Les pièges du désir

pâtisse de son refus. Il fallait absolument qu’elle trouve une issue ! 
    Elle plaqua un masque indigné sur son visage. 
    – Ceci n’a rien à voir avec mon portrait, monsieur. C’est moi qui suis concernée. Ma carrière de comédienne ! 
    Il relâcha enfin son étreinte. 
    – Ne craignez rien, vous aurez l’occasion de briller sur scène. Vous ferez sensation dans Antoine et Cléopâtre . Loin de moi l’idée de vous priver de votre heure de gloire ! 
    – Et ensuite ? 
    Mais elle connaissait déjà la réponse. Une baronne ne s’exhibait pas sur scène ! 
    Il éclata de rire. 
    – Quand vous serez ma femme, vous serez bien trop occupée pour songer au théâtre. Vous deviendrez une vraie puissance à Londres, grâce à votre beauté et à mon influence. Vous donnerez de grands bals et serez l’hôtesse de dîners politiques de premier plan. Et puis nous voyagerons. Paris, Naples, Vienne… 
    Ariana déglutit. Tout cela lui semblait sinistre ! Une seule nuit avec Jack valait davantage pour elle que toute une vie avec cet homme. Jack était le seul pour qui elle pourrait abandonner la scène. Hélas, elle doutait qu’il le lui demande jamais ! 
    Elle prit une profonde inspiration. 
    – Vous me faites un grand honneur, lord Tranville. Soyez sûr que je vais réfléchir sérieusement à votre proposition. 
    Il haussa les sourcils. 
    – Vous n’êtes pas en mesure de dire oui tout de suite ? 
    Ariana marchait sur des œufs, elle le savait. 
    – Pas immédiatement. J’ai besoin de réfléchir. 
    – Je suis tenté de considérer cela comme un acquiescement. 
    – N’en faites rien, je vous en prie. Mais je vous promets d’étudier consciencieusement votre demande. 
    – Je ne vois aucune raison de retarder votre décision… 
    Il écarta les mains. 
    – Je peux vous donner le monde, ma chère ! 
    Ariana se détourna de lui. 
    – Vous ne voulez pas que je vous oppose un non impulsif, n’est-ce pas ? Abandonner la scène, ce n’est pas une mince affaire pour moi. 
    Oh, Seigneur, elle devait trouver un moyen de se sortir de ce guêpier ! Si seulement il pouvait renoncer à ce projet insensé… 
    – Je veux être sûre, reprit-elle. 
    – Votre métier d’actrice ne vous manquera pas. Comment puis-je vous convaincre ? 
    Il la prit brusquement dans ses bras et posa les lèvres sur les siennes. 
    S’il avait pensé que son baiser la ferait changer d’avis, il s’était grandement fourvoyé ! Elle fut prise d’une véritable nausée. 
    – Monsieur ! s’exclama-t–elle en le repoussant. Si vous prenez des libertés avec moi, je ne pourrai pas croire que vous avez des intentions honorables. Si cette demande est un subterfuge pour m’entraîner dans une liaison… 
    – Il n’y a pas de subterfuge ! assura-t–il en dardant sur elle un regard concupiscent. Je veux vous épouser et rien ne m’arrêtera. 
    Ariana bondit sur ses pieds. 
    – Je dois partir. Si vous voulez bien m’excuser… 
    Il se leva à son tour et lui glissa l’écrin entre les mains. 
    – Acceptez mon présent, s’il vous plaît ! 
    Elle lui rendit la boîte. 
    – Je le prendrai si j’accepte également votre proposition. Et maintenant, veuillez me raccompagner jusqu’à la Green Room, ou laissez-moi y retourner seule. 
    Il se pressa contre elle. 
    – Je vais vous escorter, mon amour. 
    Elle aurait préféré qu’il la dispense de sa compagnie et dut faire un effort pour dissimuler son agacement. Parvenu au foyer, il ne la quitta pas d’une semelle et, pour la plus grande irritation d’Ariana, informa discrètement Daphné Blane de sa demande en mariage. 
    Daphné profita d’un instant où Tranville était accaparé par Arnold pour entraîner sa fille à l’écart. 
    – Espèce d’idiote, pourquoi ne l’as-tu pas accepté tout de suite ? Nous serions enfin casées ! 
    Nous ? Evidemment, sa mère comptait bien prendre sa part de la manne ! 
    – Je n’ai aucune intention d’abandonner le théâtre, objecta Ariana. 
    Daphné rit si fort que plusieurs têtes se tournèrent vers elle. Elle se pencha à l’oreille d’Ariana. 
    – Le théâtre ? Balivernes ! Dis-lui oui et épouse-le avant qu’il ne change d’avis. 
    Elle s’éloigna sur ces mots et Ariana s’approcha d’Arnold et de Tranville, interrompant leur conversation. 
    – Si vous voulez bien m’excuser… Je vous souhaite une bonne nuit. 
    Elle avait