante. Puis elle ramassa ses gants et dit :
- On continue.
Il ne restait plus qu'un tiers du cimetière à fouiller. Rs seraient bientôt à l'opposé exact des marches de l'est.
Ils s'attaquèrent à un carré de terre o˘ seules deux stèles éclatées tenaient encore debout. Chacun d'un côté, ils creusaient dans la terre meuble avec l'espoir de trouver une dalle enfouie. Mais là comme ailleurs il n'y avait que de la terre, et encore de la terre.
Tom, autant par fatigue que par colère et frustration, saisit à pleines mains la stèle derrière laquelle Orit creusait et, avec un ahan de b˚cheron, de toutes ses forces, il la tira à lui. En même temps qu'elle cédait, Orit poussa un cri, s'enfonça d'un coup jusqu'aux cuisses dans la poussière soudain ruisselante.
- _7Îesus !
Le poids de la stèle le repoussa en arrière. Il retomba sur les fesses en même temps qu'il voyait la terre devant lui craqueler, s'effriter, se transformer en un siphon o˘ s'engloutissait, en son centre parfait, Orit.
Les bras écartés, elle griffait le sol de ses doigts gantés. Mais la terre fuyait ses mains comme de l'eau. Ses hanches disparaissaient maintenant dans l'ocre dévorante.
- Tom! cria-t-elle. Tom!
- Jeesus *..
E dégagea sa jambe coincée par la stèle et roula sur le côté à l'instant o˘
un grondement bref se fit entendre. Le siphon s'agrandit d'un mètre. Orit s'enfonça d'un coup jusqu'à la poitrine et hurla.
- Là! cria-t-il en tendant sa pelle. Attrapez le fer. Attrapez-le, bon sang. Si je m'approche, je vais être happé moi aussi!
Son buste était dé*à au-dessus du siphon de terre et il n'avait pas de prise. Orit, avec une grimace de douleur, lança les bras en q r,
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la pelle. Un n ouveau
avant et referma les mains sur le fer de
grondement, plus doux, se fit entendre. quelque chose bascula sous eux. Le sol s'ouvrit pour de bon, rel‚chant un rot froid et puant qui passa comme une bulle à travers le sable. La terre, aussitôt, fila vers l'orifice qui s'ouvrait de plus en plus. Orit cria alors que Tom, de toutes ses forces, se rejetait en arrière en tirant le manche de la pelle par-dessus sa poitrine.
Le coup fut si violent qu'Orit, soudain libérée par la terre qui disparaissait dans le puits, fut projetée contre lui et l‚cha la pelle. Le choc les surprit. Ils s'agrippèrent l'un à l'autre, sans rien d'autre à
quoi s'accrocher. Les cheveux dénoués d'Orit enveloppant leurs visages comme un filet protecteur, ils basculèrent en hurlant dans le gouffre.
La fin de la chute vint avec une rapidité déconcertante. Tom heurta du genou un mur maçonné. Orit, les bras serrés autour de son cou, s'enfonça dans la terre avec un gémissement de peur.
Puis ce fut le silence.
¿ demi comblée de terre meuble, la citerne, ou le tombeau, o˘ ils venaient de tomber n'avait qu'à peine trois mètres de profondeur!
¿ cheval sur Tom, Orit se redressa et rassembla ses cheveux. Elle avait de la terre jusque dans les oreilles. Es
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