Les reliques sacrées d'Hitler
quâil y avait à être accompagné du capitaine. Même si les procès nâétaient pas prévus avant novembre, lâénorme complexe du palais était déjà sur le qui-vive, et personne ne pouvait y accéder sans autorisation de lâun des dix officiers supérieurs commandant les forces dâoccupation. Comme Hammond en avait prévenu Horn, on craignait la réaction des Allemands quand la nation verrait leurs anciens dirigeants mis en accusation. Si un quelconque mouvement de résistance nazie attendait son heure, câest à ce moment-là quâil se manifesterait.
En prévision dâéventuels troubles, une garnison entière était stationnée derrière les grilles dâentrée du palais, renforcées par des fils de fer barbelés, et des chiens renifleurs de bombes patrouillaient les alentours. Chose ironique, comme lâavait remarqué Horn, les salles dâaudience et la prison quâils gardaient avaient servi de salles dâaudience et de prison sous le régime nazi. Et probablement, les Alliés utilisaient des chiens dressés par les nazis. Les détenus de la prison et les gardiens avaient changé de bord â sans quâon puisse même en être certain, compte tenu des responsables des travaux.
Dâaprès ce que Horn avait lu dans les rapports du G-2, le spectacle à lâintérieur du bâtiment imposant promettait dâêtre un vrai cirque quand les procès commenceraient. Truman et Staline feraient peut-être une apparition, avec lâarmée de reporters qui les suivaient dans leurs déplacements. Mais la majorité de ceux qui avaient le plus de responsabilités dans ces procès nây assisteraient pas.
Hitler, Himmler, Goebbels et plusieurs centaines dâautres nazis avaient choisi de mettre fin à leur vie plutôt que dâêtre livrés en spectacle au public. Heureusement, les reporters auraient encore de quoi écrire. Il était certain que Göring serait présent au procès, tout comme lâarchitecte Albert Speer et lâancien chef adjoint du parti, Rudolf Hess. Horn et Rosenthal eux-mêmes avaient contribué à rassembler des preuves contre Julius Streicher et Ernst Kaltenbrunner et risquaient dâêtre appelés à la barre par lâaccusation pour témoigner à leurs procès.
La perspective dâune nouvelle visite à Nuremberg perturbait beaucoup moins Horn que celle de devoir interroger deux hommes employés maintenant par les Américains et qui pouvaient très bien avoir autant Åuvré à la mise en Åuvre du programme nazi que leurs plus célèbres collègues. Il leur manquait juste un uniforme ou une certaine notoriété.
Horn et Thompson furent introduits dans un vaste ensemble de bureaux dans lâaile est. Ici, comme dans le reste de la ville, les bombes alliées avaient fait leur Åuvre. Mais les équipes de rénovation du palais disposaient de davantage dâéléments à partir desquels travailler, seul le toit ayant été réellement endommagé. Il sâagissait plutôt dâune remise en état.
La pièce dans laquelle les deux officiers furent finalement reçus était déjà complètement équipée, avec des tapis luxueux au sol, du mobilier, des téléphones et des armoires à classeurs. Une grande table trônait au centre, couverte de plans et de schémas du complexe. Schmeissner et Fries attendaient à lâintérieur, juste derrière la porte.
Que les deux hommes soient ensemble, nota ultérieurement Horn, aurait pu être une coïncidence. Le lieutenant nâavait pas oublié lâarrivée providentielle du secrétaire de Liebel au bunker juste au moment où Thompson allait faire sauter lâentrée de la chambre forte. Comme le noterait Horn et comme les archives militaires détaillées de lâinterrogatoire qui allait suivre allaient le corroborer, il existait un réseau clandestin dâinformateurs travaillant à la fois pour les gouvernements civil et militaire. Horn était incapable de dire avec certitude de quel côté était véritablement chacun.
Schmeissner, quarante ans, était le plus grand des deux. Presque chauve, rasé de près, avec des lèvres minces, il avait
Weitere Kostenlose Bücher