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Les porteuses d'espoir

Les porteuses d'espoir

Titel: Les porteuses d'espoir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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Roger jusqu’à la gare.
    Pierre alla mettre le trésor bien à l’abri dans ses effets personnels. Il y
     cacha également les larmes qu’il avait eu peine à retenir devant son ami.

    Pendant la messe anniversaire commémorant la fondation de Normandin, quelle ne
     fut pas la surprise pour Pierre de reconnaître l’abbé Victor Tremblay, qui était
     l’un des orateurs ! L’historien avait été invité à faire un discours. Pierre
     essaya de se dissimuler le plus possible en arrière de l’assemblée. Évidemment,
     lors de leur rencontre chez le curé Duchaine, Pierre n’était qu’unadolescent, mais avec sa chevelure rousse et sa cicatrice
     buccale, il y avait fort à parier que cet homme mette un nom sur son visage.
     Pierre regretta d’avoir pris le risque de rester à Normandin. La présence de
     l’abbé compliquait la situation. Il courba le dos et se dissimula derrière une
     des colonnes de l’église. La messe terminée, il essaya tant bien que mal de se
     fondre dans la masse, guettant du coin de l’œil les déplacements de l’abbé et
     ceux de Gros Jambon. Rendu sur le parvis de l’église, il se retrouva de l’autre
     côté de son ennemi. Celui-ci faisait virevolter les clés du camion d’un air
     supérieur. Autour de lui, Pierre vérifia que les autres personnes participant au
     plan avaient pris leur position. Tout semblait se dérouler comme prévu. Nerveux,
     Pierre se rassura. Le gros ne suspectait rien. Il avait perdu de vue l’abbé
     Tremblay. Intérieurement, il se mit à prier : « Faites que tout se passe bien,
     je Vous en prie, Seigneur… » Soudain, Gros Jambon croisa son regard. Prenant la
     petite croix de la chaînette volée suspendue à son cou, il nargua Pierre en
     faisant glisser le pendentif de gauche à droite. Serrant les poings, Pierre
     essaya de se contenir. Un murmure dans la foule l’avertit que quelque chose
     d’inhabituel se produisait. Il tourna son regard vers la rue. Une jeep verte de
     la police militaire remontait l’allée menant à l’église. Pierre surveilla la
     réaction de Gros Jambon. Le bûcheron n’avait pas encore remarqué l’agitation et
     avait repris son petit jeu de hochet avec les clés. Pierre le vit relever la
     tête, une lueur interrogative dans les yeux tandis qu’il regardait autour de
     lui, conscient tout à coup qu’il se passait quelque chose. Quand son visage
     perdit toute couleur, Pierre sut que le bûcheron venait d’apercevoir, lui aussi,
     le véhicule de l’armée. La jeep s’arrêta au pied des marches et deux militaires
     en descendirent rapidement. Le silence se fit dans l’assemblée tandis que les
     hommes armés s’avançaient. Pierre se raidit, prêt à sauter sur Gros Jambon si
     celui-ci réussissait à s’enfuir. L’étau autour du déserteur était solide. Comme
     un rat qui cherche frénétiquementune issue, Gros Jambon
     essayait de tous les côtés de se sauver. Il n’avait aucune chance. Les hommes
     Langevin formaient une chaîne humaine, solidement nouée bras dessus, bras
     dessous. Avec un grognement, Gros Jambon tenta vainement d’en repousser quelques
     maillons tout en tentant de ne pas attirer l’attention sur lui. Ne pouvant faire
     autrement, sans trop comprendre pourquoi on s’acharnait ainsi contre lui, le
     piégé choisit de se terrer. Il se pencha et fit semblant d’attacher son soulier.
     Pierre réussit malgré tout à se ménager une ouverture et à apercevoir Gros
     Jambon, accroupi, la sueur perlant au front. Rien que le voir trembler de peur
     lui apporta déjà une certaine satisfaction. Les habitants de Normandin
     attendirent la suite. Ce n’était pas la première fois que la Military
     Police se pointait dans le village à la recherche d’un fugitif. Les MP
     étaient venus au printemps dernier vérifier l’identité de quelques jeunes
     hommes. De sa voix de stentor, habitué à se faire entendre par les troupes, un
     des militaires demanda si monsieur Lagardère était parmi la foule. Le cœur de
     Pierre se mit à battre. À son grand étonnement, Gros Jambon sembla soulagé.
     Comme de fait, au lieu du déserteur, ce fut un vieil homme qui sortit de la
     foule.
    — C’est moé, dit-il en s’avançant. Que c’est vous me voulez ?
    Il y avait une erreur, qu’est-ce qui se passait ?
    — On cherche votre fils, un dénommé Jean Lagardère.
    — Je sais pas y est où.
    — On aurait raison de croire qu’il serait pas

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