Les refuges de pierre
voyant acquiescer, il reprit :
— J’allume un feu. Par chance, nous venons de rapporter du
bois.
Joharran revint, accompagné de Folara et Proleva, et annonça que
Zelandoni les suivait. Avant longtemps, toute la Réunion d’Été sut que le loup
d’Ayla était blessé, et nombreux furent ceux qui exprimèrent leur inquiétude.
Jondalar demeura auprès de sa compagne pendant qu’elle examinait
l’animal et comprit à son expression que les blessures étaient graves. Certaine
que Loup avait été attaqué par toute une meute, Ayla s’étonnait qu’il fût
encore en vie. Elle se fit apporter par Proleva un morceau de viande d’aurochs,
la gratta comme elle l’avait fait pour Lorala, la mélangea à du datura et la
glissa dans le gosier de l’animal pour l’aider à se détendre et à s’endormir.
— Jondalar, peux-tu me donner un peu de la peau du petit
qui était dans le ventre de la femelle aurochs que j’ai tuée ? Il me faut
quelque chose d’absorbant pour laver ses blessures.
Marthona la regarda mettre des racines et des poudres dans
divers bols d’eau très chaude puis lui tendit un morceau de tissu en
disant :
— Zelandoni s’en sert souvent.
Ayla examina la chose. Ce n’était pas une peau ; cela
ressemblait davantage au matériau finement tissé dont était faite la tunique
que la mère de Jondalar lui avait offerte. Ayla le trempa dans l’un des bols et
vit qu’il absorbait rapidement l’eau.
— Cela ira très bien. Merci, Marthona.
Zelandoni arriva au moment où Jondalar et Joharran retournaient
Loup pour qu’Ayla puisse soigner son autre flanc. La Première aida la jeune
femme à nettoyer une blessure particulièrement profonde. Ayla surprit ensuite
une partie des Zelandonii en glissant un filament de nerf dans le trou de son
tire-fil et en l’utilisant pour refermer les plaies les plus graves à l’aide de
quelques nœuds judicieusement placés. Elle avait montré l’ingénieux outil à
plusieurs personnes mais nul ne l’avait vue s’en servir pour coudre de la chair
vivante. Elle recousit même l’oreille décollée, qui garderait cependant un bord
déchiqueté.
— Alors, c’est ce que tu m’as fait, murmura Jondalar avec
un sourire.
— Apparemment, cela aide la plaie à se refermer, dit
Zelandoni. As-tu appris cela aussi auprès de la guérisseuse du Clan,
Ayla ?
— Non, Iza ne le faisait jamais. Les membres du Clan ne
cousent pas vraiment, ils nouent des choses ensemble. Ils utilisent le petit os
pointu qui se trouve dans le bas de la patte avant du cerf pour percer des
trous dans une peau ; ils y passent ensuite des nerfs en partie séchés et
à l’extrémité durcie, puis ils les nouent. Ils font aussi des récipients en
écorce de bouleau, avec cette méthode. C’est quand les plaies de Jondalar s’écartaient
et se rouvraient malgré mes efforts pour en rapprocher les bords en les bandant
que je me suis demandé si quelques nœuds ne maintiendraient pas la peau et les
muscles en place. J’ai essayé. Cela semblait marcher mais j’ignorais à quel
moment ôter les fils. Il ne fallait pas laisser les nœuds s’incruster dans la
chair. J’ai peut-être attendu trop longtemps avant de les couper. Jondalar a
probablement eu un peu plus mal qu’il n’aurait dû quand je les ai enfin
retirés.
— Tu veux dire que c’était la première fois que tu
recousais une plaie ? s’étonna Jondalar. Tu ne savais pas si cela
marcherait, et tu as essayé sur moi ? (Il s’esclaffa.) Je suis content que
tu l’aies fait. A part les cicatrices, je n’ai gardé aucune trace de la patte
de lion qui m’a lacéré.
— Seul quelqu’un possédant de grandes capacités et une
aptitude naturelle à soigner pouvait avoir une telle idée, déclara la Première.
Ayla, ta place est dans la Zelandonia.
— Je ne souhaite pas en faire partie, rétorqua la jeune
femme, consternée. Je... j’apprécie... je me sens honorée, mais je désire
seulement être la compagne de Jondalar, avoir un bébé de son esprit et être une
bonne Zelandonii.
— Ne te méprends pas, je te prie, répondit la doniate. Ce n’était
pas une offre lancée à la légère, comme une invitation à partager un repas. J’ai
eu le temps d’y songer. Une femme de ta compétence doit être associée à d’autres
personnes de même niveau. Tu aimes soigner, n’est-ce pas ?
— Je suis guérisseuse. Je n’y peux rien changer.
— Bien sûr que tu l’es, là n’est
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