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Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon

Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon

Titel: Les noyés du grau de Narbonne: une enquête d'Erwin le Saxon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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dit, je ne te ferai pas l'injure de croire que tu en as profité de quelque façon.
    Moi, en profiter? quelle abominable supposi≠
    tion! Comment aurais-je pu m'abaisser à ce point?
    Il secoua la tête avec un air affligé.
    -
    Je me plais à croire qu'il n'en a rien été, dit Erwin. Cependant ce qui importe en l'occurrence, ce n'est pas tellement ton attitude mais plutôt celle que Laetitia a adoptée, car on peut y voir la raison de son meurtre!
    Octavien esquissa une protestation que le Saxon interrompit d'un geste.
    C'est pourquoi, lança le missus dominicus, je te pose à nouveau cette question dont l'importance ne saurait t'échapper : en découvrant sa véritable filiation et la manière dont elle avait servi, malgré elle, les inté≠
    rêts mercantiles de Foucaud, ta belle-fille, d'abord incrédule, puis stupéfaite et meurtrie sans doute, at-elle été saisie, oui ou non, d'une colère telle qu'elle a décidé de dévoiler tout ce qu'elle venait d'apprendre?
    Comment aurait-elle pu ne pas être indignée?

    commença Octavien. Pourtant...
    Il s'arrêta et fixa le Saxon avec un regard épouvanté.
    Vous ne supposez tout de même pas, s'écria-t-il, que cette colère, qui l'aurait poussée à tout dire, a pu être la cause de ce... Non, non, ce n'est pas possible, impossible je vous dis : ce serait trop horrible !
    C'est l'assassinat de Laetitia qui est trop hor≠
    rible, lança le Nibelung.
    Je sais que Foucaud n'est pas toujours, dans ses transactions, des plus scrupuleux, Mais de là à en venir... Jamais ! J'en mettrais ma main au feu.
    Heureusement pour toi, souligna l'abbé, nous
    n'avons jamais recours aux prétendus jugements de Dieu.
    Le beau-père de Laetitia demeura silencieux un ins≠tant et parvint à se ressaisir.
    Mais je me souviens ! s'exclama-t-il. L'après-midi du jour o˘ elle a été enlevée, Foucaud l'a passé en son hôtel à discuter avec Fabian de prochaines livrai≠
    sons ; et quand, vers la quatrième heure de la nuit, mon majordome est allé lui annoncer la tragique disparition et préciser que les recherches étaient demeurées vaines, il l'a trouvé en compagnie de Fabian en sa demeure. Voilà, me semble-t-il, qui fait justice de sor≠
    dides accusations.
    Es-tu certain que tu ne te trompes pas de jour?
    s'enquit Childebrand.
    Me tromper? Pour une journée pareille dont
    chaque péripétie est restée en ma mémoire doulou≠
    reusement gravée?
    Dans ce cas, permets-moi de m'étonner,
    enchaîna Erwin, que tu n'aies pas touché un seul mot à
    notre assistant de ces événements si profondément
    " gravés en ta mémoire ", lorsqu'il est venu recueillir ton témoignage.
    J'étais encore sous le coup de cette tragédie. Et puis, m'ouvrir de tels secrets à un assistant...
    Soit ! Mais je trouve alors singulier que, t'étant certainement repris, tu ne sois pas venu spontanément te présenter à nous pour nous communiquer des infor≠
    mations capitales et que tu aies attendu notre convoca≠
    tion et nos questions pour nous confesser ce que tu savais.
    Même à des missi dominici tels que vous, sei≠
    gneurs, il est difficile d'avouer tant de turpitudes.
    Admettons-le.
    Erwin et Childebrand se levèrent, aussitôt imités par Octavien, pour signifier que l'entretien était terminé.
    -
    Sache que nous procéderons, indiqua le comte, aux vérifications que ton témoignage appelle. Nous te remercions pour ta franchise qui, bien que tardive, contribuera sans nul doute à mettre au jour la vérité.
    Fabian, qui s'était présenté à la résidence de la mis≠sion impériale en même temps que son père et avait attendu dans le vestibule que celui-ci e˚t terminé sa déposition, fut reçu aussitôt après par les missi domi≠nici pour être entendu à son tour. Son témoignage confirma pour l'essentiel celui d'Octavien, soit que l'un et l'autre reflétassent l'exacte vérité, soit que le père et le fils se fussent mis d'accord sur ce qu'ils devaient dire.
    Cependant Fabian parut plus profondément affecté par la mort de Laetitia qu'Octavien qui, certes, s'était montré désolé et horrifié, mais avec mesure et sang-froid, alors que son fils ne put retenir ses larmes quand fut évoqué le supplice de sa femme.
    Erwin, sans s'appesantir sur les révélations ayant trait à la naissance de Laetitia et aux bénéfices que Foucaud avait tirés de cette supercherie, en vint à leurs répercussions sur les rapports entre le soi-disant beau-père et son gendre. Celui-ci

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