Les reliques sacrées d'Hitler
lâallure sévère dâun gardien de prison. Fries, plus âgé de six ans, frêle, la chevelure clairsemée et légèrement voûté, ressemblait à un moine. Tous les deux ne semblaient pas avoir vu la lumière du jour depuis des mois.
Thompson fit les présentations. Il les pria de bien vouloir les excuser de les déranger, et dit quâil sâagissait de précisions concernant le bunker et pour lesquelles il espérait des éclaircissements de leur part.
Comme Horn le rapporterait plus tard dans ses notes inédites sur la rencontre, il hésitait à laisser Thompson prendre le premier la parole. Lâentretien était trop important pour être laissé à un lèche-bottes.
« Câest à propos des joyaux de la Couronne qui ont disparu, coupa Horn. Je veux savoir ce que vous en avez fait. »
Schmeissner, sâexprimant dans un anglais parfait, dit que le lieutenant devait faire allusion au bunker contenant des objets dâart. Il considérait cette construction comme un chef-dâÅuvre.
« Oui, répliqua Horn. Le bunker dâHimmler. Celui que vous et Julius Lincke avez construit et équipé. »
Sâadressant à Fries, Horn poursuivit lâinterrogatoire.
« Et celui que vous avez administré pour le compte des nazis. »
Les deux hommes regardèrent Thompson, comme sâils attendaient une explication.
Le capitaine fit remarquer que lâadministration américaine de Nuremberg nâavait pas techniquement établi que le bunker était une installation nazie. Il servait à entreposer les trésors artistiques de la ville.
Schmeissner et Fries comprirent aussitôt que le capitaine cherchait à apaiser le débat et à remettre le lieutenant à sa place.
Mais Horn nâentendait pas leur laisser le moindre répit.
« Le docteur Fries et vous-même étiez présents le jour où les envoyés dâHimmler ont pris cinq trésors de la collection des joyaux de la Couronne entreposés dans la chambre forte. »
Thompson intervint une nouvelle fois, soucieux de désamorcer la remarque de Horn avec une explication de son cru. Cet effronté de jeune lieutenant voulait savoir à quoi sâen tenir au sujet des rumeurs insinuant que le maire avait livré cinq éléments des joyaux de la Couronne aux SS avant que les forces alliées investissent la ville.
« Je mâen tiens à ce que jâai dit, interrompit Horn. Tous les deux, vous avez pris possession de quatre conteneurs en cuivre dans lesquels vous avez placé les joyaux de la Couronne. Vous les avez ensuite livrés aux hommes dâHimmler. »
Schmeissner nia avoir jamais touché aux objets dans la chambre forte. Liebel ne le lui aurait jamais permis.
« Le maire vous a demandé dâouvrir la chambre forte, vous avez pris les trésors et vous les avez donnés aux SS. »
Schmeissner, comme Horn le décrirait plus tard, avait une expression glaciale. Fries était tendu à présent. Ce nâétait plus le moine las, habitué à se pencher au-dessus dâun lutrin en bois. Câétait un enfant insupportable pris la main dans le pot de confiture.
« Ãtes-vous en train de nous accuser dâavoir volé des objets dans la chambre forte ? » rétorqua Schmeissner.
Thompson intervint une nouvelle fois, disant que personne nâavait encore proféré la moindre accusation. Le lieutenant voulait simplement savoir ce qui sâétait passé dans la chambre forte. Il avait des raisons de croire que cinq éléments de la collection des joyaux de la Couronne du Saint Empire avaient été placés dans des coffres en cuivre et sortis du bunker.
Mais Horn refusa quâon le fasse taire et que Thompson reformule ses questions.
« Je veux savoir qui a pris les joyaux de la Couronne et pourquoi vous et votre collègue, le docteur Fries, vous ne vous êtes pas présentés pour raconter ce que vous saviez lors de la première inspection de la chambre forte. »
Thompson, persuadé sans doute que Horn ne reculerait pas et que tout avait été dit, finit par laisser celui-ci prendre les choses en main. Dâaprès les souvenirs de Horn, lâéchange qui
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