Les refuges de pierre
nous avons une magnifique petite fille. Tu as bien dit qu’elle est
aussi de moi, n’est-ce pas ? fit-il, tâchant d’apaiser les craintes d’Ayla.
Elle recommença à pleurer mais sourit à travers ses larmes.
— Oui. Jonayla est ta fille et ma fille.
Elle éclata de nouveau en sanglots. Jondalar l’enlaça avec son
autre bras, tint à la fois contre lui la mère et l’enfant.
— Si tu ne m’aimais plus, Jondalar, je ne sais pas ce que
je ferais, murmura-t-elle. Je t’en supplie, aime-moi toujours.
— Je ne cesserai jamais de t’aimer. Rien ne pourra m’en
empêcher, jura-t-il, sentant son amour au fond de son cœur, espérant qu’il y
resterait toujours.
L’hiver s’acheva enfin. Les congères fondirent ; les
fleurs violettes et blanches des premiers crocus montrèrent leur tête entre les
derniers vestiges de neige. Les pointes de glace accrochées aux rochers
gouttèrent jusqu’à disparaître et les premiers bourgeons verts apparurent. Ayla
passait beaucoup de temps avec Whinney. Le bébé attaché dans le dos par une
couverture, elle marchait auprès de la jument ou la montait à la même allure.
Rapide se sentait plus fringant, et même Jondalar avait du mal à le diriger,
mais c’était un défi agréable à relever.
Whinney hennit en la voyant. Ayla projetait de retrouver
Jondalar et quelques autres dans un petit abri-sous-roche situé en aval. Ils
voulaient recueillir de la sève de bouleau, dont une partie, réduite par
ébullition, donnerait un épais sirop. Ils laisseraient fermenter le reste pour
en faire une boisson alcoolisée. Le bosquet n’était pas très loin mais Ayla avait
décidé de monter Whinney car elle voulait rester près de la jument. Elle était
presque arrivée lorsqu’il se mit à pleuvoir. Accélérant l’allure, elle remarqua
que Whinney semblait avoir peine à respirer. Au moment où elle posait une main
sur le flanc de l’animal, la jument eut une contraction.
— Whinney ! s’exclama-t-elle. Ton tour est venu, n’est-ce
pas ? Nous ne sommes plus très loin de l’abri où les autres nous
attendent. J’espère que cela ne te gênera pas d’avoir d’autres personnes autour
de toi.
En arrivant au camp, Ayla demanda à Joharran si elle pouvait
mener Whinney sous le surplomb : la jument allait avoir un petit. Il
acquiesça aussitôt, et une vague d’excitation parcourut le groupe. Ce serait
une expérience intéressante. Aucun d’eux n’avait jamais vu une jument mettre
bas.
Jondalar la rejoignit et lui demanda si elle souhaitait de l’aide.
— Je ne crois pas que Whinney ait besoin de moi mais je
tiens à rester près d’elle, répondit Ayla. Si tu veux bien t’occuper de
Jonayla, je viens de lui donner la tétée. Elle devrait être tranquille un
moment.
Il se pencha vers la petite fille qui, découvrant son visage,
lui adressa un sourire béat. Elle savait sourire depuis peu et accueillait l’homme
de son foyer par ce signe de reconnaissance.
— Tu as le sourire de ta mère, Jonayla, dit-il en la
prenant dans ses bras.
Le bébé le dévisagea, émit un gazouillis, sourit de nouveau.
Jondalar sentit son cœur fondre. Sa fille dans les bras, il rejoignit le
groupe, à l’autre bout de la corniche.
Whinney semblait contente d’être à l’abri de la pluie. Ayla la
brossa, la conduisit à un endroit sec, aussi loin que possible des compagnons
de Jondalar. Ils semblaient avoir compris qu’Ayla souhaitait qu’ils restent à l’écart,
mais l’abri n’était pas grand et ils pouvaient facilement observer la scène.
Jondalar se retourna pour regarder lui aussi. Ce n’était pas la première fois
qu’il voyait Whinney pouliner mais l’événement demeurait fascinant. Si les
naissances leur étaient familières, ils n’en étaient pas moins impressionnés
chaque fois qu’une vie nouvelle était sur le point d’apparaître. Humaine ou
animale, c’était le plus grand Don de la Mère. Ils attendirent tous en silence.
Au bout d’un moment, quand il sembla que Whinney n’était pas
encore tout à fait prête mais installée aussi confortablement que possible,
Ayla approcha du feu autour duquel les autres s’étaient regroupés. Ils lui
proposèrent une infusion et elle retourna la boire après avoir apporté de l’eau
à sa jument.
— Ayla, je ne me souviens pas de t’avoir entendue dire
comment tu as trouvé ces chevaux. Qu’est-ce qui fait qu’ils n’ont pas peur des
hommes ? demanda Dynoda.
Ayla sourit.
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