Les reliques sacrées d'Hitler
étaient dépensés, mais aussi où les fonds avaient été volés.
Comme un vautour autour de sa proie, le Bureau II pillait les banques et les trésors des nations occupées, pratiquait lâextorsion de fonds auprès des Juifs et de tous ceux qui voulaient obtenir des permis pour quitter lâAllemagne, confisquait les propriétés quâils abandonnaient derrière eux et dépouillaient les prisonniers des camps de larges sommes en or ou en argent liquide ainsi que de tous leurs objets de valeur. Sous lâadministration de Spacil, des centaines de milliers dâalliances et de plombages en or avaient été fondus en lingots. Des diamants, des objets dâart, des antiquités et dâautres objets précieux avaient été vendus, mis en gage ou échangés hors dâAllemagne contre des devises étrangères.
Et ce nâétait pas tout, dâaprès ce que le CIC venait de découvrir. Soucieux de dissimuler la source de ses pillages, le Bureau II avait établi de faux comptes dont le seul but était dâeffacer toute trace de meurtre, dâextorsion et de vol. Comme un alchimiste, il transformait les biens des prisonniers des camps de la mort en lingots dâor et en argent liquide qui étaient déposés dans la banque centrale du Reich, puis, dâun coup de plume du banquier, ces sommes se retrouvaient transférées sur de faux comptes avant dâêtre reversées ensuite sur dâautres comptes bancaires allemands ou des comptes privés numérotés à Genève.
àla lecture des dossiers concernant Spacil, Horn et Rosenthal nâallaient pas tarder à comprendre que les magiciens du Bureau II créaient aussi de lâargent à partir de rien : câétaient de parfaits faux-monnayeurs. Des millions de livres anglaises en billets avaient été produits dans un endroit secret du camp de concentration de Sachsenhausen à Berlin et transférés discrètement à lâétranger pour acheter des munitions et financer des espions ainsi que des opérations de sabotage.
Le service de renseignements du CIC nâavait pas failli à sa réputation. Les transcriptions dâenregistrements de conversations, dâinterviews, les notes et les rapports sur Spacil étaient certainement aussi complets que ceux des nazis eux-mêmes, et beaucoup plus exhaustifs que ceux du G-2. Le CIC ne disposait certainement pas dâautant dâhommes travaillant sur ce dossier que ses homologues du G-2, mais il avait les meilleurs. Et les meilleurs des meilleurs étaient affectés à des opérations très spéciales, comme lâéquipe opérant sous couvert dirigée par Gutierrez, dont le but était de mettre au jour les plans secrets des nazis pour créer un mouvement de résistance dans lâAllemagne occupée, et de retrouver la trace de lâor et autres valeurs amassées et blanchies destinées à le financer.
Gutierrez et son équipe ne se contentaient pas dâinterroger des prisonniers nazis et de suivre la trace des documents laissés par les Allemands, ils montaient également de fausses entreprises et des salles de coffre contrôlées par le CIC pour inciter dâanciens nazis à sortir de la clandestinité. Horn lut un dossier qui détaillait le fonctionnement dâune société de courtage et de change opérant au marché noir, dont le CIC se servait pour inciter des criminels suspects à y déposer argent et autres produits de leur pillage. Un autre évoquait un salon spécialisé dans lâeffacement des tatouages et principalement des mentions obligatoires de groupe sanguin que tous les soldats SS portaient, tatouées sous le bras gauche, généralement près de lâaisselle. Les soldats SS fuyant leur passé nazi venaient en confiance dans ces cliniques clandestines pour faire effacer leurs tatouages et se retrouvaient jetés dans un camp de prisonniers.
Les dossiers mis de côté pour Rosenthal et Horn portaient surtout sur les activités de Spacil dans les derniers jours du Reich, quand les personnels du RSHA bourraient sous-marins, avions, camions et voitures, dâor, de bijoux, dâargent liquide et dâobjets dâart, avant de fuir les décombres du Reich. La plupart sâétaient
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