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Les porteuses d'espoir

Les porteuses d'espoir

Titel: Les porteuses d'espoir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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cela le faisait souffrir.
     François-Xavier s’étira. Assis sur les marches de la galerie avant de sa maison,
     il fumait une pipe. La nuit allait tomber bientôt. Il profita de ce moment béni
     pour trouver un peu de calme.
    — François-Xavier, il faut que je te parle, dit Julianna en le
     rejoignant.
    Il soupira.
    — Si c’est encore cette histoire de voyage à Montréal avec Yvette, tu sais ce
     que j’en pense.
    Il ne demandait pourtant pas la lune, juste cinq minutes de
     tranquillité !
    — Non, non, c’est Barthélémy. Sa toux a empiré pis je suis inquiète, dit-elle,
     les sourcils froncés.
    — Comme si c’était nouveau ! On peut pas craquer dans cette maison sans que tu
     t’énerves, répondit sèchement son mari.
    Il avait mal, était éreinté, il voulait seulement un moment de quiétude.
    Fâchée du manque de considération, Julianna reprit :
    — Excusez-moi pardon d’avoir dérangé monsieur ! Fume ta pipe voyons, c’est ben
     plus important que la maladie de notre fils.
    Elle fit mine de rentrer. Son mari l’en empêcha. Il regrettait son
     impatience.
    — Julianna, c’est toujours ben pas la première fois qu’un de nos enfants est
     malade. Depuis que Léo est resté sourd, tu imagines le pire à chaque petit
     bobo.
    — Cette fois-là, j’suis certaine que c’est grave. Toute la journée, j’me suis
     retenue pour pas aller te chercher aux champs. Barthélémy s’étouffe rien qu’à
     respirer ! Je veux que tu ailles chercher le docteur.
    — On va laisser passer la nuit pour voir pis demain, si ça rentre pas dans
     l’ordre comme à toutes les fois qu’un de nos petits gars a eu la grippe, j’irai
     demander le docteur.
    — Tête de cochon de Rousseau ! Viens le voir. Ça tire par en dedans sur sa
     poitrine quand il respire. C’est pas normal, je te dis !
    — Je vas monter tantôt, soupira François-Xavier en se retournant vers
     l’horizon.
    Insultée que son mari ne démontre pas plus d’empressement, Julianna se mit en
     colère.
    — Si jamais mon bébé a quelque chose pis qu’à cause de toi, y a pas vu le
     docteur à temps, je te le pardonnerai jamais, tu m’entends-tu François-Xavier
     Rousseau, jamais !
    Il la regarda s’engouffrer dans la maison, faisant claquer la
     porte sur ses gonds. Il soupira. Avec les années, les éclats de son épouse
     étaient devenus habituels. Au moindre bouton, à la moindre toux, elle paniquait.
     En cette fin d’octobre, les journées et les nuits commençaient à être froides.
     Lui-même frissonna. Il ne s’était pas assez couvert. Peut-être que son petit
     garçon perçait des dents. Malgré qu’à trois ans, les dents ont probablement fini
     de pousser… Peut-être pas toutes… Souvent, ils avaient le nez qui coulait
     pendant ce temps. Il dirait à Julianna de lui mettre de l’huile de clou sur les
     gencives. Ça ne pourrait pas faire de tort. Il n’irait certainement pas déranger
     ni payer le docteur pour une dent !
    Toujours dans ses pensées, il se dit qu’il serait plus sage de rentrer
     s’assurer que Barthélémy n’était pas si gravement atteint. Il haussa les épaules
     et décida de rester encore un instant sur la galerie. De toute façon, ce ne
     serait pas la première chose que Julianna ne lui pardonnait pas...

    Énervée, Mélanie se dirigea vers l’arrière de la ferme paternelle. Dans
     l’atelier, elle savait y trouver l’homme engagé. Son père l’avait envoyé y
     mettre de l’ordre en vue de l’hiver qui s’annonçait. Mélanie, qui revenait de sa
     journée d’école, portait son costume de couventine. Fréquentant le couvent du
     village, à son habitude, elle était passée prendre le courrier au bureau de
     poste qui était situé sur son chemin de retour. Le maître de poste lui avait
     remis une lettre adressée à monsieur Joe Dubois. Quand sa mère lui avait demandé
     d’aller la remettre tout de suite au jeune homme, elle n’avait même pas changé
     de vêtements et avait couru jusqu’au petit garage. Avoir un prétexte pour être
     en tête à tête avec Joe était plus qu’elle ne pouvait espérer. Elle le trouvait
     beau comme un dieu. Dès qu’elle l’avait vu la première fois, cela avaitété le coup de foudre. Elle avait caché du mieux qu’elle avait
     pu ses sentiments. Cet amour, si fort, si soudain, l’avait effrayée. Depuis le
     cinquantième, elle avait moins peur. Elle n’avait qu’une envie, celle

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