Les refuges de pierre
as
bien fait de venir me chercher. Il va falloir le transporter chez moi.
Normalement, seules les maladies les plus graves étaient
soignées chez Zelandoni. Dans une Caverne aussi nombreuse que la Neuvième, son
habitation n’était pas assez vaste pour accueillir en même temps tous les
malades et tous les blessés. Quelqu’un qui présentait les blessures de Bologan,
aussi graves fussent-elles, restait en général chez lui, et Zelandoni passait
régulièrement pour le soigner. Mais, dans cette habitation, il n’y avait
personne pour s’occuper du jeune garçon, et Zelandoni ne supportait pas l’idée
d’y revenir, encore moins d’y demeurer quelque temps.
— Tu sais où est ta mère, Lanoga ?
— Non.
La doniate reformula sa question :
— Où est-elle allée ?
— A l’enterrement.
— Qui s’occupe des enfants ?
— Moi.
— Tu ne peux pas nourrir ce bébé, fit Ayla, choquée. Tu ne
peux pas lui donner le sein.
— Je lui donne à manger, riposta la fillette sur la
défensive. Elle mange comme nous, le sein de ma mère s’est tari.
— Ce qui veut dire que Tremeda aura un autre bébé d’ici un
an, murmura Zelandoni.
— Je sais que des bébés aussi jeunes peuvent manger presque
comme nous en cas de nécessité, dit Ayla, la gorge serrée par un souvenir
pénible. Qu’est-ce que tu lui donnes ?
— Des racines bouillies et écrasées.
— Ayla, tu veux bien aller prévenir Joharran de ce qui se
passe et lui demander de venir ici avec quelque chose pour porter Bologan chez
moi ? Et quelqu’un pour l’aider ?
— Oui, bien sûr. Je reviens tout de suite.
L’après-midi touchait à sa fin quand Ayla quitta l’habitation
de Zelandoni et se dirigea vers celle du chef de la Caverne afin de l’avertir
que Bologan avait repris conscience et semblait assez lucide pour parler.
Joharran l’attendait. Après son départ, Proleva proposa à
Ayla :
— Tu veux manger quelque chose ? Tu as passé l’après-midi
avec Zelandoni.
Ayla secoua la tête, ouvrit la bouche pour s’excuser mais la
compagne de Joharran s’empressa d’ajouter :
— Une tisane, peut-être ? J’en ai préparé une :
camomille, lavande et tilleul.
— D’accord, mais il faut que je rentre bientôt.
En sortant sa coupe de son sac, Ayla se demanda si le mélange de
plantes avait été suggéré par Zelandoni ou si Proleva savait qu’il était
recommandé aux femmes enceintes : sans danger, avec un léger effet
calmant. Elle but une gorgée de l’infusion chaude, en savoura le goût.
— Comment va Bologan ? s’enquit la compagne du chef en
s’asseyant près d’elle.
— Je pense qu’il s’en sortira. Il a reçu un coup sur la
tête, il a saigné abondamment. Je craignais que l’os ne soit fendu, mais les
blessures à la tête saignent toujours beaucoup. Nous l’avons nettoyé, nous n’avons
pas vu de signe de fêlure mais il a une grosse bosse et des bleus. Il a besoin
de repos et de soins, pour le moment. Manifestement, il s’est battu, et il
avait bu du barma.
— C’est de cela que Joharran veut lui parler.
— Je me fais plus de souci pour le bébé, reprit Ayla. Il a
besoin de téter. Les autres femmes qui nourrissent pourraient lui donner un peu
de leur lait. Les femmes du Clan l’ont fait quand... quand le sein de l’une d’elles
s’est tari.
Elle s’abstint de préciser que la femme en question, c’était
elle. Elle n’avait encore révélé à personne qu’elle avait eu un fils lorsqu’elle
vivait avec le Clan.
— J’ai demandé à Lanoga ce qu’elle lui donne,
poursuivit-elle. Des racines écrasées. Je sais que des enfants aussi jeunes
peuvent manger, mais les bébés ont aussi besoin de lait pour grandir.
— Tu as raison. Je crains que personne ne se soit vraiment
soucié de Tremeda et de ses enfants. Nous savons qu’elle ne s’en occupe pas
bien, mais ce sont ses enfants, et les gens n’aiment pas se mêler de la vie des
autres. Comme c’est difficile de savoir ce qu’il faut faire, la plupart d’entre
nous ferment les yeux. Je ne savais même pas qu’elle n’avait plus de lait.
— Pourquoi Laramar n’a-t-il rien dit ?
— Je doute qu’il s’en soit aperçu. Il ne s’intéresse pas
aux enfants, sauf à Bologan, de temps en temps. Je ne suis pas certaine qu’il
sache combien il en a. Il rentre chez lui uniquement pour manger et dormir.
Quelquefois, il ne rentre même pas, ce qui vaut peut-être mieux. Quand ils
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