Les refuges de pierre
formation. Tu dis qu’elle est
maintenant Celle Qui Sert ? Alors, il valait peut-être mieux qu’elle
parte, finalement, mais elle était furieuse, à l’époque. Je l’ai suppliée d’attendre
le changement de saison pour tenter de traverser le glacier mais elle n’a pas
voulu m’écouter. Je suis heureuse d’apprendre qu’elle a survécu, et contente de
savoir qu’elle m’envoie ses amitiés. Tu penses qu’elle était sincère ?
— J’en suis sûr, mère. Elle n’était pas obligée de rentrer,
en fait. Son oncle avait déjà quitté ce monde, sa mère aussi. Elle est devenue
S’Armuna, mais sa colère l’a conduite à faire mauvais usage de son état. Elle a
aidé une créature cruelle à devenir Femme Qui Ordonne, sans savoir à quel degré
de vilenie cette Attaroa s’abaisserait. S’Armuna rachète ses fautes,
maintenant. Je crois qu’elle a accompli sa tâche en aidant sa Caverne à
surmonter les années difficiles, mais elle devra peut-être en assumer la
responsabilité en attendant que quelqu’un d’autre en soit capable, comme tu l’as
fait, mère. Bodoa est une femme remarquable, elle a même découvert un moyen de
transformer la boue en pierre.
— La boue en pierre ? Jondalar, tu parles comme un
conteur ! Comment puis-je te croire si tu racontes de telles
sornettes ?
— Crois-moi, je dis la vérité. Je ne suis pas devenu un
conteur qui va de Caverne en Caverne, enjolivant histoires et légendes pour les
rendre plus captivantes... J’ai fait un long Voyage, j’ai vu beaucoup de
choses.
Jondalar glissa un regard à Ayla avant de poursuivre :
— Si tu ne l’avais vu de tes yeux, aurais-tu cru qu’un
humain peut monter sur un cheval ou gagner l’amitié d’un loup ? J’ai d’autres
choses à te dire que tu trouveras difficiles à croire, et certaines choses à te
montrer qui te feront douter de tes propres yeux.
— Très bien, tu m’as convaincue. Je ne mettrai plus tes
propos en doute... même si j’ai du mal à les croire.
Sur ce, Marthona sourit, avec un charme espiègle qu’Ayla ne lui
connaissait pas. Un instant, elle parut plus jeune d’une dizaine d’années, et
Ayla comprit de qui Jondalar tenait son sourire.
Marthona prit sa coupe de vin, la vida lentement puis encouragea
le jeune couple à finir de manger. Quand ils eurent terminé, elle débarrassa
les bols et les bâtonnets, donna à Jondalar une peau souple et humide pour qu’il
essuie leurs couteaux à manger avant de les ranger, puis leur resservit à
boire.
— Tu es resté longtemps parti, dit-elle à son fils. (Ayla
eut le sentiment qu’elle choisissait ses mots avec soin.) Je comprends que tu
dois avoir beaucoup d’histoires à raconter sur ton Voyage. Toi aussi, Ayla. Il
vous faudra du temps pour les raconter toutes, et j’espère que vous comptez
rester... un moment. (Elle lança à Jondalar un regard appuyé.) Tu peux rester ici
aussi longtemps que tu le voudras, mais ce lieu te semblera peut-être trop
petit pour nous tous... après un certain temps. Tu souhaiteras peut-être t’installer
dans un endroit à toi... pas trop loin... plus tard...
— Oui, mère, répondit Jondalar avec un sourire éclatant. Ne
crains rien, je ne repartirai pas. Je suis chez moi. J’ai... nous avons l’intention
de rester, à moins que quelqu’un y voie une objection. Est-ce cela que tu veux
entendre ? Ayla et moi ne sommes pas encore unis mais nous le serons bientôt.
J’en ai déjà parlé à Zelandoni, elle est passée juste avant que tu ne reviennes
avec le vin. J’ai préféré attendre d’être ici pour que ce soit elle qui noue la
lanière autour de nos poignets aux Matrimoniales de cet été. Je suis las de
voyager, conclut-il.
Marthona sourit de bonheur.
— Ce serait merveilleux de voir un enfant naître dans ton
foyer, peut-être même de ton esprit, Jondalar.
Se tournant vers Ayla, il déclara :
— Je le pense aussi.
Marthona espérait avoir correctement interprété ce que son fils
sous-entendait mais ne posa pas de question. C’était à lui de faire l’annonce.
Elle aurait préféré qu’il ne se perde pas en subtilités pour une question aussi
importante que l’éventualité d’une naissance.
— Tu seras sans doute heureuse d’apprendre que Thonolan a
laissé un fils de son esprit, sinon de son foyer, dans au moins une Caverne,
peut-être plus. Une Losadunaï nommée Filonia, qui l’avait trouvé plaisant, s’est
aperçue peu après notre
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