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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
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vous le donner, vous ne l’auriez pas eu.
    – Eh bien merci, Kerrigan.
    – A votre service, lieutenant, à votre service. »
    Clignant des yeux, Hearn s’en fut par le couloir. Chavirant sur une levée de lame, le navire lui fit faire une embardée, et il alla s’écraser contre la cloison, se faisant mal à la main dans son effort pour amortir le choc. Il s’arrêta, essuyant de nouveau la sueur sur son front et sur sa bouche.
    Il voulait être pendu s’il allait retourner à terre sans les provisions. Le souvenir de Kerrigan souriant raviva sa Colère. Il essaya de sourire à son tour. Il fallait pourtant se discipliner. Kerrigan, après tout, avait eu de la classe ; il était amusant. Il devait y avoir d’autres moyens pour se procurer. les provisions. Et il allait se les procurer. Pas question de se présenter devant le général avec des excuses.
    Il arriva à la cale numéro deux, descendit par l’échelle qui menait à la chambre frigorifique, présenta le bon ù l’homme de service.
    « Seulement cinq caisses de whisky, hein ? »
    Hearn se frotta le menton. Un ulcère des tropiques s’y était formé, et cela cuisait. « Et si on embarquait toute la liste, matelot ? fit-il sèchement.
    – Peux pas. Kerrigan l’a barré.
    – – Dix livres pour vous si vous me donnez cette camelote. »
    Le matelot était un homme de petite taille avec un visage soucieux. « Je me ferai attraper. Des fois si Kerrigan me voit charger la marchandise ?
    – Il est occupé. Il ne quittera pas son bureau.
    – Je peux pas courir le risque, mon lieutenant. Ça se verrait à l’inventaire. »
    Hearn se gratta la tête. Une vague de chaleur lui passa dans le dos. c Dites, entrons dans le frigo, je voudrais être au frais. » Ils ouvrirent l’une des lourdes portes de la chambre, passèrent à l’intérieur, parlant debout parmi un amoncellement de dindes, de jambons, de caisses de Coca-Cola. Hearn arracha un morceau de blanc il l’une des dindes, qu’il se mit à manger tout en parlant. « Vous savez bien qu’on ne verrait rien à l’inventaire, improvisait-il. J’ai été dans le trafic, matelot. Il n’y u pas moyen de rendre compte des provisions de bouche.
    – Je sais pas, mon lieutenant.
    – Vous voulez me dire que Kerrigan n’est jamais venu ici pour se payer un petit quelque chose ?
    – C’est comme qui dirait risqué de vous en parler.
    – Et si c’était douze livres ? »
    Le matelot réfléchit. « Si qu’on disait quinze ? »
    Il le tenait maintenant. < Mon prix c’est douze, fit-il d’un ton sec. Je ne marchande pas.
    – Ça va, je risque le coup.
    – Bravo. » Il arracha un autre morceau de dinde, mangeant de bon appétit. « Préparez la marchandise. Je vais dire à mes hommes de venir la chercher.
    – D’accord, mon lieutenant, mais faisons vite, pas ? »
    Hearn gagna le pont, se pencha sur la lisse, cria à ses trois hommes dans le canot de monter à bord. Quand ils eurent escaladé l’échelle de corde il les mena à la cale, et chacun d’eux se chargea d’une caisse. Après trois voyages le whisky, les poulets de conserve et les divers condiments se trouvèrent sur le pont, et quelques minutes plus tard le filet de charge déposa le tout dans le canot. Hearn paya au matelot ses douze livres. « Allons-y les gars, démarrons ! » cria-t-il. A présent que la transaction était bouclée, il craignait l’apparition inopinée de Kerrigan. Ils dégringolèrent dans "le canot, et Hearn jeta une bâche sur les provisions.
    Ils étaient sur le point de déborder, quand il aperçut Kerrigan qui se penchait sur la lisse. « Si ça ne vous fait rien, lieutenant, hurla-t-il, j’aimerais jeter un coup d’œil sur ce que vous emportez ! »
    Hearn sourit. « Moteur en marche ! » commanda-t-il à l’homme de barre. Il leva la tête, montra un visage inexpressif à Kerrigan. « Trop tard, mon vieux ! » cria-t-il. Mais le moteur toussa, cracha, puis mourut. Voyant ça, Kerrigan enjamba la lisse et se mit à descendre le long du mur.
    « Démarrez ce moteur ! » cria Hearn furieusement. Il foudroya du regard l’homme de barre. «  Allez-y ! »
    Le moteur cracha de nouveau, toussa un instant, puis son régime se stabilisa. En poupe, le remous se fit ferme sous le battement de l’hélice. Kerrigan était à mi-chemin sur l’échelle de corde. « Ça va, allons-y ! » cria Hearn.
    Le canot déborda lentement, laissant Kerrigan en panne

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