Les refuges de pierre
était
impressionnant, comme sa façon de se servir de cet instrument à lancer les
sagaies. Thefona avait beaucoup pensé à Ayla, mais elle fut surprise quand la
jeune femme l’appela par son nom :
— Thefona, je peux te demander quelque chose ?
— Oui.
— Tu t’y connais dans le domaine des plantes ?
— Un peu.
— Je pense à une plante dont les feuilles ressemblent à
celles de la digitale et qui a des fleurs jaunes comme le pissenlit. Je l’appelle
« nard » mais c’est un mot mamutoï.
— Désolée, j’ai l’habitude des plantes qui se mangent, mais
pas de celles qui guérissent. Il te faudrait une Zelandoni pour ça.
Après un temps, Ayla reprit :
— Tu pourrais veiller sur Shevonar ? Je crois avoir vu
des nards en venant ici. Je vais repartir par où je suis arrivée. S’il se
réveille ou s’il y a un changement quelconque, tu enverras quelqu’un me
prévenir ?
Elle décida d’ajouter une explication, bien qu’elle n’eût pas
coutume de justifier ses actes de guérisseuse.
— Si c’est ce que je pense, cela pourrait l’aider. J’ai
utilisé des racines de cette plante en emplâtre pour des fractures. Elle est
facilement absorbée et a des effets calmants. Si je la mélange avec un peu de
datura, et peut-être des feuilles d’achillée en poudre, elle atténuera la
douleur. Je vais voir si je peux en trouver.
— Entendu, je veille sur lui, dit Thefona, curieusement
contente que l’étrangère eût sollicité son aide.
Joharran et Manvelar parlaient à Ranokol à voix basse. Bien
qu’ils fussent à côté d’elle, Ayla les entendait à peine : elle
concentrait son attention sur le blessé, surveillait l’eau qui chauffait – beaucoup
trop lentement. Étendu sur le sol à proximité, le museau entre les pattes, Loup
observait chacun de ses gestes. Quand l’eau commença à fumer, elle y jeta les
racines de nard afin qu’elles deviennent assez molles pour qu’on pût les
réduire en une pâte. Ayla avait eu la chance de trouver également de la
consoude : un emplâtre de ses feuilles et de ses racines fraîchement
écrasées soignait les coups et les fractures, et pouvait calmer la douleur.
Quand tout fut prêt, elle étala le mélange chaud sur l’hématome
presque noir qui s’étendait de la poitrine à l’estomac. Elle remarqua que l’abdomen
durcissait. Le blessé ouvrit les yeux tandis qu’elle couvrait l’emplâtre d’un
morceau de cuir pour qu’il reste chaud.
Elle l’appela par son nom : « Shevonar ? » D’après
son regard, il semblait conscient mais intrigué. Peut-être ne la
reconnaissait-il pas.
— Je me nomme Ayla. Ta compagne... (Elle hésita, fit appel
à sa mémoire)... Relona est en route. Il prit une inspiration, grimaça de
douleur et parut surpris.
— Tu as été blessé par un bison, Shevonar. Zelandoni est en
route, elle aussi. J’essaie de te soigner en attendant qu’elle arrive. J’ai mis
un emplâtre sur ta poitrine pour extirper en partie la douleur.
Il hocha la tête, mais même ce simple mouvement lui demandait un
effort.
— Tu veux voir ton frère ? Il attendait que tu aies
repris connaissance.
Shevonar hocha de nouveau la tête ; Ayla se releva et
rejoignit le petit groupe à proximité.
— Il est réveillé, il voudrait te voir, dit-elle à Ranokol.
Le jeune homme s’empressa d’aller au chevet de son frère ; Ayla suivit
avec Joharran et Manvelar.
— Comment te sens-tu ? murmura Ranokol.
Shevonar s’efforça de sourire mais son sourire se transforma en
rictus quand une toux inopinée fit couler un filet rouge au coin de sa bouche.
Une lueur de panique s’alluma dans les yeux de son frère, qui remarqua alors le
cataplasme.
— Qu’est-ce que c’est ? fit-il d’une voix tendue,
criant presque.
— Un emplâtre pour la douleur, répondit Ayla d’un ton
calme. Elle comprenait l’affolement et la peur du frère du blessé.
— Qui t’a demandé quelque chose ? Ça lui fait
probablement plus de mal que de bien. Enlève-le tout de suite !
— Non, Ranokol, intervint Shevonar d’une voix à peine
audible. Pas sa faute. Elle aide. Il tenta de se redresser, retomba sur les
fourrures, inconscient.
— Shevonar. Réveille-toi, Shevonar ! Il est
mort ! O Grande Mère, il est mort ! s’écria Ranokol, qui s’effondra
sur les fourrures à côté de son frère.
Ayla chercha le pouls de Shevonar pendant que Joharran relevait
Ranokol.
— Non, pas encore,
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