Les reliques sacrées d'Hitler
quelques instants puis pressa Fries de continuer à écrire.
« Je nâai pas toute la journée. »
Fries écarta son stylo et leva les yeux. Il était en nage.
« Si vous retrouviez les joyaux de la Couronne, quâen feriez-vous ? » dit-il dâune voix rauque.
Le plus calmement possible, Horn lâassura que, naturellement, ils seraient restitués à leur propriétaire légal, la ville de Nuremberg ou bien Vienne. La décision reviendrait aux gouvernements alliés et aux tribunaux allemands.
« Dans ce cas, dit-il, je sais où ils sont et je vais vous y emmener. »
Horn regarda sa montre. Dans trente secondes, Spacil serait amené dans la pièce pour amorcer un piège qui nâétait plus nécessaire et qui risquerait, en fait, de donner à Fries de quoi sâinquiéter ou, pire encore, le faire changer dâavis.
Horn décrocha le téléphone et dit à Gutierrez qui se trouvait dans la pièce voisine que son intervention nâétait plus nécessaire. Puis il se tourna vers Fries et demanda : « Où sont les joyaux ? »
Â
Les hommes dâHimmler nâétaient jamais venus chercher les trésors. Câétait lâhistoire que Liebel avait demandé à Fries et à Schmeissner de raconter aux Alliés. Sur ordre de Liebel, Julius Lincke avait emballé les joyaux de la Couronne dans les conteneurs en cuivre. Fries et Schmeissner les avaient alors placés dans de simples sacs de marin et les avaient emportés sur leurs bicyclettes jusquâà un second bunker. Ils étaient cachés sous une école élémentaire donnant sur la place Pannier à Nuremberg.
22
Les joyaux
de la Couronne
5-6 août 1945
L a traque de Horn pour retrouver les trésors disparus était presque terminée. Son enquête, en revanche, était loin dâêtre bouclée. Le moindre détail avait son importance.
Konrad Fries prétendait que, avec ses collègues conseillers municipaux, ils avaient sorti les joyaux de la Couronne du bunker sur ordre de Liebel, le 31 mars, pour les protéger de lâarmée américaine et de lâoccupation qui allait inévitablement suivre. Il avait agi, disait-il, « au nom du maire, de la ville de Nuremberg et de lâAllemagne ».
Lâexplication du conseiller pouvait très bien être vraie. Fries avait fait ce quâil estimait être son devoir de patriote, même si le camp quâil avait choisi pouvait être contestable. Horn devait faire cadrer le récit de Fries avec la conspiration infiniment plus vaste et plus complexe qui sâétait fait jour le lendemain, le 1 er avril, à Berlin, quand des plans avaient été mis en Åuvre visant à financer et à mobiliser une résistance secrète destinée à créer un nouvel ordre du Reich dans lâAllemagne occupée. En dépit des mensonges, des exagérations et de la désinformation pratiqués par Josef Spacil auprès de ses interlocuteurs du CIC, il était évident que les joyaux de la Couronne avaient été mis à lâabri pour servir à un ordre nazi rénové, que lâétat-major du RSHA savait quâils avaient été enfermés dans des conteneurs métalliques et quâils avaient été récemment déplacés.
Horn en tirait plusieurs conclusions. La sécurité des trésors préoccupait indubitablement les chefs dâétat-major du RSHA, et Kaltenbrunner ou Himmler avaient pris des dispositions pour les mettre à lâabri. Himmler ou Kaltenbrunner, et peut-être Müller et Spacil lui-même, devaient donc être en contact direct avec Liebel et ses conseillers municipaux de Nuremberg. La question qui troublait Horn était de savoir pourquoi on avait fait croire à lâétat-major du RSHA que le trésor avait été immergé dans le lac Zell et non caché ailleurs dans Nuremberg.
La théorie de Troche était la plus logique. Himmler nâavait pas voulu confier la protection du trésor à ses propres officiers â des hommes qui, sâils ne se suicidaient pas, finiraient par être arrêtés ou poursuivis comme criminels de guerre. Il lâavait confiée à des agents secrets, peut-être une secte
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