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Les noces de fer

Les noces de fer

Titel: Les noces de fer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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envers sa cousine et ses égarements que par une sorte d’indulgence à l’égard de Blandine qu’une telle révélation eût saisie d’un ébahissement à la mesure de sa candeur, aussitôt assorti d’une indignation répulsive. C’était d’ailleurs de cette simplesse hautement hypocrite et de cette grâce qui le troublait toujours, mais petitement, que procédaient les onéreuses exigences de son épouse, ses refus, dénégations et rancunes d’où naissaient les conflits dont elle semblait friande. Jamais, évidemment, elle n’en eût convenu et ne s’en fut par conséquent repentie.
    — Au moins, dit-il en s’efforçant à sourire, que d’escarmouches et de batailles Blandine aura-t-elle engendrées avant que ce soit notre enfant !… Qu’en penses-tu du fond du cœur ?
    Thierry parut se sentir coupable d’avoir provoqué une confidence qui se retournait contre lui. Il ébaucha un pas en arrière comme s’il était tenté de s’éloigner, puis il fit front, les yeux dans les yeux :
    — Je ne me sens ni le droit ni l’humeur de condamner ou d’innocenter Blandine. Elle est très belle, trop belle, et cette sorte de sublimité, comme tu dis, ne saurait se passer d’un soupçon de mystère. On se dit, la voyant : « Comment est-elle vraiment ? A-t-elle des qualités d’esprit en accord avec sa beauté ? » Tu as conquis ta femme en hâte… ou plutôt tu as cru la conquérir. Elle s’est rendue sans que tu en aies entrepris le siège… mais plutôt que de déposer les armes, elle les a conservées au tréfonds de sa personne pour se venger parfois de sa dépendance envers toi.
    — Il lui est advenu de m’infliger des navrures que j’ai pansées comme je le pouvais… avec Bertine et sans remords !
    Ogier s’attendait à une approbation et à un rire. Il n’en fut rien. Thierry secoua la tête, crainte de trop en dire. Un geste ancien – celui du seigneur envers l’écuyer – lui enjoignit de continuer.
    — À quoi bon, mais puisque cela semble te soulager… Tu n’as cessé, Ogier, de penser à Blandine dès le jour où tu l’as vue. À sa voix, son corps, à ce que pouvaient être ses étreintes. Cela m’est advenu pour Aude. Cependant, la perfection et la nudité attrayante d’un corps ne sauraient dévoiler la vérité d’un être… Dieu et tes parents ont fait qu’Aude est à mes yeux la meilleure de toutes… Pour toi, continua Thierry visiblement à contrecœur, tout est différent.
    — À quoi songes-tu ?
    — Je me dis qu’on voit des enfants hériter d’une difformité, d’un de leurs parents quand ce n’est de leur caractère, et que cette infirmité est hélas ! inguérissable. Blandine est une Berland. Souviens-toi de la hautaineté de son père qui, bien que te sachant chevalier, t’a traité, à Chauvigny, comme un manant.
    Cette fois, d’un geste des mains, Thierry signifia qu’il rompait l’entretien. Ogier fut sur le point de défendre Blandine, d’affirmer que jamais elle ne l’avait considéré comme un homme du commun, mais une dispute lui revint en mémoire : celle du soir où il avait accueilli Saladin dans leur chambre.
    — Un mystère, dit-il quasiment pour lui-même. Quand je l’ai vue, j’ai douté de la pouvoir séduire. En fait, tu as raison : plutôt que de la conquérir, c’est elle qui m’a captivé : elle avait trouvé en moi, peut-être à son insu – qui sait ? – le vassal que n’eût pas été Rochechouart.
    La méprise amorcée aux joutes de Chauvigny et promptement sanctifiée six mois plus tard, en cette même ville, lui donnait presque la nausée. Il dit pourtant, à la recherche d’une excuse :
    — Elle a été ma fée. Je n’ai point devers toi vergogne à l’avouer.
    — Je n’ai pas oublié votre rencontre. Si ce jour-là nous étions demeurés quelques poignées de temps auprès de nos compagnons ou de nos chevaux, tu serais libre ou marié à une autre. Qui sait…
    Une question s’imposait, qu’Ogier formula d’une voix basse, meurtrie :
    — M’as-tu envié ?.
    — Tu sais bien que non… J’étais amouré de ta sœur. Les autres filles ne comptaient plus.
    C’était à l’égard d’Aude une réponse élogieuse.
    — Aucune autre pour moi, Thierry, n’existait plus.
    — C’est ce qu’on appelle de l’aveuglement, car moi je voyais les autres, mais elles ne pesaient pas lourd dans la balance de mon cœur !
    Ogier soupira et ses yeux se mouillèrent. Avant

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