Les reliques sacrées d'Hitler
à dos facile à tendre aux gardes, diminuant ainsi le risque quâils fouillent la cantine et trouvent le reste dont il aurait certainement besoin pour son voyage de retour.
Ils quittèrent lâautoroute juste après le coucher du soleil, une fois la circulation militaire ralentie et les piétons devenus rares. Grâce au couvre-feu en vigueur, les citoyens allemands nâétaient pas autorisés à sortir de chez eux après 18 heures. Il nây aurait pas de queue au poste de contrôle et, si tout se passait bien, ils retraverseraient la frontière bien après minuit, quand ils auraient encore moins de risques dâêtre arrêtés.
Pendant les premiers kilomètres, ils se dirigèrent vers lâest sur un chemin de terre entre des pâturages et des fermes isolées. Il nây avait aucune trace de half-tracks abandonnés, de transports de troupes ou dâautres vestiges de la guerre. Sâil y avait eu des combats à cet endroit, les Soviétiques avaient déjà dégagé les carcasses pour les mettre à la ferraille, à moins que les villageois ne les aient en partie cannibalisées pour servir dâéquipement agricole.
Au bout dâun moment, le terrain devint plus rocailleux et les pâturages cédèrent la place à des vignobles en terrasse. Le poste frontière soviétique était juste en face, entre un bouquet dâarbres dâun côté et un vieux mur de pierre de lâautre. Comme Horn le prévoyait, le point de transit se limitait à une simple barrière de fortune en bois en travers de la route avec deux gardes munis de lanternes. Ils devaient loger dans une tente minable plantée dans le bouquet dâarbres voisin.
Dollar sâarrêta au barrage et laissa le moteur tourner au ralenti. Surpris par lâapparition de ces deux soldats américains en uniforme sur une route normalement déserte, un des gardes, reconnaissable à son étoile rouge sur sa casquette, leva son fusil à mi-hauteur. Câétait moins un geste agressif quâun signe pour empêcher Horn et son chauffeur dâavancer. Son acolyte émergea de la tente, sâapprocha de la jeep et leur brandit la lanterne sous le nez.
Horn connaissait un ou deux mots de russe, mais il nâen eut pas besoin. Un sourire, un petit signe de tête, une démonstration dâaffection quelque peu exagérée dâun soldat allié à un autre, cela suffisait pour manifester ses intentions amicales. Non, ils nâétaient pas perdus ni en mission officielle, leur fit-il comprendre par gestes.
Ensuite, avant que le garde puisse lui demander ses papiers, Horn sâexprima en anglais, dans son meilleur « parler yankee » de Camp Ritchie, comme disait Rosenthal quand Horn sâefforçait de gommer son accent allemand. « Juste une virée pour sâamuser », dit-il.
Horn regarda alors le sac à dos à ses pieds et, très lentement, pour quâon ne pense pas quâil cherchait une arme, il le tendit au garde.
« Pour mes camarades russes », dit-il avec une solennité de circonstance.
Le garde le prit sans commentaire, regarda à lâintérieur, puis dit quelque chose à son collègue. Les deux gardes examinèrent le butin, et, sans plus réfléchir, dégagèrent la barrière et leur firent signe de passer.
Dollar avança lentement et ils reprirent leur route, traversant bientôt Iéna, une ville médiévale bombardée avec des rues étroites à une seule voie. Sans les drapeaux de lâarmée rouge flottant à la tour de lâhorloge, ils auraient pu se croire nâimporte où en Allemagne occupée. Une troupe de soldats des deux sexes traînait devant ce qui restait dâune vieille auberge. Ils ne prêtèrent pas la moindre attention à la voiture quand Dollar passa devant eux, manÅuvrant entre des maisons à pans de bois éclairées et une étable.
Onze années sâétaient écoulées depuis que Horn avait vu sa demi-sÅur à lâenterrement de leur père à Heidelberg et cela faisait encore plus longtemps quâil était allé chez elle dans les faubourgs dâIéna. Lâaînée de la famille, Friedl, était la première des enfants de
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