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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
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« Comment que ça va, mon commandant ? demanda un des cuistots.
    – Ça va. » Il se frotta le menton. Quelque chose l’agaçait. « Oh ! oui, dites donc O’Brien, j’ai de nouveau la diarrhée. Vous les tenez au propre, vos casseroles ?
    – Vous devriez le savoir, mon commandant. »
    Il grogna, jeta un coup d’œil circulaire par la tente, regarda sous les tables de bois flanquées de leurs bancs. Les assiettes de métal grisâtre étaient déjà disposées pour le repas de midi. « Vous devriez pas mettre les couverts trop tôt, dit-il. Ça fait venir les mouches.
    – D’accord, mon commandant.
    – Bon, pensez-y. » Il attendit qu’O’Brien se mît à ramasser les assiettes, puis traversa le bivouac pour regagner la tente du service des opérations. Il aperçut quelques soldats étalés à l’ombre de leurs tentes, et leur vue l’irrita. Il se demandait à quelle section ils appartenaient, quand il se souvint du rapport. Arrivé à sa table de travail il décrocha l’écouteur et ordonna à Windmill d’envoyer une section équipée au complet pour prendre possession du bivouac japonais. « Faites-leur déployer tout de suite une ligne téléphonique. Je veux un rapport dans une demi-heure.
    – Ils n’y seront pas en si peu de temps.
    – Bon. Dès qu’ils occupent la place avertissez-moi. »
    Le temps traînait en longueur sous la tente surchauffée.
    Désespérément mal à son aise, le commandant nourrissait l’espoir secret que la section ferait demi-tour. Si cependant elle ne rencontrait pas de résistance ? Il fit appeler le commandant du bataillon de réserve du 460 e et lui dit d’alerter une compagnie pour un ordre de marche dans l’heure à venir.
    « Je devrai la prélever sur les effectifs qui travaillent à la construction de la route.
    – Faites, faites », grogna le commandant. Il jura en sourdine. Si l’affaire tournait en queue de poisson, le travail de toute une compagnie serait perdu pour une demi-journée. Mais il n’y avait pas d’alternative, car si la section réussissait à s installer à même la Ligne Toyaku il lui faudrait exploiter la situation. L’esprit du commandant procédait désormais selon une table de vérités évidentes en soi.
    Quarante-cinq minutes plus tard Windmill l’informa au téléphone que, s’étant avancée sans incident, la section avait occupé le terrain japonais. Se triturant le nez avec son gros index Dalleson essaya de percer la jungle à travers le feuillage dilaté sous l’intense chaleur matinale.
    « Bon, déplacez le restant de votre compagnie à l’exception d’une escouade et des roulantes. Vous avez des rations, pas ?
    – Oui. Mais qu’est-ce que je fais pour mes arrières et mes flancs ? Je vais me trouver en pointe à un millier de mètres en avant de Charley and Fox.
    – Je m’en occuperai. Mettez-vous en route et soyez y avec tout votre matériel dans une heure. »
    Ayant raccroché, le commandant émit un grognement. Maintenant il allait falloir déplacer tout le inonde. La compagnie de réserve du 460", destinée fi renforcer les flancs et les arrières du saillant, se trouverait à »on tour disséminée. « Pourquoi les Japonais sont-ils partis ? Etait-ce un piège ? »
    Il se rappela qu’un lourd barrage d’artillerie avait arrosé la veille la position japonaise présentement évacuée. Il se pouvait que l’officier commandant la compagnie japonaise ait pris sur lui de vider la place sans attendre ses ordres, Dalleson avait entendu mentionner des cas semblables, mais cela lui paraissait un peu invraisemblable.
    Si tel était le cas, il devrait faire une poussée par la brèche avant que Toyaku pût y parer. Les troupes étaient censées jouir d’une journée tranquille, mais si d’autre part une telle poussée prenait bonne tournure il lui faudrait déclencher une nouvelle attaque frontale, ce qui signifiait l’obligation d’agir vite au cas où des résultats commenceraient à se faire sentir avant la tombée de la nuit. Cela voulait dire qu’il lui fallait mettre dès à présent tout le bataillon de réserve sur les dents et, faute d’un nombre suffisant de camions pour le transporter d’un seul coup, amorcer sans retard la mise en route. Il tirailla distraitement la toile trempée de sa chemise qui lui collait aux aisselles. C’est du coup que toute la journée allait être perdue quant à la construction de la route ; on n’y avancerait pas d’une semelle car

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