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Les Piliers de la Terre

Les Piliers de la Terre

Titel: Les Piliers de la Terre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ken Follett
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était malade et tu as tenté de le duper en profitant de sa
faiblesse. Les quatre autres délinquants avaient certainement fait le même
pari. Eh bien, ils allaient recevoir une leçon. « Gilbert et Hugh,
saisissez-vous de ce paysan et tenez-le solidement », ordonna-t-il.
    Athelstan,
désemparé, parlait toujours. Les deux chevaliers mirent pied à terre et
s’approchèrent. Son histoire de fièvre porcine n’intéressait pas le seigneur.
Les chevaliers le prirent par les bras. Il pâlit de frayeur.
    Du même
ton froid et coupant, William s’adressa à Walter. « As-tu tes gants en
cotte de mailles ?
    — Oui,
seigneur.
    — Mets-les
et donne une leçon à Athelstan. Mais assure-toi qu’il vivra pour répandre la
nouvelle.
    — Bien,
seigneur. » Walter tira de sa sacoche de selle une paire de gantelets de
cuir renforcés d’une fine maille métallique le long des doigts. Il les enfila
lentement. Les villageois, figés de peur, observaient Athelstan qui se mit à
gémir.
    Walter
descendit de cheval, se dirigea vers l’homme et lui décocha au creux de
l’estomac un coup de son poing couvert du gantelet. On entendit un bruit
horrible. Athelstan se plia en deux, le souffle coupé au point de ne pouvoir
même émettre un cri. Gilbert et Hugh le redressèrent et Walter le frappa au visage.
Du sang coula de sa bouche et de son nez. Une des spectatrices, probablement
son épouse, se mit à hurler en agrippant Walter : « Assez !
Laissez-le ! Ne le tuez pas ! »
    Walter
l’écarta. Deux autres femmes la maîtrisèrent tandis qu’elle continuait de hurler
et de se débattre. Les paysans regardèrent dans un silence révolté Walter
rosser systématiquement Athelstan jusqu’au moment où celui-ci, le corps inerte,
le visage couvert de sang, les yeux clos, perdit connaissance.
    « Laisse-le »,
dit William.
    Gilbert et
Hugh lâchèrent Athelstan qui s’effondra sur le sol et ne bougea plus. Son
épouse, libérée par les femmes qui la maintenaient, se précipita sur lui en
sanglotant. Walter ôta ses gantelets, puis essuya le sang et les bouts de chair
accrochés à la maille. William, qui ne s’intéressait déjà plus à sa victime,
inspectait le village. Il aperçut une construction en bois de deux étages,
apparemment neuve, bâtie au bord du ruisseau.
    « Qu’est-ce
que c’est ? demanda-t-il à Arthur.
    — Je
ne l’ai jamais vue, seigneur », répondit le bailli avec nervosité.
    William
était persuadé qu’il mentait. « C’est un moulin à eau, n’est-ce
pas ? »
    Arthur
haussa les épaules, mais son indifférence ne trompa pas William. « Je ne
vois pas ce que ça pourrait être d’autre, juste au bord du torrent », dit
le bailli.
    Comment
osait-il montrer une telle insolence après avoir vu le paysan battu presque à
mort sur les ordres du maître ? « Est-ce que mes serfs ont le droit
de bâtir des moulins sans ma permission ? demanda William.
    — Non,
seigneur.
    — Sais-tu pourquoi c’est interdit ?
    — Parce
qu’ils doivent apporter leur grain aux moulins du seigneur et payer le meulage.
    — Et
que le seigneur en tire profit.
    — Oui,
seigneur. »
    Avec le
ton condescendant qu’on adopte pour expliquer quelque chose d’élémentaire à un
enfant un peu niais, Arthur continua : « Mais s’ils paient une amende
pour avoir bâti illégalement un moulin, le seigneur tirera tout de même son
profit. »
    William,
irrité par la supériorité de son bailli, répliqua sèchement : « Mais
non, il n’en profitera pas de la même façon. L’amende n’est jamais aussi élevée
que les droits réguliers des paysans. C’est pourquoi ils préfèrent bâtir quand
même des moulins. Et c’est pourquoi, d’ailleurs, mon père ne le leur permettait
pas. » Sans laisser à Arthur le temps de répondre, il talonna son cheval
et galopa jusqu’au moulin. Ses chevaliers suivirent, ainsi que le cortège des
villageois effarés.
    William
sauta à terre. Le bâtiment était parfaitement reconnaissable : une grande
roue à aubes tournait sous la pression du courant et entraînait un axe qui
s’enfonçait dans le mur latéral du moulin. C’était une solide construction de
bois faite pour durer. Son bâtisseur s’attendait manifestement à en user
librement pendant des années.
    Le
meunier, planté sur le seuil de la porte ouverte, arborait une expression
savamment calculée d’innocence blessée. Dans la pièce, derrière lui,
s’entassaient des sacs de

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