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Les proies de l'officier

Les proies de l'officier

Titel: Les proies de l'officier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Armand Cabasson
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que le vin paraissait toujours avoir meilleur goût dans les coupes en or.
    *
*   *
    Le colonel Delarse survécut à sa crise et aux deux qui suivirent. Margont contacta tous ceux dont il avait besoin. Fanselin fut enchanté que l’on ait pensé à lui. « Une affaire secrète ? J’en suis ! » s’exclama-t-il avant d’ajouter sur le ton du confident qui saurait garder un secret : « Y aurait-il une femme là-dessous ? » Dalero accepta également, trop heureux d’être associé à un événement susceptible de promouvoir sa carrière, car, selon lui, la campagne de Russie était terminée. Il estima cependant qu’ils ne seraient pas assez nombreux et vint accompagné de deux de ses grenadiers, les sergents Fimiento et Andogio. Leurs épaules étaient larges et carrées et leurs mains si volumineuses qu’une seule aurait suffi pour étrangler quelqu’un. Ils avaient beau arborer une tenue impeccable et des gants blancs, on devinait qu’ils pouvaient au besoin être les hommes des sales besognes.
    — Je le veux vivant, ordonna sèchement Margont.
    Il devait lever la tête pour leur parler et, leurs coiffes accentuant la différence, on avait l’impression d’un David s’adressant à deux Goliath. Mais il s’était exprimé avec une telle agressivité que l’un des titans tourna la tête vers Dalero pour implorer des renforts. Dalero contemplait sa montre. Le disque blanc bordé d’or était du plus bel effet ainsi déposé dans la paume blanche de son gant. Le raffinement semblait toujours de circonstance pour Dalero.
    — Il est quatre heures de l’après-midi. Comment allons-nous procéder ?
    Les huit hommes s’étaient installés dans les décombres de la maison de la comtesse Sperzof.
    — Des messagers vont apporter les lettres, expliqua Margont. Il s’agit d’habitants rencontrés dans la rue. Je les ai payés en poisson séché. Après-demain, ils recevront d’autres vivres s’ils ont bien accompli leur tâche.
    — Quand est fixé le rendez-vous ?
    — Dans la nuit de demain, à trois heures du matin. Mais nous allons d’ores et déjà nous poster dans nos cachettes et y rester, au cas où notre homme effectuerait une reconnaissance bien avant le rendez-vous ou enverrait quelqu’un le faire pour lui.
    Margont présenta le plan des lieux. La rue dans laquelle se situait la maison avait grandement souffert de l’incendie. Les belles demeures qui la bordaient n’étaient plus que façades noircies, murs effondrés et colonnes décapitées. Une succession de jardins jouxtait l’arrière de ces ruines. Celui de la comtesse Sperzof avait résisté. D’autres étaient réduits en cendres. Une rue débouchait en face du lieu du rendez-vous, entre deux amas de gravats et de pans de murs. Il y avait également un croisement proche, à plusieurs dizaines de pas de là, sur la gauche. Seul un bloc avait survécu aux flammes. Il s’agissait d’un immeuble dont l’extrémité était partiellement effondrée. Un bataillon du 48 e régiment y logeait. Margont traça une croix.
    — Je me tiendrai là, sous le porche. Le plan est le suivant : notre homme vient, j’essaie de discuter avec lui et, s’il avoue son crime, vous sortez tous de vos caches pour converger vers lui l’arme à la main.
    Les regards se posèrent sur la douzaine de pistolets que Margont avait réquisitionnés. Ces armes rassuraient malgré la faiblesse de leur précision, de leur portée et le fait qu’elles blessaient bien plus souvent qu’elles ne tuaient.
    — Je vais tout tenter pour le faire parler, alors pas d’intervention intempestive ! insista-t-il.
    — Seul celui que nous cherchons peut trouver cette adresse. Et il arrivera avec de l’or. Cela suffit, estima Dalero.
    — Nous avons affaire à un colonel : devant un tribunal militaire, sa parole pèsera le triple de toutes les nôtres réunies. Il dira qu’il passait par là par hasard, qu’il avait un rendez-vous discret avec quelqu’un pour acheter quelque chose... Il nous faut une preuve formelle, pas des présomptions ou des coïncidences peu probables.
    Saber, Fanselin et Piquebois se lançaient des regards qui en disaient long sur leur désarroi.
    — Un colonel ? Nous n’allons pas arrêter un colonel ? finit par demander Saber, persuadé qu’il allait dissiper un malentendu.
    Margont leur expliqua qu’ils recherchaient effectivement un colonel. Il leur déclara qu’il y avait d’excellentes raisons à cela, mais

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