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Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon

Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon

Titel: Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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long ? ajouta-t-il.
    A cet instant, la maîtresse de maison attira l'atten≠tion de l'interprète.
    Il est inutile, lui indiqua-t-elle en francique, que tu continues à traduire. Pendant toutes ces années pas≠
    sées au côté de Leuthard, j'ai eu le temps d'apprendre sa langue. Je la comprends et je la parle couramment.
    Je m'en rends compte, constata Nogret.
    Voilà qui va nous faciliter la besogne, plaça Childebrand. Venons-en donc à l'essentiel !
    Interrogée, la femme commença par tergiverser. Puis, comme Erwin faisait ressortir que cette attitude ne la mènerait à rien et lui promettait qu'il ne lui serait fait aucun mal, ni à elle, ni aux siens, elle se résolut à
    confesser la vérité.
    Elle était née à Narbonne, trois ans avant la prise de la cité par les troupes de Pépin. Son père était sarrasin, sa mère une ancienne captive d'origine wisigothe. Ils n'avaient pas été tués comme la plupart des Sarrasins ou de ceux qui passaient pour tels, car la production de leurs terres était nécessaire à la ville. Tandis qu'à la maison elle apprenait l'arabe, en toutes les autres cir≠constances elle s'exprimait en langue romane.
    Partout on m'appelait Norma, dit-elle. Mais mon véritable nom, celui qui était utilisé chez moi dans ma jeunesse, est Nadjet. C'est, encore aujourd'hui, celui que je préfère.
    Tu entends cela? gronda le Nibelung.
    quand j'ai atteint dix-huit ans, poursuivit-elle, j'ai rencontré à plusieurs reprises au marché Leuthard qui était en garnison à Narbonne. Bien que je ne lui aie pas caché mon origine, il m'a voulue pour épouse. Il m'avait plu, j'ai accepté. Avec l'appui de ma mère, j'ai imposé mon choix à mon père qu'une telle union indi≠gnait.

    Par la suite, comme Leuthard avait terminé son temps de service, le ménage avait fait l'acquisition de terres maraîchères près de Lunas, désirant vivre en paix, loin de Narbonne, o˘ continuait à fermenter tant de haine.
    Dieu ne m'a donné qu'un fils, dit-elle d'un ton douloureux, et voyez quel fils !
    Cela veut-il dire que tu désapprouves la manière dont il vit? s'enquit l'abbé.
    -
    Tant de mes ancêtres, des deux côtés, ont été
    réduits en servitude, la plus cruelle des servitudes!
    s'écria-t-elle. D'ailleurs, que les esclaves soient saxons, hommes du Nord ou du Sud torride, leur sort est toujours aussi terrible. Alors, comment est-ce que je pourrais approuver un fils qui fait fortune gr‚ce à un tel commerce au lieu de continuer à vivre tranquille≠
    ment, et dans l'honneur, ici, en cultivant et en vendant des fruits, des légumes, des condiments et des simples? Dieu maudit celui qui se repaît de la souf≠
    france des autres!
    Il émanait de cette femme une telle dignité que le comte Childebrand cessa de maugréer.
    Il nous faut pourtant en venir maintenant à ce qui nous a conduits jusqu'ici, reprit Erwin.
    Tu veux dire sans doute la fuite de mon fils et de tous ces gredins qui le servent ? Oui, ils ont fait étape ici, voilà peu. Je leur ai remis de quoi se nourrir pour quelques jours. Je leur ai permis de passer la nuit sur ce domaine à la condition qu'ils lèvent le camp dès le lendemain matin.
    Ce qu'ils ont fait?
    Ils sont partis à l'aube vers le nord, en direction des hautes montagnes.
    Pourquoi une telle rigueur avec ton fils ?
    Il mène, à mon grand regret, la vie qu'il a choi≠
    sie et qui me déplaît, je viens de te le dire. Je ne veux, en rien, avoir affaire avec lui. Il avait décidé seul d'accueillir cette Laure, sans même m'en parler. Il a eu d'elle un enfant qu'ils ne m'ont pas présenté. Je n'en ai pas moins appris avec horreur de quelle façon atroce elle avait trouvé la mort.
    Le Saxon lui jeta un regard perçant.
    Le crois-tu coupable? L'as-tu interrogé à ce
    sujet lors de son bref passage ?
    Oui, je l'ai interrogé, tu t'en doutes. Il m'a juré
    qu'il n'avait pris aucune part à ce meurtre, qu'il en avait été bouleversé et qu'il était inconsolable.
    -
    Alors pourquoi s'est-il enfui?
    Nadjet leva les yeux au ciel.
    -
    Oh, les raisons ne manquent pas ! dit-elle. Et d'abord celle-ci : il a redouté qu'en raison de sa réputa≠
    tion, qu'il sait ne pas être glorieuse, on ne lui mette cet assassinat sur le dos !

    A juste titre ? demanda Childebrand.
    Elle fixa son interlocuteur.
    Non, je suis certaine, moi, qu'il ne l'a pas tuée !
    Doit-on en croire une mère?
    Pourquoi l'aurait-il fait?
    Pour empêcher que Laure ne lui enlève son fils !
    Avec un

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