Les quatre livres des stratagèmes
était dans la
détresse, abandonna son camp, où il laissa en abondance des
provisions de toute espèce. Les ennemis s’en emparent, se gorgent
de la nourriture qu’ils trouvent ; et, tandis qu’ils souffrent
de cet excès, Tiberius revient avec son armée, les surprend et les
taille en pièces.
15 Les habitants de Chio, faisant la
guerre à ceux d’Érythrée, leur enlevèrent un éclaireur sur une
éminence, le tuèrent, et revêtirent de ses habits un de leurs
propres soldats. Celui-ci, par les signaux qu’il fît du même lieu
aux Érythréens, les attira dans une embuscade.
16 Les Arabes, sachant que l’on
connaissait leur habitude d’annoncer l’arrivée de l’ennemi, le jour
avec de la fumée, et la nuit avec du feu, donnèrent l’ordre
d’entretenir continuellement ces signaux, et de ne les interrompre,
au contraire, qu’à l’approche des ennemis. Ceux-ci croyant, d’après
l’absence des feux, que les Arabes ignoraient leur arrivée,
s’avancèrent avec plus de précipitation, et furent défaits.
17 Alexandre, roi de Macédoine, voyant
que les ennemis étaient campés dans un bois situé sur une hauteur,
partagea ses troupes en deux corps, ordonna à celui qu’il laissait
au camp d’allumer autant de feux qu’à l’ordinaire, pour faire
croire à la présence de l’armée entière ; et, conduisant
lui-même l’autre corps par des chemins détournés, il alla fondre
d’un lieu plus élevé sur l’ennemi, et le débusqua.
18 Memnon de Rhodes, dont la principale
force était dans la cavalerie, ayant affaire à des troupes qui se
tenaient sur les hauteurs, et qu’il voulait attirer dans la plaine,
envoya dans leur camp plusieurs de ses soldats, chargés de jouer le
rôle de transfuges, et de faire croire que son armée était en proie
à une si forte sédition, qu’il en désertait à chaque instant une
partie. Pour accréditer ce mensonge, Memnon fit établir çà et là,
sous les yeux de l’ennemi, quelques petits forts qui semblaient
être l’ouvrage des prétendus déserteurs, pour leur servir de
retraite. Dans cette confiance, les ennemis, abandonnant les
collines, descendent en rase campagne, et, tandis qu’ils
s’attaquent aux forts, Memnon les enveloppe avec sa cavalerie.
19 Arybas, roi des Molosses, ayant à
soutenir une guerre contre Ardys, roi d’Illyrie, qui avait une
armée plus forte que la sienne, envoya dans une province d’Étolie,
voisine de ses États, ceux de ses sujets qui ne pouvaient se
défendre, et répandit le bruit qu’il abandonnait aux Étoliens ses
villes et toutes ses possessions ; puis, se mettant à la tête
de ceux qui étaient capables de porter les armes, il plaça des
embuscades sur les montagnes et dans des lieux de difficile accès.
Les Illyriens, craignant que les richesses des Molosses ne
tombassent au pouvoir des Étoliens, accoururent au pillage avec
précipitation et en désordre ; et quand Arybas les vit
dispersés et en pleine sécurité, il sortit d’embuscade, tomba sur
eux, et les mit en déroute.
20 T. Labienus, lieutenant de C. César,
désirant livrer bataille aux Gaulois avant l’arrivée des Germains,
qu’il savait devoir venir à leur secours, feignit de se défier de
ses forces ; et, après avoir assis son camp près d’un
fleuve [70] , sur la rive opposée à celle que
l’ennemi occupait, il donna l’ordre du départ pour le lendemain.
Les Gaulois, croyant qu’il fuyait, se mirent en devoir de franchir
le fleuve ; mais, au moment même où ils luttaient contre les
difficultés du passage, l’armée de Labienus fit volte-face, et les
tailla en pièces.
21 Hannibal, s’étant aperçu que Fulvius,
général romain, avait mal fortifié son camp, et agissait souvent
avec peu de prudence, envoya dès la pointe du jour, au moment où
d’épais brouillards obscurcissaient le temps, quelques cavaliers se
montrer aux sentinelles qui gardaient nos retranchements. Aussitôt
Fulvius fit sortir son armée. Hannibal, venant par un autre côté,
s’empara du camp, et de là tombant sur les derrières des Romains,
il leur tua huit mille des meilleurs soldats, et leur général
lui-même.
22 L’armée romaine ayant été partagée
entre Fabius le dictateur, et Minutius, maître de la cavalerie, le
premier sachant attendre les occasions, l’autre ne respirant que le
combat, Hannibal s’établit dans une plaine qui séparait les deux
camps ; et, après avoir caché une partie de son infanterie
dans des
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