Les refuges de pierre
directement
chez Zelandoni. Elle s’inquiétait pour Loup et se rendit à l’habitation de Marthona,
où elle trouva toute la famille, Loup compris. Il se précipita à sa rencontre,
et elle perdit presque l’équilibre lorsqu’il se dressa sur ses pattes de
derrière et posa celles de devant sur les épaules de la jeune femme. Elle le
laissa saluer à sa manière le chef de la meute en lui léchant le cou et en
prenant délicatement sa mâchoire entre ses crocs.
— Je frémis quand il te fait ça, dit Willamar en se levant
d’un coussin posé sur le sol.
— Moi aussi, j’étais effrayé au début, reconnut Jondalar.
Maintenant, j’ai confiance en lui, je n’ai plus peur pour Ayla. Je sais qu’il
ne lui fera aucun mal, et j’ai vu ce qu’il est capable de faire à quelqu’un qui
se risque à la toucher.
Le Maître du Troc pressa brièvement sa joue droite contre celle
d’Ayla. Elle avait appris que c’était une façon de se saluer entre membres d’une
même famille ou amis proches.
— Je regrette de ne pas avoir pu venir voir les chevaux
avec toi ce matin, s’excusa Folara, l’accueillant de la même manière.
— Tu auras tout le temps d’apprendre à les connaître plus
tard, assura Ayla.
Elle pressa sa joue contre celle de Marthona, passa à Jondalar,
avec qui le contact fut plus long et plus fort, presque une étreinte.
— Je dois retourner chez Zelandoni, prévint-elle. Je
voulais voir si Loup était revenu ici. Je suis contente qu’il l’ait fait :
cela signifie qu’il considère cet endroit comme son foyer, même si je n’y suis
pas.
— Comment va Bologan ? demanda Marthona.
— Il a repris connaissance, il peut parler.
Ayla hésitait à leur faire part de ses préoccupations quant au
bébé de Tremeda. Elle n’était encore qu’une étrangère et ce n’était peut-être
pas à elle de soulever la question. Cela pouvait passer pour une critique de la
Neuvième Caverne, mais personne ne semblait au courant de la situation et, si
elle n’en parlait pas, qui s’en chargerait ?
— J’ai discuté avec Proleva d’une chose qui me tracasse,
dit-elle enfin.
— Qu’est-ce qui te tracasse ? s’enquit Marthona.
— Savez-vous que Tremeda n’a plus de lait ? Elle n’est
pas rentrée depuis l’enterrement de Shevonar, elle a laissé Lanoga s’occuper
seule du bébé et des autres enfants. Cette petite fille n’a que dix ans, elle
ne peut pas donner le sein. Le bébé ne mange que des racines écrasées. Comment
voulez-vous qu’il se développe, sans lait ? Où est Laramar ? Est-ce
qu’il s’en moque ? débita Ayla sans reprendre son souffle.
Jondalar regarda autour de lui. Folara était abasourdie,
Willamar un peu surpris, et Marthona prise au dépourvu, ce qu’elle n’appréciait
pas. Il retint un sourire en voyant leurs expressions. Il n’était pas étonné,
lui, de la réaction d’Ayla envers quelqu’un qui avait besoin d’aide. Laramar,
Tremeda et sa famille constituaient depuis longtemps une source d’embarras pour
la Neuvième Caverne. La plupart de ses membres évitaient d’en parler, et Ayla
venait d’aborder le sujet.
— Proleva ne savait pas que le sein de Tremeda s’était
tari, poursuivit-elle. Elle va réunir les femmes qui pourraient apporter leur
aide, nous leur parlerons, nous leur expliquerons ce dont le bébé a besoin, nous
leur demanderons de donner un peu de leur lait. Elle a pensé que nous pourrions
nous adresser à celles qui viennent d’être mères ou à celles qui sont sur le
point de l’être. Dans une Caverne aussi grande, elles doivent être nombreuses à
pouvoir aider à nourrir ce bébé.
Oui, mais le feront-elles ? se demanda Jondalar, qui
croyait savoir à qui revenait cette initiative. Il n’ignorait pas qu’il
arrivait à des femmes de donner le sein à d’autres enfants que les leurs, mais
c’était en général pour le bébé d’une sœur ou d’une amie proche.
— L’idée me paraît admirable, dit Willamar.
— Si elles sont disposées à accepter, objecta Marthona.
— Pourquoi refuseraient-elles ? repartit Ayla. Les
femmes Zelandonii ne laisseraient quand même pas un bébé mourir faute d’un peu
de lait ! J’ai promis à Lanoga de retourner là-bas demain matin pour lui
apprendre à préparer autre chose que des racines écrasées.
— Qu’est-ce qu’on peut donner à un bébé, à part du
lait ? voulut savoir Folara.
— Beaucoup de choses, répondit Ayla. Si
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