Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les porteuses d'espoir

Les porteuses d'espoir

Titel: Les porteuses d'espoir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
Vom Netzwerk:
mains. « Paul-André, non
     Seigneur non, il n’est pas arrivé un accident, non… »
    Depuis plusieurs mois, Yvette avait fait la paix avec sa tante. Une paix
     fragile, mais bon, c’était plus vivable ainsi. Elle avait menti et avait juré
     qu’il ne s’était rien passé entre elle et son gérant. Elle avait promis de ne
     plus rentrer tard ou de l’avertir si elle n’en avait pas le choix. Elle invita
     quelques fois Paul-André à veiller et le présenta depuis comme son prétendant.
     Elle parlait avec sa tante de probabilité de fiançailles et de mariage.
    — Ma chérie, sois courageuse, Paul-André est… est…
    Marie-Ange manqua elle-même de courage. Sa nièce semblait déjà près de
     l’évanouissement.
    Des yeux, elle supplia Henry de lui venir en aide.
    — Yvette, Paul-André est déjà marié.
    — Quoi ?
    — Oui, marié à une Anglaise qu’il a connue pendant la guerre… Elle s’appelle
     Julia et ils ont deux enfants.

    Pierre ouvrit les yeux. Il ne voyait rien. L’immense douleur
     avait disparu. À la place, un élancement à son flanc droit, mais bien
     supportable. Il se sentait très faible et chercha des yeux à se situer. Dans un
     brouillard, le visage d’une femme se pencha sur lui.
    — Mélanie, chuchota-t-il.
    Sa vision se précisait lentement. Il ne parvenait à voir qu’un cercle de
     lumière à la fois. Il lui était impossible de discerner la pièce dans son
     ensemble.
    — Non, c’est Odile, Pierre.
    Assommé, Pierre ne réussissait pas à comprendre la signification de ce
     prénom.
    — Tu es à l’hôpital de Roberval, les docteurs t’ont opéré, continua la
     femme.
    — Opéré ?
    — Ils t’ont ouvert le ventre.
    — J’avais mal…
    — Ils disent que t’as passé à un cheveu de mourir ! s’écria Odile. Ah Pierre !
     Dès que j’ai reçu le télégramme de ton frère, je suis venue à l’hôpital. Je veux
     pas que tu meures !
    — Odile…, murmura Pierre en refermant les yeux.
    La jeune fille pleurait de tout son corps sur le bord du lit d’hôpital. Les
     soubresauts le faisaient souffrir.
    — Arrête, lui dit-il, la priant de cesser de bouger et d’être si
     bruyante.
    Les oreilles lui bourdonnaient et il avait encore des nausées. Odile
     l’étourdissait. Avec un ultime effort avant de sombrer dans la torpeur, Pierre
     revit les derniers événements, la Mi-Carême, Normandin, les Langevin, le train,
     Mélanie qui lui parle... la certitude de mourir… Jamais Odile n’avait fait
     partie de ses pensées. Il en avait oublié l’existence… et en ce moment, il
     préférait continuer de faire pareil.

    Yvette sortit de la maison en courant, dévalant les escaliers,
     trébuchant sur le trottoir. Elle courut sans destination précise, avec seulement
     le besoin de fuir l’écho de paroles effroyables, une sentence de mort… Elle
     ralentit et marcha longuement. Dans sa tête résonnaient les paroles de sa
     tante.
    — Tu vas devoir oublier l’existence de cet homme, ma fille.
    Ce que sa tante ignorait, c’est que son corps ne lui permettrait pas ce
     bienfaisant oubli.

    — Mélanie, murmura à nouveau Pierre en revenant à lui.
    — Non, c’est Odile.
    — Mélanie, répéta le nouvel opéré à moitié endormi.
    Odile éclata en larmes.
    — Tu fais juste dire le nom de cette fille !
    Dans la salle commune, les autres patients la dévisagèrent un instant avant de
     retourner à leurs propres malheurs.
    Pierre retrouva toute sa lucidité.
    — Pleure pas, Odile, dit-il d’une faible voix. C’est… j’étais juste mélangé. Je
     sais pas trop ce qu’ils m’ont donné…
    La jeune fille se calma.
    — La garde-malade a dit de pas bouger, Pierre, que tu pourrais ouvrir ta plaie.
     Elle va revenir changer ton pansement.
    — J’ai soif…
    Odile alla chercher à boire sur un meuble près du mur.
    Elle lui tendit le verre.
    — Merci.
    Après s’être désaltéré, il confia à Odile à quel point il se sentait
     faible.
    — On dirait que j’suis de la guenille.
    — Tu fais juste dormir depuis deux jours.
    — C’était quoi, ma maladie ? Tu le sais ?
    — Le docteur a dit « une appendicite » et que tu avais été bien chanceux. Il
     dit que c’est un miracle que tu sois parmi nous.
    Elle se remit à pleurer.
    — Odile…
    — Je m’excuse, Pierre, mais quand je pense que tu as failli mourir !
    — Ben là, je suis vivant, rétorqua-t-il avec agacement. Où est…

Weitere Kostenlose Bücher