Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
Vom Netzwerk:
whisky ?
    – – Peut-être bien… au figuré. »
    Peste ! Qu’est-ce que cela voulait dire ? Le général se renversa dans sa chaise, demandant d’un ton un peu trop désinvolte : « Comment marche le foyer ?
    – Bien.
    – L’armée n’a toujours pas mis au point un système pour renouveler l’air dans les tentes prévues pour camoufler la lumière.
    – Oh ! il pue là-bas bien comme il faut. » Ainsi donc le général s’était ennuyé après lui. Pauvre petit gosse de riche. « Mais j’aurais tort de me plaindre : je me suis fait une centaine de dollars, au poker.
    – En deux nuits ?
    – Non, trois. »
    Le général eut un mince sourire. « Il est vrai, cela fait trois nuits.
    – Comme si vous ne l’aviez pas su. »
    Le général alluma une cigarette et éteignit l’allumette d’un lent mouvement de sa main. « Je vous assure, Robert, que j’ai encore d’autres soucis en tète.
    – Je n’ai pas dit le contraire. »
    Délibérément, consciemment, le général donna à ses yeux un éclat fixe et irrité. « Vous êtes devenu si diablement insolent, qu’un de ces jours vous allez mourir devant un peloton d’exécution. » Sa voix avait ressemblé à un mugissement réprimé, et Hearn vit avec une vive surprise que les doigts du général tremblaient. Le soupçon d’une idée monta dans sa tête, faillit s’y préciser, puis s’affaissa comme un fil qui, ayant manqué le chas d’une aiguille, vacille délicatement avant de fléchir.
    « Je m’excuse. »
    Et cela non plus ne semblait pas la chose à dire. La bouche du général avait pâli. Il s’appuya sur le dossier de sa chaise pliante, aspira longuement à sa cigarette, et tout à coup il sourit à Hearn, un sourire cordial, paternel, incroyablement contrefait. « Vous êtes encore un peu vexé à cause de cette affaire de viande, n’est-ce pas ? »
    Vexé. Le général s’était déjà servi de ce mot, une fois. Un mot déjà presque ancien. Avait-il regagné son aplomb ? Il était un peu étrange de senti ; -que le général s en venait ; un peu inquiétant. Hearn se raidit instinctivement, se mit sur la défensive, comme si on était sur le point de lui demander une chose qu’il ne voulait pas accorder. Le général ne faisait jamais rien pour faciliter leurs relations. Parfois leurs rapports prenaient l’aspect d’une amitié que bien des généraux entretenaient avec leurs aides – tacite, une amitié officiers supérieurs ou ordonnances. D’autres fois ils se rapprochaient encore davantage ? – les discussions, les cancans occasionnels. Mais il y avait aussi cet antagonisme entre eux, – et il n’arrivait pas à découvrir quel était le tronc sur lequel tout cela se greffait.
    « Je pense que je suis vexé, dit-il à la fin. Ils ne vous porteront pas dans le cœur, les soldats, pour cette viande qu’on leur a filoutée.
    – Ils en blâmeront Hobart, ou Mantelli, ou le sergent de mess. C’est d’ailleurs sans importance. Vous ne vous en souciez guère, au fond, et vous le savez. »
    Du diable, s’il laissait rien passer. « Si je m’en souciais, vous ne sauriez certainement pas le comprendre.
    – Je suppose que si. Je possède, à tout prendre, une dose normale de réactions passablement décentes.
    – Ha.
    – Vous en doutez, Robert. La racine de toute l’inefficacité des libéraux pousse de chic dans l’incertitude désespérée où flotte leurs esprits. »
    Pousse de chic dans ! Il était presque plaisant de trouver une trace de terroir du Middlewest parmi les facettes biseautées dont était fait le langage du général. « Il est toujours facile de coller des étiquettes, dit-il.
    – Oh ! réfléchissez un peu, voulez-vous ? Si vous aviez jamais poussé jusqu’au bout n’importe laquelle de vos idées, vous auriez vu que pas une seule ne tient debout.
    – Possible, mais je ne vois pas quel rapport avec la viande.
    – Bon, eh bien, suivez-moi. Et vous serez forcé de tomber d’accord avec moi, car j’ai étudié mon problème. Quand j’avais votre âge, un peu plus peut-être que votre âge, je me suis préoccupé de savoir ce qui faisait qu’une nation se bat bien.
    – Je suppose que ça sera une sorte d’identité entre le peuple et le pays que ce soit pour le bien ou pour le mal. t >
    Le général secoua la tête. « C’est une attitude d’Historien libéral. Vous seriez surpris de savoir pour combien peu ce facteur entre en ligne de

Weitere Kostenlose Bücher