Les reliques sacrées d'Hitler
sâensuivit ressemblait au contre-interrogatoire dâun procureur, sauf quâil nây avait pas de juge dans la pièce pour modérer le lieutenant.
« Dites-moi ce que vous savez, sinon vous devrez répondre devant un tribunal militaire », promit Horn.
Après un moment de silence gêné, Schmeissner adopta un ton un peu plus conciliant, recula et invita Horn ainsi que Thompson à sâasseoir à la table.
Il dit à Horn que le docteur Fries et lui nâavaient rien à cacher, et que personne, jusquâà maintenant, ne les avait interrogés sur leur participation à la construction et lâadministration du bunker. Ils désiraient par-dessus tout que les joyaux de la Couronne, ou tout ce qui avait pu être volé dans la chambre forte, soient restitués à leurs propriétaires légitimes.
Schmeissner continua alors dâun ton laconique, presque pensif. Apparemment, il nâaimait pas se remémorer les jours désagréables de la guerre et la façon dont les infrastructures de la ville â le travail de toute sa vie â avaient été détruites. Horn préféra ne rien dire. Nuremberg avait été effectivement réduite en cendres par les bombardiers alliés. Mais en réalité, il avait été détruit plus dâune décennie auparavant, quand le conseil municipal avait voté à lâunanimité la mise à la disposition dâHitler et de ses acolytes du champ de parade.
« Vous étiez dans le bunker le jour où les joyaux de la Couronne ont été enlevés ? » demanda Horn sur le ton de lâaffirmation.
Schmeissner le confirma. Fries et lui étaient là tous les deux. Ils admirent également quâils auraient dû venir en parler plus tôt. En vérité, selon Schmeissner, Fries et lui avaient honte de ce que Liebel avait été contraint de faire pendant sa mandature.
Fries, prenant la parole pour la première fois, en vint directement au fait. Il dit que Schmeissner et lui avaient été appelés au bunker juste avant la prise de la ville.
« Après que les portes de garage dissimulant lâentrée du tunnel eurent été réparées ? demanda Horn.
â Oui. Après la réparation, confirma Schmeissner.
â Ã quelle date ? »
Schmeissner et Fries se regardèrent.
« Fin mars ou début avril », dit Schmeissner.
Fries ne savait pas exactement non plus, pourtant il semblait faire un réel effort pour se souvenir de la date avec précision.
« Je sais que câétait avant le dimanche de Pâques. »
Fries dit à Horn que Liebel leur avait demandé, à lui et à Schmeissner, de venir au bunker très tôt le matin.
« Attendait-il à lâentrée du tunnel ou était-il déjà dans le bunker ? » demanda Horn.
Fries confirma quâils avaient retrouvé Liebel à lâentrée.
« Il était seul ? »
Schmeissner secoua la tête. Le maire était accompagné dâun officier SS et de deux soldats â un chauffeur et un garde armé. Leur voiture était garée devant le quai de chargement.
Fries acquiesça dâun signe de tête. Schmeissner poursuivit, expliquant quâil était inhabituel que le maire leur demande de venir à la chambre forte si tôt le matin.
« Lâépoque était inhabituelle, dit-il. Tout le monde savait que les Américains allaient bientôt arriver. Ils avaient déjà franchi le Rhin. Ni lâun ni lâautre ne savions ce qui nous attendait quand nous nous sommes retrouvés devant le bunker.
â Et que sâest-il passé ? »
Liebel leur avait fait ouvrir la chambre forte.
« Câest tout ?
â Non », reconnut Schmeissner, avant de laisser son collègue continuer.
Fries raconta que Liebel et lâofficier SS étaient entrés dans le bunker, portant les conteneurs. On leur avait demandé, à lui et à Schmeissner, dâouvrir la chambre forte. Le maire et lâofficier SS y étaient entrés. Quelques minutes plus tard, ils en étaient ressortis avec les caisses métalliques.
« Combien y en avait-il ? »
Fries ne voulant pas admettre tout de suite
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