Les refuges de pierre
d’entre eux ont confirmé une importante
décision dans ma vie. Elle contient aussi ma force de vie, en un sens.
— Quelque chose comme un elandon, alors, dit Marthona.
— Le Mog-ur m’a prévenue que, si je perdais un jour mon sac
à amulettes, j’en mourrais.
Elle saisit la petite bourse, dont les bosses familières firent
tourner dans sa tête un kaléidoscope de souvenirs de sa vie avec le Clan.
— Alors, il faut le mettre dans un endroit sûr, décida
Marthona. Peut-être près d’une donii pour que la Mère puisse veiller sur lui,
mais tu n’as pas de donii, n’est-ce pas ? Une jeune fille en reçoit une
pour ses Premiers Rites. As-tu connu cette cérémonie ?
— En fait, oui. Jondalar m’a enseigné le Don des Plaisirs.
La première fois, il en a fait une cérémonie et m’a donné une figurine qu’il
avait fabriquée lui-même. Je l’ai dans mon sac de voyageur.
— Si quelqu’un pouvait t’initier, c’était bien lui. Il a
beaucoup d’expérience dans ce domaine, dit Marthona. Confie-moi ta pochette à amulettes.
Je te la rendrai quand Jondalar et toi partirez pour votre période d’essai.
Elle vit Ayla hésiter, consentir finalement d’un hochement de
tête, mais, quand la jeune femme voulut faire passer la bourse pardessus sa
tête, le cordon se prit dans sa nouvelle coiffure.
— Ce n’est rien, je vais arranger ça, dit Mejera.
Ayla gardait le petit sac au creux de la main, rechignait à s’en
séparer. Elles avaient raison, il n’allait pas avec ses atours matrimoniaux,
mais elle le portait depuis qu’Iza le lui avait donné, peu après qu’elle eut
été recueillie par le Clan. Il faisait partie d’elle depuis si longtemps qu’elle
avait peine à s’en séparer, qu’elle avait peur de s’en séparer. Elle avait l’impression
que le petit sac s’était accroché à elle, à ses cheveux, quand elle avait voulu
l’ôter. Peut-être son totem tentait-il de la prévenir qu’elle ne devait pas
essayer d’être uniquement une Autre le jour de son union, avec sa tunique
mamutoï et son collier zelandonii. Elle était une femme du Clan lorsqu’elle
avait rencontré Jondalar ; elle devait peut-être garder quelque chose de
cette époque-là.
— Merci, Mejera, mais j’ai changé d’avis. Je vais laisser
mes cheveux tomber sur mes épaules, résolut-elle. C’est ce que préfère
Jondalar.
Ayla garda le sac à amulettes encore un instant avant de le
remettre à Marthona. Puis elle lui permit d’attacher autour de son cou le
collier qui provenait de la mère de Dalanar, avant d’enlever les épingles qui
maintenaient en place son élégante coiffure zelandonii.
Mejera fut désolée de voir ses efforts réduits à néant mais c’était
à Ayla de choisir.
— Laisse-moi te peigner, proposa l’acolyte, s’adaptant à la
situation nouvelle avec une bonne grâce qui impressionna Marthona.
Cette jeune femme fera un jour une excellente Zelandoni, pensa-t-elle.
Quand Jondalar et les autres hommes partirent pour la hutte de
la Zelandonia, au pied de la pente où la cérémonie se déroulerait, il se sentit
soudain troublé. Il n’était pas le seul. Les femmes avaient disparu, laissant
la vaste construction vide. Avec l’aide de plusieurs doniates, les hommes se
placèrent en file, dans l’ordre qu’ils avaient appris à suivre, d’abord selon
le mot à compter de leur Caverne, puis selon leur rang personnel dans cette
Caverne. Puisque tous les mots à compter possédaient un pouvoir – seuls
les Zelandonia connaissaient les mystérieuses différences qu’ils présentaient –,
ils n’impliquaient pas une position inférieure ou supérieure ; c’était
simplement un ordre. Il en allait autrement pour les rangs personnels, non
assortis de mots à compter et souvent non mentionnés, mais compris de tous.
Le statut d’une personne pouvait changer – ce serait
le cas pour beaucoup – avec les unions. C’était l’un des nombreux
accords négociés avant la cérémonie. Le rang de certains monterait, celui d’autres
baisserait, car le statut du foyer était la conjugaison de ce que l’homme et la
femme apportaient à l’union, qui déterminait aussi le rang des enfants. Il
était entendu que le foyer ainsi créé appartenait à l’homme mais que c’était la
femme qui s’en occupait. Les enfants nés de la femme l’étaient aussi du foyer
de l’homme. Les couples et leurs familles souhaitaient que le statut du nouveau
foyer
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