Les reliques sacrées d'Hitler
dâautomne en Allemagne, sâinquiétant dâune éventuelle famine lâhiver venu.
Câétait un sujet de préoccupation pour tous les Allemands et surtout pour les fermiers qui nâavaient pas dâessence pour leurs machines agricoles. Il nây avait même pas de chevaux disponibles, car les Allemands les avaient transportés sur le front de lâEst, et les Soviétiques les avaient gardés. Lâallusion de Horn visait à déstabiliser le conseiller municipal. Si Fries était arrêté et se retrouvait prisonnier dans un camp quand la neige se mettrait à tomber, il ne pourrait pas sâoccuper de sa famille.
Camp King était un décor parfait pour le deuxième acte. Ãtablissement de haute sécurité entouré de deux rangées de barbelés, il avait gardé lâapparence et lâatmosphère dâun centre dâinterrogatoires nazi. Et comme le malheureux conseiller municipal nâallait pas tarder à sâen apercevoir, il se retrouverait en compagnie de personnages illustres, bien que de sinistre mémoire. Parmi les prisonniers se trouvaient lâamiral Dönitz, le successeur désigné dâHitler ; Hans Frank, lâancien ministre du Reich et gouverneur général de la Pologne occupée ; Albert Kesselring, le commandant suprême de lâoffensive nazie en France et en Europe occidentale ; et le maréchal de lâair Göring. Ainsi que des prisonnières, notamment la pilote dâessai Hanna Reitsch, dernière aviatrice connue à sâêtre rendue au bunker dâHitler avant de fuir Berlin. Et, grâce à Rosenthal, lâOberführer Josef Spacil nâallait pas tarder à les rejoindre.
Passé les grandes portes, Fries fut emmené dans le centre des prisonniers, un grand bâtiment en béton avec des portes blindées et des fenêtres à barreaux. Là , Horn remit le conseiller municipal à des gardes prévenus à lâavance quâils devaient le traiter comme un officiel nazi passible de crimes de guerre.
Pour la première fois de sa vie, Fries dut se soumettre à la procédure compliquée consistant à être enregistré, à donner ses empreintes, à être photographié et dépouillé de toutes ses affaires personnelles. Des gardes lui prirent sa montre, son stylo, ses crayons et son portefeuille. Ils lui explorèrent la bouche à la recherche dâune éventuelle capsule cachée pour se suicider. Puis ils le conduisirent jusquâà une cellule lugubre et solitaire, équipée dâun lit de camp étroit et de barreaux aux fenêtres.
Horn avait pris la précaution de mettre Fries sous surveillance permanente pour éviter quâil ne se suicide. On ne pouvait pas prévoir comment le bureaucrate instable et terrorisé réagirait à son nouvel environnement. Horn ne voulait pas avoir un mort sur les bras et il savait parfaitement, après le suicide raté de Kaltenbrunner, comment une petite négligence comme des lacets oubliés sur une paire de chaussures pouvait ruiner les efforts mis en Åuvre pour faire comparaître un prisonnier au tribunal.
Pendant que Horn était avec Fries, un officier du CIC amenait Josef Spacil en voiture depuis un camp de prisonniers situé à Laufen, à la frontière autrichienne. Organiser le transfert dans un si bref délai nâavait finalement pas été la course dâobstacles à laquelle il sâattendait. La présence de Spacil à Camp King était prévue à des fins dâidentification et non dâinterrogatoire, et tant que le responsable de Spacil, Robert Gutierrez, lâaccompagnait, cela devenait une simple question de logistique â un service rendu par le CIC au G-2, négocié par lâingénieux Rosenthal.
Le plan prévoyait de mettre Fries et Spacil en présence le lendemain matin, samedi 4 août. Horn imaginait déjà le moment culminant de la rencontre, quand il désignerait Spacil, accompagné par Gutierrez, et demanderait en allemand à Fries : « Est-ce lâhomme auquel vous avez remis les joyaux de la Couronne ? »
Si Fries se trouvait dans lâincapacité dâidentifier Spacil, ils répéteraient lâopération avec Schmeissner. Horn
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