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Les porteuses d'espoir

Les porteuses d'espoir

Titel: Les porteuses d'espoir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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Jeanne-Ida remettait à plus tard ce projet. Elle
     arguait qu’elle était très fatiguée d’avoir tant étudié, qu’elle désirait se
     changer les idées un peu avant d’entreprendre son métier. L’hiver était passé et
     maintenant l’été. Mathieu se dit qu’il était peut-être temps de la convaincre de
     l’épouser.

    En chantonnant, Julianna s’assit à la table et ouvrit son courrier personnel.
     Elle commença par la lettre de Paris. Elle fronça lessourcils
     et perdit de sa bonne humeur. Elle était inquiète pour Yvette. Ses dernières
     missives se faisaient de plus en plus rares et Julianna sentait qu’elle n’était
     pas aussi heureuse qu’elle semblait vouloir l’en convaincre. Julianna avait
     commencé à laisser entrevoir la possibilité qu’elle et François-Xavier aillent
     lui rendre visite. Avec son salaire, elle mettait de l’argent de côté depuis des
     années pour ce voyage en Europe. Mais sa fille ne démontrait pas grand
     enthousiasme. Au contraire, elle lui écrivait de ne pas venir, qu’elle aurait
     peut-être un engagement hors de la ville, bref, Julianna sentait qu’il y avait
     quelque chose de pas très net. Elle était bien contente d’avoir demandé à Laura
     de passer la voir. Laura avait décidé de devenir missionnaire. Elle était
     devenue une petite sœur d’Afrique. Elle passerait par Paris rejoindre un groupe
     de religieuses, irait en Angleterre pour une dernière formation et vivrait
     désormais chez les Africains pour le restant de ses jours si Dieu le voulait…
     Julianna lui avait caché son désarroi et avait fait bonne figure. Elle lui avait
     cependant demandé la faveur d’aller voir ce qui se passait avec sa sœur. Comme
     disait son mari, elle devait encore s’inquiéter pour rien ! Elle jeta un œil sur
     la pendule. Elle avait encore un peu de temps devant elle. Elle avait
     rendez-vous avec son patron, avec Yves… Il voulait lui parler d’un nouveau
     projet. Elle portait sa robe préférée et avait arrangé ses cheveux, qu’elle
     teignait maintenant d’un beau blond cendré, en une jolie coiffure qui lui allait
     comme un gant. Elle avait maigri ces dernières années et avait retrouvé une
     jolie taille dont elle était fière. Elle sourit en pensant aux compliments
     qu’Yves ne manquerait pas de lui faire lorsqu’elle le rejoindrait au bureau.
     Avec culpabilité, elle chassa rapidement son patron de son esprit. Elle ouvrit
     la deuxième lettre, qui lui venait des États-Unis. Tiens, se dit-elle, ce
     n’était pas l’écriture de sa sœur… Julianna reçut la nouvelle comme une gifle.
     Marie-Ange, Marie-Ange était décédée, là-bas, aux États-Unis. La lettre venait
     de lui parvenir, unmois après sa mort. Choquée, elle fondit en
     larmes. Marie-Ange, sa chère Marie-Ange… Toujours ces départs… Au moins,
     Marie-Ange n’avait pas souffert. Son cœur avait lâché, tout simplement. Il avait
     cessé de battre dans son lit, la nuit. Sa fille Berthe l’avait trouvée au petit
     matin. Berthe était une étrangère pour Julianna. Sa nièce avait quand même eu
     l’amabilité de lui écrire un petit mot. Maman m’a beaucoup parlé de vous,
     tante Julianna. Je suis navrée… et le bla-bla habituel. Julianna rejeta
     la lettre. Marie-Ange lui avait écrit régulièrement, sans faute. Julianna savait
     la joie qu’elle avait eue de retrouver ses enfants et de pouvoir partager avec
     eux quelques instants de bonheur. Un bonheur fragile, certes, mais dont
     Marie-Ange avait apprécié chaque seconde.
    — Tu verras, quand tu seras grand-maman comme moi, tu comprendras, lui
     avait-elle dit. Et tu deviendras aussi gaga que je le suis avec mes
     petits-enfants, américains ou pas…
    Hélène entra dans la cuisine. Rapidement, Julianna se détourna et essuya ses
     larmes. Elle ne voulait pas que sa nièce la voie dans cet état. Elle replia la
     lettre et la serra dans le décolleté de sa robe, avec son mouchoir. Elle lui
     tourna le dos, se mettant à faire du café. Elle voulait attendre avant de lui
     annoncer la mort de celle qui l’avait élevée. Il lui fallait reprendre un peu de
     force elle-même avant de pouvoir consoler quelqu’un d’autre. Hélène s’était bien
     acclimatée quand elle avait su que sa nouvelle maison serait désormais à
     Chicoutimi. À côté d’Yvette, sa nièce, à part quelques sautes d’humeur normales
     par mois, était facile à vivre. Elle appréciait

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