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Les refuges de pierre

Les refuges de pierre

Titel: Les refuges de pierre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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bison et le cheval sont-ils des signes
opposés ? voulut savoir Ayla.
    — Probablement parce que, dans ce monde-ci, ils ont
tendance à occuper le même terrain à des périodes différentes ; ils s’y
retrouvent parfois en même temps et entrent en concurrence pour leur
nourriture. Les aurochs, en revanche, broutent les jeunes pousses tendres ou l’extrémité
verte de l’herbe, laissant les tiges dont les chevaux semblent friands ;
ils sont donc compatibles. Les deux animaux à pouvoir les plus opposés sont le
bison et l’aurochs, et, quand on y songe, c’est logique. La plupart des
mangeurs d’herbe se tolèrent mais les bisons et les aurochs ne supportent pas
de partager la même prairie. Ils s’évitent, ils se battent même parfois,
surtout quand les femelles entrent dans la saison de leurs Plaisirs. Ils se
ressemblent trop. Les aurochs mâles sont troublés quand ils sentent une femelle
bison en chaleur, et les bisons mâles poursuivent parfois les femelles aurochs.
Quelqu’un dont le signe de parenté est l’aurochs ne doit en aucun cas s’unir
avec quelqu’un dont le signe est le bison, conclut la doniate.
    — Quel est ton animal à pouvoir, Zelandoni ?
    — Tu devrais pouvoir le deviner, répondit la Première en
souriant. Je suis un mammouth quand je vais dans le Monde des Esprits. Lorsque
tu y pénétreras, tu n’auras pas le même aspect qu’ici, Ayla. Tu y prendras la forme
de ton animal à pouvoir. C’est ainsi que tu découvriras qui il est.
    Ayla n’aimait pas beaucoup entendre Zelandoni parler de l’envoyer
dans le Monde des Esprits, et Marthona se demandait pourquoi la doniate s’exprimait
aussi ouvertement. D’ordinaire, elle ne traitait pas ces questions dans le
détail. La mère de Jondalar avait la nette impression que Zelandoni cherchait à
tenter Ayla, à la séduire en lui livrant des bribes de savoir fascinantes
auxquelles seuls les membres de la Zelandonia avaient accès.
    Soudain Marthona comprit : la plupart des gens
considéraient déjà Ayla comme une sorte de Zelandoni, et la Première préférait
l’avoir au sein de la Zelandonia, où elle pourrait la contrôler, que la laisser
à l’extérieur, où elle pourrait créer des problèmes. Ayla avait cependant
déclaré qu’elle voulait seulement s’unir et avoir des enfants, être comme
toutes les autres. Elle ne souhaitait pas rejoindre la Zelandonia, et Marthona,
connaissant son fils, pressentait qu’il ne le souhaitait pas non plus. Mais il
avait toujours été attiré par les femmes qui en faisaient partie. La suite
serait intéressante à observer.
    Ayla avait apparemment terminé et s’apprêtait à partir mais, au
moment de sortir de la hutte, elle se retourna.
    — Une dernière question, Zelandoni. Quand tu as parlé de
bébés, de moyens de mettre fin à une grossesse non voulue, pourquoi n’as-tu pas
évoqué la possibilité d’empêcher d’abord la vie de commencer ?
    — Parce que c’est impossible. Seule Doni a le pouvoir de
faire naître la vie. Elle seule peut l’empêcher, répondit Zelandoni de la
Quatorzième Caverne, qui se tenait à proximité et avait écouté la conservation.
    — Si, c’est possible ! rétorqua Ayla.
29
    La Première posa sur la jeune femme un regard aigu. Peut-être
aurait-elle dû discuter plus longuement avec Ayla avant la réunion. Se
pouvait-il qu’elle connût un moyen de contrarier la volonté de Doni ? La
façon d’aborder le sujet était mauvaise, mais il était trop tard maintenant.
Les Zelandonia parlaient entre eux avec animation et certains se montraient
aussi agités que la Quatorzième. Quelques-uns affirmaient que c’était faux, d’autres
s’approchaient pour voir ce qui se passait. Ayla n’avait pas soupçonné que ses
propos provoqueraient un tel émoi.
    Les trois femmes qui l’accompagnaient observaient la scène,
Marthona avec amusement, bien que son expression demeurât neutre. Joplaya s’étonnait
que les éminents Zelandonia puissent se quereller avec tant de fougue mais elle
était aussi consternée qu’eux. Jerika écoutait avec un vif intérêt et avait déjà
décidé de s’entretenir en privé avec Ayla.
    Quand elle avait fait la connaissance de Dalanar, Jerika était
tombée totalement et irrévocablement amoureuse de ce magnifique géant qui, de
son côté, était charmé par cette jeune femme à la fois délicate, exquise et d’une
indépendance farouche. C’était, malgré sa taille, un homme doux et un

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