Les pièges du désir

Ariana. 
    Jack se dérida enfin. 
    – Non, n’ayez crainte. Cléopâtre sera aussi exotique et royale que vous pouvez le souhaiter. 
    Son sourire réchauffa le cœur de la jeune femme. Seigneur, elle risquait de s’éprendre de lui comme une midinette ! 
    – Heureusement que les Egyptiennes portaient les cheveux défaits, observa Nancy, pragmatique. Les vôtres sont si beaux, miss Blane ! Ce sera superbe. 
    Ariana lui sourit. 
    – Merci, miss Vernon. Quel gentil compliment ! 
    Décidément, elle aimait la sœur de Jack, si fraîche, si jeune et débordante d’espoir. Exactement semblable au portrait que Jack avait fait d’elle… Il était évident pour elle que Michael partageait cet avis. Pour le moins ! 
    Elle se tourna vers Jack. 
    – Peut-être devriez-vous venir au théâtre avec moi, afin de choisir le costume qui conviendrait le mieux à une reine d’Egypte ? 
    – Excellente idée, approuva Michael. 
    – Quel plaisir de fourrager dans les costumes ! renchérit Nancy. Oh, Jack, dis oui ! 
    Le regard de Jack sonda celui d’Ariana, dont le cœur palpita. 
    – Si vous le désirez… 
    Tout en devisant ainsi, ils avaient atteint Adam Street. Nancy pressa Michael de se dépêcher. 
    – Maman va se demander ce que nous sommes devenus. Il est presque l’heure de dîner. 
    Il allait de soi que Michael était invité pour le repas. Les deux jeunes gens firent leurs adieux à Jack et Ariana, qui se retrouvèrent seuls. 
    – Puis-je vous demander de me raccompagner chez moi, monsieur Vernon ? 
    – Bien sûr, répondit-il sans la moindre hésitation. 
    Elle sentit son cœur se gonfler de bonheur. 
    – Je me suis bien amusée cet après-midi. 
    Pas de réponse. Elle lui secoua le bras. 
    – Allons, Jack, cela ne vous coûterait rien de me dire que vous avez apprécié notre sortie, vous aussi. 
    Il baissa les yeux vers elle et son visage s’éclaira lentement. 
    – D’accord, je me suis bien amusé ! 
    Ce sourire eut un effet dévastateur sur elle. Tu t’es bel et bien entichée de lui … Elle eut le plus grand mal à s’empêcher de danser de joie, tandis qu’ils traversaient Maiden Lane. Après tout, pourquoi ne lui ouvrirait-elle pas son cœur ? Elle n’était plus la petite oie blanche qu’elle avait été à dix-huit ans. 
    Parvenue devant sa porte, elle lui prit la main. 
    – Entrez un instant, voulez-vous ? 
    Il accepta. 
    – Juste une minute, précisa-t–il toutefois. 
    Le cœur d’Ariana battit d’excitation. La main toujours dans la sienne, elle ouvrit la porte et entraîna Jack à l’intérieur. Betsy apparut à l’autre bout du hall, une pile de linge plié dans les bras. 
    – Miss Blane, il y a un monsieur qui veut vous voir. 
    Ariana fronça les sourcils. 
    – Un monsieur ? 
    Elle jeta un coup d’œil à Jack, qui semblait avoir déjà repris ses distances. 
    – Qui est-ce ? s’informa-t–elle. 
    – Je n’ai pas bien retenu, mademoiselle. Lord quelque chose… 
    Ces mots firent à Ariana l’effet d’une douche froide. 
    – Lord Tranville ? suggéra Jack. 
    Betsy parut indécise. 
    – Je ne sais pas, monsieur, ce n’est pas moi qui l’ai fait entrer. Il est là depuis plus d’une heure en tout cas. 
    – Il est dans le salon ? s’enquit Ariana, atterrée. 
    – Oui, oui, dit la servante, qui se hâta vers l’escalier. 
    Jack fit un mouvement en direction de la porte. 
    – Au revoir, miss Blane. 
    Mais elle lui tenait toujours la main. 
    – Oh, non, s’il vous plaît. Montez avec moi un petit instant. 
    Il coula un regard vers le salon, dont la porte était close. 
    – Mais vous avez un visiteur… 
    Il semblait qu’une muraille de pierre les séparât de nouveau. 
    – Tant pis ! Il attendra. 
    – Ce n’est pas son genre, Ariana. 
    – Qu’importe ? Je vais le renvoyer. 
    Il secoua la tête et elle comprit qu’il ne servirait à rien d’insister. 
    – Mais vous viendrez voir les costumes demain, n’est-ce pas ? 
    Et comme il jetait un nouveau coup d’œil vers le salon : 
    – S’il vous plaît, Jack, ne refusez pas ! 
    Il posa la main sur la poignée de la porte d’entrée. 
    – Choisissez le costume qui vous convient et apportez-le demain à l’atelier. 
    – Jack, je vous en prie ! 
    Il la regarda dans les yeux. 
    – Non, miss Blane. L’enjeu est trop important pour nous deux, vous l’avez dit vous-même. Il vaut mieux que