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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
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des larmes. Là, maman. Il l’aide à se relever. Elle se met à pleurer bruyamment, et il la supporte avec gaucherie.
    Ferme ta bouche quand le vieux a pris une cuite, pense-t-il.
    Plus tard, dans la chambre, il lit un livre qu’il a emprunté à la bibliothèque. Le Roi Arthur et Ses Chevaliers de la Table Ronde. Garçon sage, il rêve à des femmes… en robe de lavande de son choix.
    Je serai pas comme le vieux. (Lui défendra sa femme à la pointe de son glaive.)
    Clair et glorieux intermède de l’adolescence.
    Ses maîtres, à l’école communale, ne se souviennent jamais de lui – un écolier renfrogné, morose, sans enthousiasme. Un an avant son certificat d’études, au plus profond de la crise économique, il quitte l’école et trouve à s’embaucher comme garçon d’ascenseur. Cette année-là son père est sans travail, et sa mère fait des journées à Brooklin et à Newton, maisons de stuc, carrelage espagnol, style Colonie. Après dîner il va au lit, tandis qu’au bar du coin son vieux attend l’amateur qui lui offrira soit une discussion soit un coup à boire.
    Roy se met à fréquenter la permanence du Parti Démocratique de son arrondissement. Dans les petites pièces de derrière on joue au poker, aux dés, on monte des combines. Les adolescents évoluent dans la grande pièce de devant, parmi la fumée des cigares, les complets veston, les flagorneurs.
    Dames d’honneur.
    Et les discours de racolage. Steve Macnamara, qui fait son chemin dans le parti :
    Sûhr, les gâhrs, regâhrdez-y, regâhrdez seulement au-touhr de vous. Les gens se crèvent la rate au boulot. C’est-il pouhr vous, ça ? La seule chose qui mâhrche c’est la politique, la politique, c’est ça qui vous fait faihre du chemin, vous y consacrez un an "ou deux, vous leuhr prouvez que vous êtes des gâhrs à la rhedhresse, et t’es âhrrivé, l’ohr-ganisation s’en châhrge. Je me rhappelle quand j’étais môme comme vous authres, je lheur ai prouvé que j’étais plein de bonne volonté, et maintenant je suis âhrrivé, vous savez on a un bon àhrrondissement, c’est pas ici que c’est difficile à ramasser des votes.
    Sûhr, admet Gallagher, sûhr.
    Ecoute, Roy, y a un bout de temps que je t’obsehrve, t’es le gâhrs qu’il faut, je peux voihr que t’as de l’avenir ici, seulement t’as à montrer aux patnrons que t’as de la bonne volonté. Je sais que t’en as mais faut que tu le prouvés. Tu sais quoi, les élections préliminhaires pouhr les candidats du pâhrti sont dans un mois, va y avoihr un tas de couhrses à faihre, disthribuer des pamphlets, se mêler à la foule pour faihre un peu de tapage quand un de nos candidats fait son discours, on te dihra quand.
    Sûhr, j’en suis.
    Sûhr, dis, y a de l’âhrgent à gagner, t’as qu’à te tenihr avec nous et c’est pas les boulots qui te manquehront, et des tas de bon*pèse à la clef, tu sehras un ghrand type un" jouhr, je peux dîhre que je l’ai vu tout de suite, je vois ça recto pâhrce que j’étudie la nature humaine, faut que t enthres dans la combine, que t’atthrapes le coup de la politique, tu sais, le châhrme.
    J’y vas passer mes soihrées ici.
    C’est ça, quel âge as-tu maintenant ? Dix-huit bientôt, quand t’auhras vingt ans tu fehras dix fois plus d’âhrgent qu’aujourd’hui…
    En rentrant chez lui il rencontre une jeune fille qu’il connaît de vue, et il s’attarde pour faire un brin de causette.
    J’en ai marre de mon boulot, j’ai trouvé mieux que ça, s’exclame-t-il.
    Qu’est-ce que c’est ?
    Quelque chose de grand. (Il est timide tout à coup.) Grand, quelque chose de grand.
    T’es mystérieux, Roy, arrête de blaguer. (Elle pouffe.)
    Sûr. (Il ne trouve rien à dire.) Sûr, je fais mon chemin, je vois du monde.
    T’es qu’un piaffèur.
    Sûr. (Il la regarde, allume une cigarette avec une nonchalance élaborée, plastronne consciemment.) Sûr. (Il la regarde de nouveau, se sent pris de panique.) On se reverra.
    Quand il a vingt ans, il travaille dans un dépôt. (Hoy, t’as fait du bon boulot, lui a dit Macnamara, te laisse pas dîhre le conthraihre, et les pathrons apprécient ça, tu rais ton chemin. Gallagher s’efforce de dire – sûlir, mais Whitey touche une paie et j’ai fait autant de boulot que lui… Non, écoute Roy, écoute-inoi, faut pas qu’on t’entend pâhrler comme ça, Jésus, on penshera que t’es un aighri, tu te fais un nom chez nous et tu voudhras pas

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