Les refuges de pierre
jument n’était
pas habituée à prendre le sillage de l’étalon à qui elle avait donné le jour. C’était
toujours lui qui la suivait. Et, bien que Jondalar fût assis sur le dos de
Rapide et le guidât, Whinney trottait légèrement devant eux et semblait deviner
dans quelle direction l’homme voulait aller.
Les chevaux sont prêts à obéir aux ordres de leurs amis humains
tant que cela ne trouble pas leur sens de l’ordre des choses, pensa Ayla en se
souriant à elle-même. Elle se retourna, vit Loup qui l’observait. Quand les
chevaux étaient partis, elle lui avait fait signe de rester, et il attendait
patiemment.
Le sourire intérieur qu’avait suscité le comportement de Whinney
s’estompa quand son regard se porta sur l’homme qui gisait là où il était
tombé.
— Il faut le transporter, Joharran, dit-elle.
Le chef acquiesça, puis appela des hommes pour l’aider. Ils
improvisèrent une civière en attachant des lances ensemble pour obtenir deux
supports résistants puis en tendant des vêtements en travers. Thefona et
Kimeran revinrent alors et leur apprirent qu’ils avaient trouvé un petit abri
non loin de là. L’homme avait été déposé avec soin sur la civière. Il était
prêt à être transporté. Ayla appela Loup tandis que quatre hommes soulevaient
le blessé.
Quand ils arrivèrent à l’abri, Ayla et quelques autres
débarrassèrent le lieu des feuilles mortes et des débris poussés par le vent,
ainsi que des crottes séchées déposées par des hyènes.
Ayla découvrit avec satisfaction qu’il y avait de l’eau à
proximité. Dans la grotte située derrière la corniche, un bassin alimenté par
une source déversait son trop-plein dans une rigole qui s’était formée le long
de la paroi. Elle indiqua à Solaban où poser le bois que Brameval, lui et
quelques autres avaient apporté pour faire du feu.
Lorsque Ayla le leur demanda, plusieurs chasseurs donnèrent
leurs fourrures de couchage, qui furent empilées l’une sur l’autre pour former
une couche surélevée. Le blessé avait repris connaissance quand on l’avait
placé sur la civière mais il était retombé dans l’inconscience en arrivant à l’abri.
Il gémit lorsqu’on l’allongea sur les fourrures, se réveilla, grimaça, lutta
pour prendre sa respiration. Ayla lui souleva la tête pour l’aider. Il tenta de
sourire pour la remercier mais ne parvint qu’à cracher du sang. Elle lui essuya
le menton avec une peau de lapin qu’elle gardait avec ses remèdes.
Elle en profita pour dresser l’inventaire de ses ressources
limitées et vérifier si un remède susceptible d’atténuer les souffrances du
blessé ne lui avait pas échappé.
Des racines de gentiane ou un badigeon d’arnica pouvaient s’avérer
efficaces. L’un et l’autre soulageaient les douleurs internes causées par un
coup, mais elle n’en avait pas avec elle. Respirer les poils fins enrobant les
fruits du houblon pouvait l’aider à se calmer mais on n’en trouvait pas à
proximité. Peut-être quelque chose sous forme de fumée, puisque avaler un
liquide lui était interdit. Non, cela le ferait tousser, ce serait encore pire.
Il n’y avait aucun espoir, elle le savait, ce n’était qu’une question de temps,
mais elle devait essayer, au moins pour combattre la douleur.
Un instant, se dit-elle. N’ai-je pas vu cette plante de la
famille de la valériane en venant ici ? Celle aux racines aromatiques ?
A la Réunion d’Été, l’un des Mamutoï lui a donné le nom de nard. Je ne sais pas
comment on l’appelle en zelandonii. Elle leva les yeux vers le groupe qui l’entourait,
vit la jeune femme à qui Manvelar semblait témoigner beaucoup de respect, le
guetteur de la Troisième Caverne, Thefona.
Celle-ci était restée pour aider à nettoyer le petit abri qu’elle
avait trouvé et regardait maintenant Ayla. L’étrangère l’intriguait. Il y avait
quelque chose en elle qui forçait l’attention, et elle avait apparemment gagné
l’estime de la Neuvième Caverne en peu de temps. Thefona se demandait si cette
femme savait vraiment guérir. Elle ne portait pas de tatouages comme les
Zelandonia, mais le peuple auquel elle appartenait avait peut-être d’autres
coutumes. Certains cherchaient à tromper les autres sur l’étendue de leurs
connaissances, l’étrangère, quant à elle, n’essayait pas d’impressionner qui
que ce fût en se vantant. C’était plutôt ce qu’elle faisait qui
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