Les reliques sacrées d'Hitler
la même litanie que lors de leur précédente réunion. Cela ne servait à rien de continuer à enquêter, car le passé nazi de la ville nâétait plus quâun champ jonché de ruines. Nuremberg nâétait plus quâune vaste morgue, et le seul cadavre qui importait était celui de Liebel, lui qui avait organisé le déménagement des joyaux de la Couronne avant lâoccupation alliée.
« Vous vous trompez, riposta Horn. Les deux conseillers municipaux, Schmeissner et Fries, ont été témoins du délit, le docteur Lutze et peut-être le secrétaire de Liebel, Dreykorn, nâétant que de simples comparses. »
Thompson refusait de reconnaître quâil sâagissait bien dâun délit, le déménagement des joyaux de la Couronne du bunker sâétant produit avant que lâarmée américaine ait remplacé le III e Reich. Thompson ne voulait pas admettre non plus que Horn ait progressé dans son enquête. Le docteur Eberhard Lutze ne pouvait pas être un témoin fiable de ces événements, car il avait fait partie du groupe qui avait pillé la basilique Sainte-Marie à Cracovie. Il avait intérêt à dire à Horn ce quâil voulait entendre, ajouta Thompson, pour éviter de devoir rendre des comptes devant les tribunaux pour crimes de guerre. Dreykorn pouvait parfaitement être en train de dédouaner Liebel, pour lequel il avait une vénération évidente. Et Troche cherchait lui aussi à protéger son poste de conservateur au Musée germanique et pouvait parfaitement avoir des motifs personnels pour accuser dâanciens collègues.
Horn dut reconnaître que le capitaine avait peut-être raison. Il était toutefois convaincu maintenant de pouvoir faire pression sur Schmeissner et Fries pour quâils lui révèlent ce quâils savaient. De toute façon, il nâallait pas quitter la ville avant de les avoir interrogés.
La réponse du capitaine fut brève et sans ambiguïté. Horn ne devait en aucun cas prendre contact avec Schmeissner et Fries. Le comité de révision des forces dâoccupation sâen était porté garant et ils avaient prouvé leur loyauté en aidant le comité de rénovation historique de Thompson. Ces hommes â des civils â ne pouvaient pas être tenus pour responsables dâéventuels services rendus à lâancienne administration nazie de la ville. Si Horn persistait, il devrait poser ses questions par écrit et le capitaine en discuterait avec le nouveau gouverneur militaire, le colonel Andrews, qui était attendu sous peu à Nuremberg.
Horn nâavait pas du tout lâintention de se laisser enfermer par Thompson dans des arcanes bureaucratiques. Le lieutenant était tout à fait disposé à faire remonter lâaffaire si un appel téléphonique de la part de Mason Hammond se révélait nécessaire, ou un télex dâEisenhower en personne. Sinon, il poursuivrait et les interrogerait sous la responsabilité du seul Hammond. Grâce à Troche, il savait déjà où les trouver. Dans leurs bureaux du palais de justice.
Devant lâinsistance de Horn à poursuivre son enquête, Thompson réagit en proférant, selon celui-là , une série de menaces pour quâil « la ferme ». En lâabsence de toute confirmation de la part de Thompson ou de tout autre document militaire, il est possible que le capitaine ne se soit pas énervé autant que le prétendait le lieutenant. Dâailleurs, Thompson était dans son rôle en punissant un officier subalterne pour insubordination.
Au cours de lâéchange animé qui suivit, Thompson prévint Horn quâil serait interdit dans un périmètre de cent mètres autour du palais, sauf avec des menottes. Et si le lieutenant ne respectait pas les ordres de son supérieur et enfreignait la limite, de toute façon, les deux conseillers municipaux ne parleraient à aucun gradé qui ne soit pas au moins colonel. Ils appelleraient Francfort et obtiendraient que le lieutenant soit dégradé avant la fin de la journée.
« Je suis ici pour faire mon boulot, répliqua Horn. Et jâai bien lâintention de le faire, que ça vous plaise ou
Weitere Kostenlose Bücher