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Les porteuses d'espoir

Les porteuses d'espoir

Titel: Les porteuses d'espoir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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de
     fourrure ; un béret d’hiver était mis un peu de côté sur ses cheveux tirés vers
     l’arrière en une coiffure sophistiquée, dévoilant de charmantslobes d’oreilles portant chacun une petite perle blanche… Malgré lui, Pierre
     s’approcha en murmurant le prénom de la femme. Avec les sifflements admiratifs
     qui avaient suivi l’entrée de Mélanie, personne ne le remarqua. Mélanie trouva
     étrange cet homme masqué qui se tenait immobile devant elle, lui bloquant
     presque le passage. Elle le repoussa légèrement de la main et s’adressa à sa
     mère.
    — Pis maman, je suis-tu correcte ? demanda-t-elle en tournant un peu sur
     elle-même.
    Madame Langevin s’essuya les mains sur son tablier avant de méticuleusement
     enlever un cheveu tombé sur le devant de la veste.
    — T’es ben chic ! s’exclama Jeanne-Ida.
    — T’as pas à t’inquiéter, Mélanie, tu es très bien, répondit finalement la mère
     après un examen de la tenue de sa fille.
    — Merci pour vos boucles d’oreilles, dit Mélanie.
    — Juste à pas les perdre… C’est les seuls bijoux que j’ai.
    Dérangée par la Mi-Carême, madame Langevin se plaignit :
    — Non, mais ils auraient pu choisir une autre maison. Jeanne-Ida, dépêche-toé
     de les servir qu’ils débarrassent le plancher !
    — Je ferai pas honte au docteur ? s’inquiéta Mélanie.
    — J’t’ai dit que t’étais ben correcte. Il t’emmène quand même pas aux noces de
     la princesse Élisabeth.
    — Quand même, c’est la première fois qu’il va me présenter à toute sa famille.
     Pis toi, Jeanne-Ida, quand le docteur va arriver, je peux y demander qu’on aille
     te reconduire chez vous.
    — Es-tu folle ? La Mi-Carême a passe jamais par la ferme du père. On est trop
     loin.
    — Y sont surtout plus capables de mettre un pied devant l’autre, rétorqua
     Mélanie. Ceux-là sont déjà ben pompettes, je trouve. Pis ben bruyants aussi,
     ajouta-t-elle plus fort en chicanant les fêtards.
    — Le curé va arriver à ses fins pis on sera plus jamais
     bâdrés !
    — Que le ciel vous entende, maman. Ben moi, je vas aller attendre le docteur
     Poissan dehors.
    Mélanie mit son manteau et se fraya un chemin jusqu’à la porte, repoussant avec
     un peu d’impatience la horde de délurés qui ne voulaient pas qu’elle leur fausse
     compagnie si vite. Pierre ne pouvait détacher son regard d’elle. Sous son
     masque, Mathieu en faisait autant pour Jeanne-Ida.

    Personne ne se rendit compte que quelques minutes plus tard, Pierre sortait à
     la suite de Mélanie. La jeune femme marchait de long en large sur l’étroit
     chemin déneigé qui menait à la porte de la maison, essayant de se réchauffer en
     attendant que le médecin vienne la chercher. Elle ne possédait pas de gants
     assez chics pour aller avec son ensemble. Elle était donc restée les mains nues.
     Pierre s’avança silencieusement. Quand Mélanie réalisa qu’elle n’était plus
     seule, elle se mit sur la défensive.
    Pierre souffrait de plus en plus. Chaque pas lui coûtait un effort, ce qui
     rendait sa démarche douteuse. Mélanie jeta un regard apeuré de gauche à
     droite.
    — Mélanie, murmura à nouveau Pierre.
    Elle fronça les sourcils.
    — Tu me connais ? Que c’est tu me veux ? Va retrouver les autres. Le docteur
     Poissan va arriver.
    La jeune femme essaya de ne pas montrer sa crainte.
    — Mélanie, c’est moi, Pierre.
    La jeune femme crut reconnaître la voix. Elle resta interdite. Se méprenant,
     Pierre se dit que Mélanie l’avait connu sous son nom d’emprunt, Joe Dubois. Il
     retira son déguisement. Mélanie écarquilla les yeux de stupeur.
    — Mon vrai nom est Pierre Rousseau, fit-il avec un sourire
     crispé.
    Son esprit était comme embrouillé. Parler lui demandait un effort.
    Mélanie lui sourit enfin, reprenant le contrôle de ses émotions.
    — Je l’ai toujours su… Papa me l’avait dit… Ça fait longtemps.
    — Sept ans… j’ai compté tantôt. Tu… tu as changé… tes cheveux… sont ben plus
     longs…
    — Ils ont poussé, voyons. J’espère que tu nous ramènes pas de poux en
     cadeau.
    — C’est pas juste tes cheveux qui ont poussé…
    Mélanie piqua du nez en croisant les bras sur sa poitrine.
    Pierre se mordit la langue. Quelle idiotie venait-il de dire ! Qu’allait penser
     Mélanie ! Il détaillait sa silhouette, mais il voulait dire qu’elle avait
     grandi, que…

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