Les refuges de pierre
celui de l’entrée. Son ouverture, plus large et arrondie au
sommet, se rétrécissait vers le bas. Pour Ayla, qui avait aidé des femmes à
accoucher et en avait examiné un grand nombre, c’était une évocation
maternelle, merveilleuse, de l’organe féminin. Elle comprenait ce que Zelandoni
avait voulu dire en s’exclamant qu’ils avaient trouvé les entrailles de la Mère,
encore que n’importe quelle grotte fût considérée comme une voie d’accès à ces
entrailles.
Après le passage, le couloir sinueux demeurait étroit et
difficile à emprunter, même si, dans la partie supérieure, les parois blanches
s’élargissaient en une ample voûte. Il n’était pas très long, à peu près autant
que la galerie de l’entrée. Au fond, les parois s’écartaient autour d’un pilier
de pierre qui donnait l’impression de soutenir le plafond, alors qu’en réalité
il s’arrêtait à une vingtaine de pouces du sol. Le couloir se prolongeait à
droite de la colonne, tournait à gauche et serpentait sur quelques pieds de
plus avant de se terminer.
Là où il contournait la colonne, le niveau du sol s’abaissait de
trois pieds, et une large surface horizontale longue de dix pieds offrait l’un
des rares endroits où l’on pût s’asseoir. Ayla en profita pour se reposer et
examina la galerie depuis sa position assise. Elle remarqua qu’on pouvait
dissimuler quelque chose sous la colonne, hors du chemin. Elle repéra aussi, dans
la paroi face au pilier, un trou dans lequel on pouvait placer de petits objets
et les retrouver facilement. Elle se dit que, la prochaine fois qu’elle
viendrait, elle apporterait quelque chose pour s’asseoir, fût-ce un simple
coussin d’herbes, pour se protéger du froid de la roche.
Une fois ressortis, ils examinèrent l’entrée de l’autre couloir,
juste à droite, mais c’était un tunnel plus petit dans lequel ils auraient dû
avancer à quatre pattes, et des flaques d’eau jonchaient le sol. Ils décidèrent
d’un commun accord d’en remettre l’exploration à plus tard.
Dehors, Loup partit devant avec Jondalar et les deux chefs,
Joharran et Tormaden. Jonokol, qui marchait à côté d’Ayla, l’arrêta d’une
question :
— C’est toi qui as demandé à Zelandoni de me faire venir
ici ?
— Après avoir vu tes dessins à la Profonde des Rochers de
la Fontaine, j’ai pensé que tu devrais voir cette grotte... ou faut-il l’appeler
un creux ?
— L’un ou l’autre. Quand elle aura un nom, on l’appellera
creux mais ce sera toujours une grotte. Merci de m’avoir fait venir, Ayla. Je n’ai
jamais rien vu d’aussi beau, je suis bouleversé.
— Moi aussi. Par curiosité, comment cette grotte
aura-t-elle un nom ? Qui le lui donnera ?
— Elle se nommera elle-même. Les gens la désigneront avec
les mots qui la décriront le mieux ou qui leur paraîtront le plus approprié.
Comment l’appellerais-tu si tu devais en parler à quelqu’un ?
— Je ne sais pas. Peut-être la grotte aux murs blancs.
— Son nom sera sans doute comme cela, du moins l’un de ses
noms. Nous ne savons pas encore grand-chose sur elle, et la Zelandonia la
désignera aussi.
Ayla et Jonokol avaient été les derniers à sortir de la grotte.
Le soleil leur avait paru particulièrement brillant après la cavité sombre que
n’éclairaient que quelques torches. Quand ses yeux se furent habitués, Ayla fut
étonnée de voir Marthona qui l’attendait avec Jondalar et Loup.
— Tormaden nous a invités à manger, annonça-t-elle. Il est
parti devant pour prévenir sa Caverne de notre arrivée. En fait, c’est toi qu’il
a invitée, Ayla, et il m’a demandé ensuite de venir également, ainsi que tous
ceux qui étaient restés dans la grotte. Y compris toi, Jonokol. Les autres ont
des choses à faire. La plupart des gens sont très occupés aux Réunions d’Été.
— Je sais que Joharran doit rencontrer à notre camp des
membres de toutes les autres Cavernes pour préparer la chasse, dit Jondalar. En
fait, Tormaden participera également à cette réunion après t’avoir présentée à
son camp. Moi aussi, je dois y assister : j’irai après le repas, elle ne
sera pas terminée. En principe, je ne prends pas part à ce genre de chose,
mais, comme je rentre de voyage, Joharran a jugé bon de m’inclure.
— Pourquoi ne retournons-nous pas à notre camp ?
suggéra Ayla. Il faut préparer le repas de demain matin, et je n’ai encore
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