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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
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avait reçu l’absolution et, s’étant aussitôt persuadé du contraire, il lui en voulut un peu. Ses péchés retomberaient sur lui. Mais son remords de mal penser à ceux qui n’étaient plus dissipa le train de ses idées. Dans cet instant il ne songeait pas à Mary comme à sa femme morte.
    L’apathie, le stoïcisme dont il s’était carapacé pour se protéger tout au long de la patrouille, se dissolvaient rapidement. Il haïssait Martinez pour ce qu’il venait de dire. Lui-même n’avait jamais eu le courage de se dire cette chose au cours de la patrouille. « Cette enculée d’armée », fit-il rageusement, tout en se sentant de nouveau coupable de s être permis une obscénité.
    – Pour quoi faire que tu te montes le ciboulot ? demanda Polack.
    – Pas curé », dit Martinez -passionnément. Polack avait posé sa question avec une telle assurance, qu’il devait certainement avoir une réponse pour échapper à la condamnation.
    « Tu crois que c’est pas important ? demanda Gallagher.
    – Vous voulez que je vous dise moi ? fit Polack. Vous avez pas besoin de vous faire de bile à cause de ce truc-là. C’est une sale combine, voilà ce que c’est. »
    Sa sortie les épouvanta. Gallagher, instinctivement, jeta un coup d’œil furtif sur la montagne. Lui et Martinez regrettaient de, se trouver à côté de Polack. « Qu’est-ce que t’es, un foutre d’athée ? » Cette fois-ci le juron ne comptait pas, Il se disait que c’était vrai que les Italiens et les Polacks faisaient de mauvais catholiques.
    « Tu crois toi à cette merde ? demanda Polack. Dis, je m’y suis frotté, je connais la musique. C’est une sacrée nom de Dieu de combine pour faire du pèze. »
    Martinez s’efforçait de ne pas écouter.
    Polack nourrissait sa propre colère. Une vieille hostilité, longtemps réprimée, s’éveillait en lui, et avec elle une bravade soutenue – car lui aussi avait peur. Il se faisait l’effet de se gausser d’un type comme Lefty Rizzo. « T’es Mexicain toi, et toi t’es Irlandais, alors la nom de Dieu de combine vous profite un peu. Les Polacks, eux, ils en tirent rien de rien. T’as jamais vu un cardinal Polack en Amérique ? Nan. Je sais, j’ai une sœur qu’est nonne. » Il songea à elle un bref instant, de nouveau agacé par une sensation qu’il n’arrivait pas à saisir. Il regarda Martinez. Qu’est-ce qui le démangeait, celui-là ? « Je veux être pendu si je me laisse attacher le grelot », fit-il, pas Irès certain de ce qu’il voulait dire ou à quoi il se référait. Il tremblait de colère. « Quand on sait la saloperie que c’est, on est un con de se laisser faire, dit-il furieusement.
    – – Tu sais pas ce que tu dis, grommela Gallagher.
    – Allez, ramassez vos bardas. » C’était Croft de nouveau. Polack sursauta, jeta un coup d’œil circulaire, puis secoua la tête au passage de Croft. « Oui, grimpez-y sur la montagne, allez, allez », conspua-t-il. Ses mains s’agitaient de rage.
    Leur conversation s’arrêta là, mais chacun d’eux était troublé en se remettant en route.
    Le restant de la matinée se passa à grimper le long de la, falaise. Elle paraissait n’avoir pas de fin. Ils suivirent des corniches rocailleuses, des pentes en lame de couteau couvertes d’herbe kunaï et si abruptes qu’ils devaient s’y hisser comme sur une échelle, en se retenant à la racine de la végétation. Ils traversèrent une forêt qui enfourchait la falaise et descendait tout en bas du précipice à leurs pieds. Ils continuèrent plus haut et plus * haut, jusqu’à ce que leurs jambes fussent sans nerf et que leurs sacs pesassent cent livres la pièce. Et toutes les fois qu’ils atteignaient une crête ils avaient la certitude que le sommet de la montagne était désormais tout proche, alors que tout ce qui se découvrait à eux était un autre demi mille de corniches tortueuses qui aboutissaient à une autre crête. Croft les avait prévenus à plusieurs reprises au cours de la matinée. « Vous ferez aussi bien de vous mettre tout de suite dans le crâne que. cette sacrée montagne est pas une colline et que vous en serez pas quittes en cinq secs. » Ils l’écoutaient dire, mais ils n’y croyaient
    fias. Il était trop pénible de continuer l’ascension sans idée rassurante que leurs peines allaient bientôt finir.
    A midi, en arrivant à l’extrémité de l’arête, ils subirent une véritable commotion. La

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