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Les noces de fer

Les noces de fer

Titel: Les noces de fer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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d’Harcourt.
    Thierry donna un coup de coude dans le flanc d’Ogier :
    — Que veux-tu répondre à cela ? Elle pense juste, non ?
    C’était, en effet, bien pensé : Édouard III pouvait vouloir capturer Harcourt et se venger mortellement de sa traîtrise. Mais sacrifierait-il des milliers d’hommes à un seul ? Il avait obtenu du Boiteux tout ce qu’il en avait espéré. Il se pouvait même que leur rupture fut tout simplement une astuce.
    — Je n’oblige pas Thierry à me suivre… Nous avons parlé de la Bretagne mais je ne l’ai jamais titillé pour qu’il m’y suive !
    Ogier s’était approché de Marchegai. Brusquement, il sauta en selle et s’éloigna aussitôt, suivi de Raymond qui seul l’avait accompagné.
    — Hé ! attends, lui cria Champartel, une main sur l’épaule d’Aude.
    « Je me conduis comme un marmouset ! » Il fallait réparer.
    — À après-demain, les amoureux… Moi et mes hommes passerons vous faire nos adieux, puisque vous vous trouvez sur notre chemin !
    De la main, il envoya un baiser à sa sœur, et comme il venait de franchir le portail, il invita Raymond à chevaucher à sa hauteur :
    — Il se peut qu’à Gratot tu aies noué un lien assez solide…
    — C’est vrai… Guillemette m’aime bien… Je sais qu’elle en a connu quelques autres, mais ne m’en soucie pas.
    Raymond riait du bout des lèvres. Il était rasé, les sourcils à la lisière du chaperon. Ses yeux sombres brillaient d’un plaisir sensuel dont Ogier, dans les siens, ressentit la brûlure. Encore un qui avait une femme docile !
    — Je te fais écuyer.
    — Oh ! messire…
    — Après-demain matin, nous partons en Bretagne… Malgré Guillemette.
    — Elle m’attendra.
    Tout était simple.
    — J’attends de toi un dévouement pareil à celui de Thierry.
    — Vous l’aurez.
    Ogier envia Raymond : lui, au moins, ne se complaisait pas dans des atermoiements stériles.
    — Nous avons vécu ensemble moult aventures.
    Le menton lourd de l’ancien sergent tremblait. De joie. L’éclat de son regard était plus vif : du bon acier. Sans doute, pour le moment, ne pensait-il plus à Guillemette. D’où venait-il ? Nul ne le savait, à vrai dire. Il était arrivé à Rechignac quelques mois avant l’Écluse, et Blanquefort l’avait pris en estime. Ce simple fait valait pour qu’on lui fît confiance.
    « Je n’ai jamais eu à m’en plaindre, sauf après la mort d’Adelis, qu’il chérissait… Il sera aidable et dévoué comme elle. »
    — Il faudra que tu t’imposes aux autres.
    — Ils m’aiment bien.
    — Justement !… Plus on t’aime et plus tu dois te garder à carreau. C’est l’amour qui engendre les pires déceptions en ce monde !
    En riant pour clore cet entretien, Ogier lança Marchegai au galop.
     
    *
     
    Comme ils entraient dans la cour de Gratot, ils furent surpris d’y voir cinq chevaux inconnus dont deux sabotaient les tombes. Un sergent les gardait, la tête couverte d’une cervelière de mailles, le torse serré dans un plastron et une dossière de fer, les jambes enfouies dans des heuses à chevaucher, poudreuses. Deux lances étaient posées dans l’encoignure d’un des contreforts de l’étable et plus loin, un gonfanon.
    —  D’azur semé de fleurs de lis, dit Ogier, le cœur battant désagréablement. Et vois, Raymond, le penniau [267] de cette selle, là-bas… Les fleurs de lis encore. Manquerait plus…
    Sa voix s’était altérée. Il sentait sa gorge serrée par quelque chose de semblable à une angoisse mitigée d’espérance.
    D’un geste, et comme pour échapper à l’ombre versée par le bourrelet de son chaperon, le nouvel écuyer se décoiffa :
    — Pensez-vous comme moi, messire, que ce sont des chevaucheurs du roi ?
    — Nous allons le savoir… Viens !
    Dans la grande-salle, embossé profondément dans sa cathèdre, Godefroy d’Argouges écoutait un homme qu’il interrompit en disant, le doigt tendu :
    — Hé bien, vous n’aurez guère perdu votre temps, messire !… Voilà justement mon fils !
    Puis, tourné de côté vers Ogier et Raymond :
    — Un message [268] du roi… Notre sire Philippe te souhaite près de lui.
    L’homme se leva de sa chaise à tenailles ; les trois autres, debout, s’inclinèrent un peu ; juste ce qu’il fallait.
    — Hé oui, messire !… Le roi vous veut à son côté. Je suis Morelet de Courvaudon… Notre sire, que j’ai quitté à Arras et qui

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