Les refuges de pierre
étaient
venus. Marthona se rappelait qu’on y avait tenu des propos désobligeants au
sujet d’Echozar et de ses esprits mêlés et espérait que cela ne se
renouvellerait pas. Il lui revint en mémoire une autre Réunion d’Été qui avait
été pénible pour elle, celle que Jondalar avait manquée pour partir en Voyage
avec son frère, laissant Marona attendre un promis qui ne vint jamais. Elle
avait cependant pris un compagnon cet été-là, aux deuxièmes Matrimoniales,
juste avant le retour, mais leur union n’avait pas duré. Maintenant, Marona
était à nouveau disponible mais Jondalar avait ramené avec lui une femme qui
lui convenait beaucoup mieux, malgré ses manières étrangères, ne fût-ce que
parce qu’elle éprouvait pour lui des sentiments sincères et qu’il l’aimait.
Zelandoni songea un instant à défendre aux femmes de parler à
quiconque de ce qui s’était dit à la réunion, mais elle se doutait qu’il n’existait
aucun moyen de faire respecter cette interdiction. La nouvelle était trop
croustillante pour qu’elles la gardent secrète. La doniate remarqua qu’Ayla et
celles qui l’accompagnaient ne semblaient pas pressées de partir et
souhaitaient peut-être lui parler. Après tout, elle était encore Zelandoni de
la Neuvième Caverne. Quand il ne resta quasiment plus que les Zelandonia, Ayla
se dirigea vers elle.
— J’ai quelque chose à te demander, Zelandoni.
— Je t’écoute.
— Tu as parlé de certains interdits, de personnes qui
peuvent ou ne peuvent pas s’unir. Je sais qu’il est interdit de s’unir avec un
cousin ou une cousine « proche », Jondalar m’a expliqué que Joplaya
est sa cousine proche – il dit quelquefois « cousine de
foyer » — parce qu’ils sont nés tous deux au foyer d’un même homme.
Ayla évita de se tourner vers Joplaya, mais Marthona et Jerika
échangèrent un regard.
— C’est exact, confirma Zelandoni de la Neuvième Caverne.
— Depuis notre arrivée à la Réunion d’Été, j’entends parler
d’autre chose. Toi, notamment, tu dis qu’on ne peut s’unir avec une personne
ayant un signe de parenté incompatible. Qu’est-ce que c’est, un signe de
parenté ?
Les autres Zelandonia avaient écouté un moment puis, lorsqu’il
apparut qu’Ayla cherchait simplement à s’informer, ils se mirent à bavarder
entre eux à voix basse ou regagnèrent leur espace personnel à l’intérieur de la
hutte.
— C’est un peu plus difficile à expliquer, répondit la
Première. Une personne naît avec un signe de parenté. D’une certaine façon, il
fait partie de son élan, de sa force de vie. Les gens connaissent leur signe de
parenté quasiment depuis leur naissance, comme ils connaissent leur elandon.
Tous les animaux sont Enfants de Doni. Elle leur a aussi donné naissance, comme
il est dit dans le Chant de la Mère :
Avec un grondement de tonnerre, Ses montagnes se fendirent
Et par la caverne qui s’ouvrit dessous
Elle fut de nouveau mère,
Donnant vie à toutes les créatures de la Terre.
D’autres enfants étaient nés, mais
la Mère était épuisée.
Chaque enfant était différent, certains petits, d’autres
grands.
Certains marchaient, d’autres volaient, certains nageaient, d’autres
rampaient.
Mais chaque forme était parfaite, chaque esprit complet.
Chacun était un modèle qu’on pouvait répéter.
La Mère le voulait, la Terre verte
se peuplait.
Le signe de parenté est symbolisé par un animal, acheva-t-elle.
— Tu veux dire un totem ? Mon totem est le Lion des
Cavernes. Tout le monde au Clan a un totem.
— Peut-être, dit la doniate, pensive. Mais je crois que les
totems sont autre chose. Pour commencer, tout le monde n’en possède pas. Ils
sont importants, mais pas autant qu’un élan, par exemple, bien qu’il faille
lutter ou subir une épreuve pour obtenir un totem. Le plus souvent, on est
choisi par un totem, alors que tout le monde a un signe de parenté, et beaucoup
de personnes ont le même. Un totem peut être n’importe quel esprit d’animal,
lion des cavernes, aigle doré, sauterelle, mais certains animaux ont une sorte
de pouvoir. Leur esprit possède une puissance particulière, semblable à la
force de vie, mais différente. Les Zelandonia les appellent animaux à pouvoir,
encore qu’ils aient plus de force dans le Monde d’Après que dans celui-ci.
Parfois, quand nous voyageons dans le Monde des Esprits, nous puisons à
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