Les reliques sacrées d'Hitler
sacré de la cosmologie païenne. Sur une table, le jeu dâéchecs en ivoire dâHimmler incrusté de runes noires et blanches reposait sur son échiquier en marbre poli.
Lâensemble formait un étrange kaléidoscope dâéléments historiques dont toutes les pièces auraient été redisposées.
Parmi les plus grands objets dâart, on remarquait un énorme diorama venant probablement du musée du château. Il représentait les débuts de la période romaine, avec la reproduction dâune ferme pittoresque complète avec son toit de chaume et des personnages de maison de poupée représentant des hommes, femmes et enfants aryens vêtus dâhabits paysans. De lâautre côté de la maison et des figurines, se trouvait un minuscule fourneau pour fondre du minerai de fer. Des chevaux miniatures et des moutons paissaient dans des champs peints en vert. Câétait lâimage du paradis perdu, un rêve de simplicité et dâabondance germanique.
Près du diorama, des panneaux provenant probablement dâun triptyque de la salle à manger du château ou du grand hall reposaient contre le mur. Lâun dâeux représentait des troupes SS au cÅur de la bataille et un officier mort ou mortellement blessé. Un autre panneau montrait des SS labourant la terre chèrement gagnée. Le dernier panneau manquait, mais il devait probablement exalter le nouveau village résultant du sacrifice, habité par des familles aryennes heureuses et prospères avec leurs jeunes enfants.
Horn sâattarda devant des albums de photos. Lâun célébrait le millième anniversaire de la mort du roi Henri I er , en présence dâHimmler. On voyait le Reichsführer-SS déposant une couronne sur la tombe du roi. Sur une autre photo, Himmler, debout sur une estrade, lisait probablement le panégyrique du roi.
Dâautres photos montraient des officiers SS assistant à des cérémonies de mariage. Sur lâune dâelles, un charmant jeune couple aryen se tenait devant la cheminée du château encadrée de bougies allumées et recouverte dâun drapeau nazi brodé de runes.
La majeure partie des documents que Horn examina était constituée de communiqués de presse, dâarticles et de dossiers en rapport avec le corps dâérudits et dâarchéologues dâHimmler. Resté sceptique devant les histoires fantastiques rapportées par Troche, il était à présent sidéré par les incroyables campagnes de recherche dâHimmler.
Le Reichsführer-SS avait dépêché un groupe au Moyen-Orient pour chercher des preuves sur une ascendance aryenne de Jésus. Une autre expédition sâétait rendue en Turquie, en Cappadoce, probablement à la recherche de la tombe de saint Longin, et une troisième en Espagne, à la recherche du Saint-Graal. LâAhnenerbe avait des universitaires en Finlande en train dâétudier Miron-Aku, un célèbre médium réputé pour communiquer avec les esprits des ancêtres nordiques de lâAllemagne. Une quatrième expédition avait traversé le Tibet pour enquêter sur la théorie selon laquelle les premiers Aryens avaient conquis une grande partie de lâAsie. Une autre expédition était également partie pour lâAntarctique.
Lâexpédition la plus ambitieuse, celle du Tibet, avait été conduite par des scientifiques qui mesuraient les populations indigènes et prenaient un masque de leur visage, persuadés quâils pourraient en déduire des caractéristiques raciales aryennes et parviendraient à déterminer les capacités morales et intellectuelles au moyen de la phrénologie. Ce programme faisait certainement partie des mêmes recherches que celles qui avaient conduit à la collection de crânes juifs en France.
Moins extraordinaires que celles-ci, étaient les expéditions qui avaient justifié la création du bunker dâHimmler à Nuremberg : un corps expéditionnaire avait été envoyé en Pologne pour revendiquer le retable de Veit Stoss, et un autre en Autriche pour prendre la Sainte Lance et les joyaux de la Couronne. Une photographie nazie montrait le retable de Cracovie en train dâêtre démonté pour
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