Les reliques sacrées d'Hitler
au milieu pour que le dessin au sol soit visible par tous ceux qui étaient assis autour. Il devait également y avoir douze fauteuils, un pour chacun de ses plus anciens officiers SS. Derrière chaque siège, les murs seraient ornés dâarmoiries spécialement dessinées et réalisées par des artisans du château pour certains officiers. Des armoiries identiques figureraient sur chaque fauteuil en peau de porc repoussée, avec, en dessous, sur le dosseret encadré de bois, une plaque en argent au nom de chaque officier. Quelques-uns des fauteuils avaient été retrouvés cachés dans une grange voisine, mais, dâaprès Markham, Himmler nâavait pas pris livraison de la table ni des armoiries.
àlâentendre, et à en juger sur pièces, il était clair que le Reichsführer-SS sâétait inspiré du roi Arthur et de sa table ronde. Le docteur Otto Rahn â le médiéviste de lâAhnenerbe qui avait tellement impressionné Troche à Berlin â lâaurait certainement dit, câétait le futur Camelot dâHimmler.
Markham, comme Troche avant lui, avait fourni à Horn un autre exemple de la façon dont Himmler sâétait inspiré des légendes du passé pour construire son rêve de nouveau Reich. Mais, se hâta de préciser le commandant, Himmler nâavait pas forcément fait construire cette pièce pour y conduire ses affaires de palais. Une telle précision dans la construction de la tour était inutile pour ça. Pas plus que la pièce nâétait faite pour y prendre des repas. Les cuisines du château étaient trop éloignées. Sous cette pièce, ce que des prisonniers du camp appelaient la « crypte nazie » ne laissait pas grand doute sur sa finalité.
Horn suivit Markham en bas des marches de pierre dans une deuxième pièce ronde, avec le même plafond voûté, mais plus sombre et plus sinistre que la précédente. Les seules fenêtres se trouvaient près du plafond, laissant à peine passer la lumière.
Cette pièce aussi était vide de tout mobilier. àla place des colonnes qui entouraient la première pièce, douze piédestaux en granit se dressaient autour dâun vaste bassin circulaire en pierre, une sorte de puits peu profond creusé au milieu du sol. Au centre du plafond voûté, juste sous le soleil noir incrusté dans le sol de la pièce au-dessus, on voyait un autre dessin de roue, avec une croix au centre.
Rénover cette pièce, dit Markham, avait certainement demandé un énorme travail. Dans les temps anciens, câétait la citerne du château. Himmler lâavait fait creuser davantage, mais les travailleurs forcés qui avaient pioché dans la roche sur laquelle reposait la tour en ignoraient la raison.
Certains des ouvriers survivants avaient dit à Markham que les piédestaux devaient constituer la base de grandes urnes en pierre destinées à contenir les cendres dâofficiers SS qui sâétaient distingués en servant leur pays. La cuvette au milieu du sol devait être remplie dâessence pour alimenter une flamme perpétuelle, comme dans le temple de Vesta situé dans le forum romain il y a deux mille six cents ans.
Selon la théorie de Markham, une certaine forme de cérémonie dâordination devait se tenir dans cette pièce, destinée à relier les soldats de lâactuel Reich à leurs ancêtres.
Horn, connaissant les deux objets quâHimmler était supposé avoir gardés sur son bureau, était de lâavis du commandant. Mais ce qui lui vint alors à lâesprit le glaça jusquâaux os.
Dâanciennes légendes évoquaient des chevaliers croisés du Saint Empire qui étaient trempés ou « baptisés » dans le sang de camarades héroïques tombés au combat. Après sâêtre prêtés à une telle cérémonie, ils se croyaient invincibles. Dans la crypte du culte nazi avec sa flamme éternelle et les anneaux à tête de mort transmis dâun chevalier à lâautre, les soldats tombés vivaient pour lâéternité à travers leurs successeurs. Câétait la promesse contenue dans les runes sur la roue solaire au plafond et sur celle incrustée dans le sol
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