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Les porteuses d'espoir

Les porteuses d'espoir

Titel: Les porteuses d'espoir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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également au bureau du journal
     rencontrer son patron, faire quelques corrections et remettre sa chronique.
     Maintenant, en plus du courrier du cœur, elle s’occupait de La reine du
     foyer , des articles traitant de divers sujets pouvant intéresser les
     ménagères : des trucs de lessive, de blanchiment, comment enlever des traces de
     sang, de rouge à lèvres, etc. Elle prépara une aiguillée de fil blanc et replaça
     le bouton manquant de la chemise. Elle étaitfatiguée. En plus
     de son travail de journaliste, elle devait voir à la maison, cuisiner, faire le
     lavage, le repassage, amen  ! Avec le mariage de Pierre, elle avait pris
     beaucoup de retard. Et la grande visite qui arrivait !
    — Notre fils a trouvé chaussure à son pied, dit François-Xavier.
    Julianna prit un air pincé.
    François-Xavier poursuivit :
    — Cette Mélanie est ben gentille.
    — Je la trouve un peu trop indépendante, fit remarquer Julianna sans lever les
     yeux de son ouvrage.
    — Ben, voyons… parce qu’elle a remis le mariage pendant un an ? Ça démontre
     juste qu’elle a une tête sur les épaules.
    — C’est peut-être ça que j’ai jamais eu, moi…
    — Bon, que c’est qu’il y a encore ?
    Avec ses dents, Julianna cassa le fil et tendit la chemise à son mari.
    — Y a rien. J’aurais juste aimé ça, recevoir Henry pis sa femme comme du monde.
     Ils sont obligés d’aller à l’hôtel.
    — Henry a les moyens, à ce que je sache.
    — Quand même, si on avait acheté la maison des Lavoie…
    — Julianna, on reviendra pas là-dessus encore ! Nous, on les a pas, les
     moyens !
    — Avec l’argent que je ramène, on n’a pas à se plaindre.
    — Peut-être ben, mais t’as voulu acheter une laveuse à tordeur, une nouvelle
     cuisinière, un frigidaire…
    — Toi non plus, ne reviens pas là-dessus. Il reste qu’on aurait pu quitter ce
     logement : il est bien trop petit.
    — À t’entendre parler, c’était le paradis sur terre icitte. Tu m’as tordu le
     bras pour que je signe.
    — En cinq ans, les besoins changent. Il faut évoluer. Maintenant, je dois
     absolument faire cet article.
    Elle reprit place derrière sa table de travail et relut une des
     dernières lettres. Elle n’avait plus besoin d’inventer des histoires comme lors
     de ses premières chroniques. Les nombreuses missives que le journal recevait
     débordaient dans la boîte de carton placée près d’elle.
    — Bon, laquelle je choisis ? L’histoire de la belle-mère qui se mêle de tout ou
     celle de la pauvre épouse jalouse ?
    — Les deux, c’est pareil, c’est rien que des niaiseries.
    — Bon, je prends la jalouse… Des belles-mères, j’en ai souvent parlé.
    Elle rangea les autres lettres et reprit à haute voix quelques passages en
     marmonnant quelques commentaires.
    Chère Bella, je vous écris pour vous écrire… ben oui, tiens, elle écrit
     pour écrire… Mon mari rentre tard tous les soirs, aux petites heures du
     matin… taches de rouge à lèvres… sent le parfum de femme… J’ose pas lui en
     parler, je veux pas le perdre… signé, femme trompée … Que c’est je lui
     réponds…
    — N’importe quoi, pour ce que ça va changer à sa vie.
    — François-Xavier, cette femme-là attend ma réponse. Bella est peut-être la
     seule personne à qui elle peut demander conseil. Des fois, les lettres sont
     tellement tristes. C’est difficile à imaginer qu’il y a tant de malheur pis de
     détresse chez les femmes.
    — Des vieilles filles qui doivent s’ennuyer. La moitié de tes lettres doivent
     être des racontars.
    — Tu me décourages quand je t’entends parler de même. Y a plein de jeunes
     filles aussi qui écrivent. Elles se demandent si elles doivent entrer en
     religion ou marier l’homme que leur père a choisi. Ce n’est pas croyable qu’à
     notre époque, y ait encore des pères qui forcent leurs filles.
    — Ils ont peut-être bien leurs raisons… Si une fille a plus d’honneur, elle l’a
     cherché.
    — Ben oui, c’est toujours la faute de la femme.
    — En tout cas, monsieur Langevin a pas dû forcer Mélanie. Notre
     Pierre en pouvait plus d’attendre. Tu me fais-tu mes toasts là ? J’ai
     faim.
    — Ça sera pas long… Ces Langevin m’ont pas l’air ben instruits.
    — Commence pas à lever le nez sur la belle-famille de Pierre. C’est du bon
     monde, ça paraît. Pour l’instruction, on est pas mieux qu’eux

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