Les reliques sacrées d'Hitler
nâavait pas encore décidé jusquâoù il irait, mais, en dernier recours, il les interrogerait séparément, leur faisant croire quâils seraient tenus pour responsables des crimes de lâancien maire, puisquâil était mort et ne pouvait plus être poursuivi. De toute façon, câétait une manÅuvre risquée. Horn pouvait avoir de la chance, mais il pouvait aussi se retrouver à son point de départ.
Le lendemain matin, juste après le lever du soleil, Fries reçut un maigre petit déjeuner auquel il toucha à peine, puis fut amené dans la pièce réservée aux interrogatoires et questionné par un capitaine du G-2 à propos des projets dâHimmler visant à créer un mouvement de résistance en Bavière. Son enquêteur devait persuader Fries que les renseignements savaient quâil était un agent secret chargé de travailler à se débarrasser de lâoccupation alliée et de mettre en Åuvre le retour des nazis. Lâofficier ne fit aucune référence au bunker ni à la chambre forte. Câétait lâaffaire de Horn qui surgit trente minutes plus tard, après que Fries eut été abandonné à son sort pendant dix minutes, histoire de réfléchir à ce qui venait dâêtre dit.
Horn entra dans la pièce avec un stylo et du papier. Fries était encore plus pâle que la veille et paraissait épuisé après sa nuit solitaire dans la cellule. Après avoir renvoyé le capitaine, Horn dit à Fries quâon lui avait demandé dâaider le conseiller municipal à préparer une déposition officielle en vue des prochains procès à Nuremberg.
« Les joyaux de la Couronne se trouvent au milieu dâun ensemble plus vaste dâobjets de valeur et de lingots dâor que le Reichsführer-SS Himmler a ordonné de cacher, et les services de renseignements américains sont en train de les récupérer », expliqua Horn.
Le lieutenant continua à lui brosser les grandes lignes dâun scénario : des lingots dâor pour financer lâinsurrection néonazie, et les joyaux de la Couronne comme symboles du IV e Reich.
Après lui avoir laissé le temps de digérer ses propos, Horn ouvrit une porte dans laquelle il espérait que Fries allait sâengouffrer. Il concéda que le déménagement des joyaux du bunker ne faisait pas nécessairement de Fries un criminel puisque, à ce moment-là , il était sous juridiction nazie et obéissait aux ordres du maire.
« Vous faisiez ce quâon vous disait de faire et vous ignoriez tout dâune conspiration visant à financer un mouvement néonazi en Autriche, commença-t-il. Si, toutefois, vous aviez gardé pour vous des informations concernant la localisation des insignes de la couronne, vous seriez coupable de conspiration avec un mouvement subversif. Un tel acte est passible de mort par pendaison. Tout ce qui vous est demandé maintenant, câest de signer une déclaration sous serment confirmant vos propos antérieurs sur les joyaux disparus. »
Fries blêmit. Il comprenait en tout cas parfaitement ce quâon attendait de lui et ce qui pourrait arriver sâil mentait sous serment. Horn posa une feuille de papier devant lui et dicta, en anglais, ce que le conseiller municipal devait écrire : « Moi, Johann Wilhelm Konrad Fries, conseiller municipal de Nuremberg, jure par la présenteâ¦Â »
Tandis que Fries écrivait, Horn remarqua lâétrange drame graphologique qui se déroulait devant lui. Le stylo du conseiller municipal ralentit au mot jure . Sa main trembla légèrement en commençant à écrire par Dieu tout-puissant . Déjà tremblant au mot Dieu , Fries éprouva un mal fou à orthographier tout-puissant . Son stylo esquissa péniblement le t , ajouta la barre comme à regret, puis se laissa retomber de lâautre côté, épuisé. Après le o , le u sâavéra pire encore. Il sâarrêta au milieu.
Lâhésitation du conseiller municipal nâavait rien à voir avec le fait dâécrire en anglais. Horn sut à cet instant que son instinct ne lâavait pas trompé. Le conseiller municipal cachait quelque chose.
Le lieutenant attendit
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