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Les noces de fer

Les noces de fer

Titel: Les noces de fer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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Ils iraient quérir à Coutances des aunes de mollequin et de bordat [163] pour se vautrer dans des coussins ; du velours ciselé [164] pour garnir la fenêtre et de l’yraigne d’Ypres ou de Gand [165]  : avant de se mettre au lit, elle porterait une chemise si légère que sa nudité s’en trouverait magnifiée. Rien ne serait trop beau ni trop coûteux pour elle… Rien ! Et qu’importait si Aude et leur père réprouvaient sa prodigalité.
    « Nous irons, Thierry, nos soudoyers et moi combattre en Bretagne. Ni pour Blois, ni pour Philippe, mais pour nous ! Nous rançonnerons les Goddons ! »
    La pression du bras et du ventre s’affermit. Une sorte de plainte heureuse coula de la bouche de la dormeuse lorsqu’il posa sa senestre sur son ventre. Quelle félicité de la choyer avec cette religion de l’amour qu’il se découvrait, ébahi, depuis leur mariage ! Comme il aimait à effleurer, contourner cette nudité au pinacle de la jeunesse prime avant que de sentir l’exquise moiteur d’une intimité délicate, fleur et fruit, à travers le foisonnement d’un pelage aussi doux que les mousses, duvets et herbettes des nids de passereaux. Blandine… Blandine gonflée de charme, ourlée de suavités enivrantes, tels ce creux de hanche orné d’un grain de chair pareil à un pépin de pomme, et ce nombril plus petit qu’un chaton d’anneau sigillaire. Il frémit quand son index s’attarda sur ces affiquets qu’un souffle inégal remuait.
    « Qui ne dit mot consent… »
    Il ne cessait de s’étonner de prendre tant de plaisir à ces errances douces, parmi les ornements d’un corps dont un mouvement lui livra tout l’endroit, comme pour en susciter davantage. Immobile et perplexe, il s’avoua qu’il éprouvait ainsi, mieux qu’en l’étreignant à pleins bras, le sentiment de posséder Blandine tout entière. Se dire : « Elle est mienne » et en recevoir confirmation d’un regard, d’un baiser, d’un embrassement et d’un spasme, certes, c’était délectable ; mais le savoir de ses doigts, de ses paumes… Une pensée lui vint, inattendue : il ressemblait à certains cupides plongeant leurs mains dans leur coffre pour palper, titiller leurs joyaux afin d’en mieux percevoir la splendeur ! Ses sens se dilataient au seul attouchement de ces trésors charnels. Il sentait, comme lors des nuits précédentes, une concordance étrange entre ses mains et les gonflements, les pentes, les sentes et les contours de sa bien-aimée. Ils savaient que leurs corps étaient faits l’un pour l’autre, et si la révélation de la volupté laissait encore Blandine égarée, à mi-voie de la stupeur et de la confusion, il pouvait, lui, s’étonner que cette dextre et cette senestre trop souvent emmaillotées de fer, et si fermes à serrer l’épée, fussent pour Blandine la douceur et la suavité mêmes, et qu’elle en reçut l’hommage avec tant de merveillement. Il serait demeuré tout un jour, plus encore, à la parcourir, la flatter, la consumer d’ardeurs et d’émois fiévreux… Tout ébaubi d’un ravissement qui l’asservissait à son épouse, il entretenait chaque nuit, en la dorlotant, le besoin impérieux, presque maladif, de la conserver éternellement dans la magnificence de son corps, comme il nourrissait la nécessité de garder Confiance à son flanc, toujours agile et prompte à satisfaire ses desseins… Ne rien changer à ce qui le liait à ces compagnes nécessaires à sa vie autant qu’à sa quiétude. S’il se pouvait que Blandine ignorât la puissance infinie de sa vénusté, il savait, lui, tout ce qui composait son charme. Il ne se rassasierait jamais de ses élans énamourés, de ses complaisances graves, de ses plaintes, soupirs et sourires exquis. Et s’il évoquait son épée, c’était parce que Blandine s’était étonnée, la veille au soir, en voyant ses mains s’égarer sur sa prise robuste, ses quillons et son pommeau parfaits. « On dirait que tu l’aimes », avait-elle remarqué en riant. C’était vrai : elle était sa compagne et sa protection, et il l’aimait. Elle était aussi nette, en vérité, que la grâce de son épouse ; inestimable, indispensable comme elle. La perfection et l’éclat de l’une et de l’autre, pourtant si différents, ne cesseraient jamais d’attirer le respect d’autrui, et les clartés du jour, sur l’or de l’une et les lueurs argentées de l’autre, lui fournissaient enfin ce sentiment de

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